Ma génération a encore en elle quelque chose de De Gaulle

Manon Samaille est diplômée de Sciences Po Paris et Auditrice du Parcours K2.

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Hier à Lille. Non loin de la "Grand Place" et de la Maison "Méert" où le Général allait copieusement chercher ses gaufres préférées, des rues bien vides.

Le Nord s’apprêtait à se remémorer les 50 ans de la disparition de son emblématique figure politique et historique.

La maison natale du "petit Charles", au 9 rue princesse, était de nouveau prête à la visite.

Si les commémorations s’avèrent quelque peu perturbées cette année, il reste que ma génération a encore en elle quelque chose de De Gaulle. 

Âgée de 12 ans en 2007, j'ai grandi et étudié dans la crise économique, sociale, environnementale. Or, le Général de Gaulle pour des personnes de ma génération incarne l'Homme dans l'adversité. Son rôle dans l'Histoire a d'abord valeur d'exemple. Bien que loin d'être parfait, comme tout être humain, il était dans l'adéquation entre ce qu'il disait et ce qu'il faisait.

Plus qu'un exemple à suivre ou un comportement à adopter face à l'adversité, car aucun de nous ne peut affirmer connaître ses réactions dans les circonstances les plus sombres tant qu'il ne les a pas vécues, le Général de Gaulle nous rappelle l'importance de conserver une lumière d'espoir lorsque l'obscurité semble avoir tout envahi.

Qu'on l'admire ou que l'on se garde d'être fasciné par lui, là n'est pas la question.

La figure du Général de Gaulle reste associée à des valeurs telles que la liberté, le courage, l'énergie, l'espoir. Il n'est donc pas étonnant qu'elle réapparaisse dans les esprits, les paroles et les écrits lorsque les circonstances sont graves, voire désespérées car l'on est alors amené à se tourner vers ce qu'il peut rester d'universel.

Difficile d’imaginer, depuis la maison de ses grands parents où il naquit en 1890, le destin qui l’attendait.

Car, avant le Général, il y eût d’abord Charles.

Originaire du Nord et amoureux de sa ville natale, il y revenait à chaque vacances, en famille. C’est là que le "Ptit Lillois de Paris" a trouvé ses racines et s’est forgé "une éthique, un mode d’éducation, une manière de voir", une certaine pudeur ou apparente froideur, l’idée de ne pas déranger.

Puis, le troisième enfant de Gaulle a intégré Saint-Cyr, en 1909. À sa sortie en 1912 (promotion "Fès"), on lui délivre l’appréciation suivante : "a été continuellement en progrès depuis son entrée à l’École. A beaucoup de moyens, de l’énergie, du zèle, de l’enthousiasme, du commandement et de la décision ; ne peut manquer de faire un excellent officier".

L’Histoire lui donnera raison.  

Blessé en 1916, puis fait prisonnier à 26 ans par les Allemands pendant la 1ère Guerre mondiale à Douaumont où il ne cessera de tenter de s’évader avant d’être libéré par l’Armistice, le Capitaine résistait déjà.

Fin stratège et théoricien militaire, il écrit, durant l’entre-deux guerres "Le Fil de l’épée" (1932) et "Vers l’armée de métier" (1934), développant sa vision de l’évolution des combats et de La France et son armée (1938).

Colonel au début de la Seconde guerre mondiale, il se voit nommer Général, en 1940, à titre temporaire, puis Sous-secrétaire d’État à la Guerre et à la Défense nationale par le Président du Conseil Paul Reynaud.

Déserteur pour certains, résistant pour d’autres, il part en Angleterre, apprenant la demande de l’Armistice et lance son Appel historique, sur les ondes de la BBC, appelant françaises et français à la Résistance. Il crée un mouvement de liberté sous l’occupation : la "France libre".

Libérateur de Paris en 1944 et créateur-gouverneur du Comité français de libération nationale devenu Gouvernement provisoire de la République française ; démissionnaire en 1946 ; fondateur du RPF en 1947 et candidat déchu en 1953 ; rappelé au pouvoir en 1958 et Président-fondateur de la Vème République… quelques dates clefs qui suffisent modestement à illustrer son énergie, zèle, enthousiasme, l’inspiration du commandement et de la décision.

À la guerre, comme au pouvoir, il y en a pour tous les goûts ! 

"Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi".

"Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l'appui et le concours de la France tout entière : c'est-à-dire de la France qui se bat. C'est-à-dire de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle".

"Les Français sont des veaux".

"Je vous ai compris !" 

"Le gouvernement n'a pas à faire des propositions. Il a des ordres à donner".

"Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromage ?"

"Croit-on qu'à 67 ans, je vais commencer une carrière de dictateur ?"

Nous avons tous en mémoire les paroles historiques du Général de Gaulle mais aussi bien plus que cela.

Finalement, Charles de Gaulle, c’était un peu tout ça. Et, certainement beaucoup plus que ça.

Manon Samaille