Les armes de la démocratie nous sauveront-elles du chaos ?

23/09/2021 - 3 min. de lecture

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Geneviève Salsat est Présidente de Public Conseil, Présidente de la Commission Institutionnelle du Groupement du Patronat Francophone, Co-fondatrice de Naturaé France et Elue à la Celle-Saint-Cloud (78).

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Le monde change.

Tous les médias, réseaux sociaux, ou autres, ne cessent de nous le rabâcher, jusqu’aux politiques qui nous parlent de l’ancien monde et du nouveau monde.

Mais ce nouveau monde dont on nous parle est-il si différent ?

Certes, l’individu a remplacé le collectif, laissant l’illusion qu’en partant de rien nous pouvons arriver vite et loin, mais cette vision à court terme n’est pas sans conséquences.

Les structures de notre pays ont changé, à commencer par les partis politiques qui se sont affaiblis au point de ne plus tenir leurs troupes, chacun pouvant désormais tenter sa chance, qui paraît d’autant plus grande que vous n’avez pas un parti pour vous phagocyter.

L’autorité de l’État n’a cessé de s’affaiblir et il n’est pas si sûr que la suppression de l’ENA ou la réforme du statut des Préfets y fasse grand-chose.

Le tracé de nos frontières n’est plus menacé depuis plus de soixante-dix ans, certes,  mais la guerre qui s’est invitée dans nos quartiers et dans nos rues n’a que faire de ce nouveau monde qui ne lui paraît pas plus apte à la combattre. La République s’est effacée au point que nul représentant de son autorité ne peut y pénétrer.

Les valeurs fondatrices de notre société telles que la laïcité sont malmenées, notre histoire est vilipendée au point de vouloir en faire disparaître quelques représentations au mépris de l’art et de la beauté d’un tableau ou d’une statue, dont il est illusoire de penser que leur mise à terre la réécrirait.

Ancien monde ou nouveau monde, une chose est sûre, la paix à laquelle tous les peuples aspirent est chose fragile, et il est des signes qu’il ne faut pas sous -estimer.

Le massacre des Chrétiens d’Orient dans la quasi-indifférence générale en a été un, dont nous n’avons pas mesuré à sa juste valeur l’importance. 

La prise de Kaboul et le retour des Talibans en Afghanistan en est un autre, plus alarmant parce que sur notre continent.

Cette menace est une menace terroriste, idéologique, qui s’attaque aux fondements même de nos démocraties : la République, la laïcité, la place de la femme dans la société, notre histoire et notre culture.

L’Afghanistan ne nous renvoie pas à des images d’égalité et de fraternité, et on se demande bien comment certains peuvent encore aujourd’hui s’interroger sur les éventuelles bonnes intentions des Talibans…

Nous ne pouvons que trembler pour les femmes qui n’ont pas pu fuir à temps, nous ne pouvons qu’être stupéfaits devant les images de ces gens désespérés qui s’accrochent aux ailes des avions pour fuir à tout prix.

Comme le dit Guillaume Larrivé dans son excellente tribune dans l’Opinion : "le sang coule à Kaboul et l’Occident n’a pas fini de sécher ses larmes".

Nos démocraties européennes ne peuvent compter que sur elles-mêmes, les États-Unis ayant renoncés depuis Donald Trump à jouer les gendarmes du monde et le retrait des troupes de Joe Biden confirme bien qu’il nous faudra dorénavant gérer seuls les conflits à nos portes.

Nous devrons pour cela trouver une réponse juste et équilibrée entre notre tradition de terre d’accueil, héritée du siècle des Lumières, et la réalité économique, sociétale, culturelle, religieuse qui est celle de la France d’aujourd’hui. 

Le défi est majeur, la réponse ne peut être que celle d’un État de droit.

Alors, oui, la démocratie peut sauver du chaos, pour autant qu’elle regarde la réalité telle qu’elle est et qu’elle applique ses lois avec justice et fermeté. 

Le flux migratoire auquel nous allons devoir faire face ne saurait se faire sans humanité face à la détresse de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants qui ont tout quitté pour fuir la barbarie.

Mais il ne pourra se faire au-delà de nos capacités, et sans une grande vigilance face aux risques d’infiltrations terroristes.

Le droit d’asile doit être une fierté nationale pour autant qu’il ne soit pas dévoyé.

Le droit de renvoyer un étranger en situation irrégulière n’est pas une infamie.

Il serait peut-être temps de faire la part des choses.

Ce n’est pas renier les valeurs de la démocratie, c’est au contraire les préserver du chaos qui se rapproche dangereusement.

Geneviève Salsat

23/09/2021

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