Les Convoyeuses de l'Air

14/02/2022 - 5 min. de lecture

Les Convoyeuses de l'Air - Cercle K2

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Françoise Vignon est Membre de l'Aéroclub de France et Lieutenant Colonel au sein de la Réserve citoyenne de l’Armée de l’Air et de l’Espace.

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Marie Marvingt, pionnière de l'aviation, infirmière expérimentée, est convaincue, dès la Première guerre mondiale, du rôle prépondérant que peut jouer une aviation sanitaire pour raccourcir les délais de traitement des grands blessés. Elle est chargée par le médecin général Cadiot, Directeur du service de santé de Paris, d’établir le premier programme des cours aéronautiques et médicaux pour pilotes et infirmières secouristes de l’air. Ce personnel est constitué au sein de la section aviation de la Croix-Rouge française.

À la fin de la Seconde guerre mondiale, le Ministère des Prisonniers et Déportés fait appel à ces infirmières spécialisées pour rapatrier les prisonniers et déportés de l'Europe entière. Une équipe de bénévoles est rapidement mise sur pied par Aliette Bréguet, assistée de Guite de Guyancourt et Simone Danloux. Puis, c'est le Ministère des Colonies qui fait appel à leurs compétences.

Début 1946, Marie-Thérèse Palu (dite Marithé) remplace Aliette Bréguet à la direction du service des convoyages et obtient le rattachement du service au Groupement des Moyens Militaires de Transports Aériens (GMMTA), ce qui permet de faire de ce nouveau métier une profession à part entière. Le premier concours a lieu en juin 1946. Elles deviennent "Assistantes de bord" sur des Dakotas et Junkers militaires.

Le titre officiel de "Convoyeuse de l'air" est créé en avril 1947 et sera conféré à 107 jeunes femmes à l'issue d'un concours, nécessitant un stage probatoire de trois mois et 300 heures de vol. La première promotion ne compte que 20 recrues. L'effectif des convoyeuses sera fixé à 35 pour chaque promotion. 

Les Convoyeuses de l'Air sont militaires et font partie du personnel navigant. Elles sont sous les ordres d'une convoyeuse principale, elle-même sous les ordres du général commandant le Groupement des Moyens Militaires de Transport Aérien (GMMTA). Les convoyeuses de l'air sont titulaires du brevet de "Convoyeur de l'Air", brevet de l'Armée de l'Air.

 

Portrait de l’une d’entre-elles : Geneviève de Galard Terraube, née le 13 avril 1925 à Paris

Geneviève de Galard est une infirmière militaire française, Convoyeuse de l’Air, qui, après la Guerre d’Indochine, sera surnommée "l’ange de Diên Biên Phu". Elle suit des cours d’anglais à la Sorbonne et se lance dans des activités associatives auprès d’handicapés dans un hôpital.

En 1950, elle obtient le diplôme d’État d’infirmière, puis réussit en 1952 le concours de convoyeuse au sein de l’Armée de l’Air.

En 1953, à sa demande, elle est affectée en Indochine, au cœur de la guerre qui oppose les forces françaises à celles du Viêt Minh.

Basée à Hanoï, elle procède à des évacuations sanitaires par avion à partir de l’aéroport de Pleiku. En 1954, elle participe aux évacuations de la Bataille de Diên Biên Phu. Ses premières victimes transportées sont des soldats souffrant de maladies et, à la mi-mars, ce sont des blessés de guerre. Les avions sanitaires de la Croix-Rouge doivent se poser au milieu des barrages d’artillerie Viêt Minh.

Geneviève de Galard se porte volontaire pour servir comme infirmière dans l’hôpital de campagne commandé par le Docteur Paul-Henri Grauwin. Seule femme dans le camp, des adaptations de logement sont réalisées pour elle, ainsi qu’un semblant d’uniforme composé à partir d’un bleu de travail camouflé, d’un pantalon, de baskets et d’un t-shirt. Elle fait de son mieux dans des conditions sanitaires dérisoires, consolant les mourants et entretenant le moral face aux pertes humaines.

Le 29 avril 1954, Geneviève de Galard est faite Chevalier de la Légion d'honneur et décorée de la Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs par le commandant du camp retranché de Diên Biên Phu, le Général de Castries.

Pendant la célébration de la bataille de Camerone, la fête de la Légion étrangère, Geneviève de Galard est nommée Légionnaire de 1ère classe honoraire aux côtés du Lieutenant-colonel Bigeard, commandant du 6ème BPC.

Les troupes françaises de Diên Biên Phu cessent le combat le 7 mai 1954 sur ordre du commandement militaire de Hanoï. Le Viêt Minh autorise cependant Geneviève de Galard et le personnel médical à continuer les soins sur les blessés. 

Le 24 mai 1954, la libération de Geneviève de Galard intervient après dix-huit jours de captivité, puis elle est évacuée à Hanoï, contre sa volonté.

À son retour en France, elle est accueillie par la foule à l'aéroport d'Orly, faisant la une de Paris Match ("La France accueille l'héroïne de Diên Biên Phu"). Elle est plus tard invitée aux États-Unis par le Congrès américain. Le Président Dwight Eisenhower lui remet, le 29 juillet 1954, la plus haute distinction civile, la médaille de la Liberté (Medal of Freedom) lors d’une cérémonie dans la roseraie de la Maison-Blanche à Washington. C'est aux États-Unis qu'elle est pour la première fois surnommée "l'ange de Diên Biên Phu".

Elle reprendra un temps son travail de convoyeuse, puis suivra son mari, le Colonel Jean de Heaulme, qu’elle épouse le 14 juin 1956 en l’Église Saint-Louis des Invalides à Paris.

 

Distinctions

  • 2014 :  Grand-croix de la Légion d'honneur
  • 2008 :  Grand officier de l'Ordre national du Mérite
  • 1954 :  Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs
  • 1954 : Medal of Freedom (médaille de la Liberté)

 

Les Convoyeuses de l’Air en mission à Diên Biên Phu

  • Paule Bernard (dite Carmen)
  • Aimée Clavel (dite Pepita)
  • Yvonne Cozannet (dite Coco)
  • Michaela de Clermont-Tonnerre (dite Boum)
  • Geneviève de Galard
  • Mademoiselle Othnin-Girard
  • Elisabeth Gras (dite Lisbeth)
  • Brigitte de Kergolay (dite La mouche)
  • Arlette de La Loyere
  • Valérie de La Renaudie
  • Christine de Lestrade (1951)
  • Chantal Mees (1951)
  • Yolande Le Loc
  • Michelle Lesueur
  • Marie-Pierre de Montgolfier
  • Solange de Peyrimhoff
  • Alberte Othnin Girard

 

Convoyeuses de l’Air disparues en mission

  • Berthe Finat, dont l'avion s'est écrasé au Maroc.
  • Anne-Marie Rouanet, qui venait juste de s’engager, périt en mer le 16 octobre 1947.
  • Geneviève du Breuil Hélion de la Guéronnière.
  • Lucienne Just en 1947.
  • Béatrix de L'Épine trouve la mort à une heure d'Hanoï sur le Paris-Saigon, le 2 novembre 1948.
  • Cécile Idrac en 1949.
  • Geneviève Roure (fille du Général Albert Roure), après 4100 heures de vol, trouve la mort à Gao en 1951 alors qu'elle tentait de sauver les passagers de la carcasse d’un avion en feu.
  • Gisèle Pons, en 1951. Âgée de 27 ans, licenciée en droit, infirmière DE. Elle n'avait effectué que 250 heures de vol quand son appareil s'est écrasé à l'atterrissage.
  • Jacqueline Domergue, dite Jaïc (1924-1957), décède lors d’une évacuation sanitaire héliportée le 29 novembre 1957 à l'Arba en Algérie.
  • Chantal Jourdy décède à Tizi Ouzou, le 8 décembre 1959, au cours d'une évacuation sanitaire à bord d'un hélico H34.

Françoise Vignon

14/02/2022

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