Conseiller le "New Space" : le cyberEspace

04/11/2021 - 3 min. de lecture

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Jamel Metmati est Lauréat du Trophée Cybersécurité, édition 2018.

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Conseiller le "New Space" : le cyberEspace

Space Cyber Engineer -  Agence Spatiale Européenne

L’arrivée de nouveaux acteurs du domaine spatial change le rapport de notre quotidien à l’Espace en connectant plus étroitement nos vies à nos besoins d’instantanéité. En liant le traitement de nos activités au sol avec celles des engins en orbite autour de la Terre, la technique stratégique du spatial appelé "New Space" offre un champ renouvelé autour de trois axes : le renforcement du support opérationnel aux activités humaines à travers des applications qui s’appuient sur de la donnée, la numérisation des réseaux spatiaux, l’extension renforcée du cyberEspace au milieu spatial avec son pendant "la cyberdéfense spatiale". Ce champ s’appuie sur un cadre juridique qui rend accessible les ressources de l’Espace à des fins commerciales.

Le renforcement du support opérationnel aux activités humaines se définit par la capacité à fournir, par de la donnée spatiale, un ensemble de services au sol. La donnée spatiale se caractérise par un signal provenant d’engins en orbites qui disposent de senseurs et de capteurs orientés vers la Terre, vers l’Espace ou en direction d’autres engins eux-mêmes en orbite. Si l’intérêt de cette donnée dépend du but recherché, sa caractéristique se mesure aux distances qu’elle est capable de parcourir grâce à une chaîne de transmission minimisée. De plus, elle offre une grille de lecture différente en s’appuyant sur certains signaux basés sur le spectre électromagnétique et sur l’état de la matière. 

À cet effet, des applications sont utilisées pour le management opérationnel de nos vies : détection des feux de forêts, études du climat et gestion des pluies pour l’agriculture, images satellites utilisées comme preuve juridique contre l’atteinte à l’environnement, gestion du risque au sol pour le transport logistique. 

Cet atout concourt également aux développement de nouvelles agences spatiales en Afrique[1], en Amérique centrale, en Asie, et au Moyen-Orient. Le bénéfice de l’Espace devient donc un enjeu de développement pour les économies, notamment pour l’agriculture et la gestion des habitats en milieu hostile. 

Ce support opérationnel s’appuie sur des routes digitales ouvertes par le développement capacitaire des engins envoyés en orbite. À côté des satellites traditionnels, de nouveaux concepts opérationnels émergent pour assurer les mêmes fonctionalités à des coûts inférieurs : CubeSat, MicroSat, NanoSat. Il s’agit de petits satellites construits grâce aux avancées technologiques liées à la miniaturisation des composants électroniques. En outre, les lanceurs historiques côtoient des acteurs privés ou public-privé capable de lancer des satellites par le biais de micro-lanceurs : SpaceX, Orbex, Fusée Electron. Cette tendance accroit le rythme potentiel des lancements et le développement technologique d’applications au sol. 

Aussi, les réseaux spatiaux commencent à se structurer avec leurs propres caractéristiques techniques dans un milieu spécifique qui intégre les contraintes de l’Espace et celles de l’atmosphère terrestre. 

La numérisation des réseaux spatiaux s’appuie sur la capacité à créer de nouvelles connexions à partir des engins se trouvant sur différentes orbites terrestres jusqu’aux centres de données au sol. Cet atout capacitaire conditionne l’offre de services par la disponibilité et la quantité de données spatiales exploitables. Qui plus est, les techniques de communications existantes pour le pilotage des sondes envoyées dans l’Espace profond sont désormais utilisées pour le domaine terrestre à des fins opérationnelles. Ainsi, le développement de l’internet spatial[2] à travers l’Espace accélère le phénomène de numérisation. 

Et, de ce fait, la connexion renforcée des réseaux terrestres à ceux du domaine spatial introduit le principe de protection à travers la cyberdéfense spatiale. Les forces armées américaines ont créée une armée spécifique[3] au domaine spatial car il représente une partie vitale du fonctionnement de l’économie américaine et du déploiement de leurs forces armées sur leurs théâtres d’opérations. Cette cyberdéfense spatiale s’applique autant à la formation des astronautes des sociétés privées, qui seront envoyés dans l’Espace pour des actes de maintenance ou de tests, qu’à la protection des réseaux spatiaux contre toutes attaques entraînant une indisponibilité de l’offre de services.

Dans un contexte où les missions ARTEMIS de la NASA s’orientent vers un retour de l’humanité sur la Lune et à travers les trois axes évoqués, différentes approches opérationnelles innovantes rendent possible une combinaison économique originale associant les conséquences technologiques de l’exploration spatiale et l’exploitation de celles-ci aux activités terrestres.

Jamel Metmati

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[1] Création de l’Agence spatiale nationale sud-africaine le 9 décembre 2010.

[2] Constellation Starlink.

[3] Création le 20 décembre 2019.

04/11/2021

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