[Groupe K2] Les Techniques d'Optimisation du Potentiel® dans le domaine militaire

17/04/2022 - 7 min. de lecture

[Groupe K2] Les Techniques d'Optimisation du Potentiel® dans le domaine militaire - Cercle K2

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Formateur en Techniques d’Optimisation du Potentiel (TOP), Laurent Rocco a accompagné pendant longtemps les sportifs de haut niveau en contrat avec l’Armée de Terre avant de rejoindre la Fondation du Paris Saint-Germain et la Fédération Française d'Athlétisme. 

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Laurent, comment est née la méthode TOP ? 

C’est une méthode qui existe depuis 30 ans maintenant. La problématique de départ reposait sur une meilleure prise en compte de l’aspect mental des soldats. C’est Edith Perreaut-Pierre, médecin militaire, qui est à l’origine des Techniques d’Optimisation du Potentiel (TOP). 

Elle a testé un certain nombre de techniques, notamment pour la gestion du stress, auprès des pilotes de chasse ou des unités très spécialisées comme le GIGN, le RAID ou les Forces spéciales, pour aboutir à une méthode. Celle-ci regroupait plusieurs grands principes de sophrologie, d’hypnose, de yoga ou encore des thérapies cognitivo-comportementales. 

Pour imager cette méthode, c’est comme une boîte à outils dans laquelle on va venir chercher les outils permettant de répondre aux besoins de l’individu, ce qui lui correspond le plus pour apprendre à gérer sa respiration et ses émotions, faire de la visualisation, améliorer sa la gestuelle, etc. Et cette méthode est sans cesse en évolution depuis sa création. 

 

Quelles différences entre méthode TOP et préparation mentale ?

Il n’y en a pas selon moi. Je dirai cependant que le TOP est plus large que la préparation mentale. Je considère la préparation mentale comme plus restrictive, pour deux raisons. 

La première est que le terme de préparation mentale ne vise que la tête. Or, le travail de préparation mentale est bien plus large.  

La deuxième raison est que le TOP est assez global car il y a beaucoup de thématiques sur le stress et le sommeil notamment. Il y a eu de nombreuses recherches qui ont été faites dans les armées sur la méthode TOP en lien avec le sommeil. On s’aperçoit que la porte d’entrée du stress, c’est vraiment les problématiques liées au sommeil. 

Pendant longtemps, on a pensé que le stress engendrait du mauvais sommeil mais, en fait, c’est totalement l’inverse. C’est le mauvais sommeil qui augmente les situations stressantes. Les armées et la méthode TOP ont pris le parti de sensibiliser et de proposer des outils qui peuvent améliorer le sommeil et donc diminuer le stress. 

 

Quelles sont les différences entre la préparation mentale dans le sport de haut niveau et dans le domaine militaire ? 

Il y en a deux essentielles selon moi. Premièrement, l’objectif est radicalement différent. Le soldat veut accomplir sa mission et surtout rester en vie. Le risque de se retrouver face à la mort est beaucoup plus élevé qu’un sportif de haut niveau. Il est donc plus compliqué de faire de la préparation mentale avec des soldats. 

La deuxième raison concerne la manière de travailler. De plus en plus de soldats sont touchés par des syndromes post-traumatiques, c’est-à-dire qu’ils ont vu ou senti, à un moment donné, que leur vie était en danger. Ces états nécessitent le suivi d’un psychologue ou parfois d’un psychiatre, qui travaillera en binôme avec le préparateur mental. Le psychologue doit s’assurer que la personne est saine, c’est-à-dire sans traumatisme important pour commencer le travail mental. Pour reprendre une métaphore, un syndrome post-trauma crée comme une entaille que l’on pourrait se faire sur le bras et qui ne serait pas soignée. Beaucoup pensent que, sans l’aide d’un professionnel, la cicatrice va se fermer toute seule, ce qui n’est souvent pas le cas, ou alors au terme d’une période beaucoup plus longue.  

Néanmoins, je me rends compte avec le temps que beaucoup de sportifs de haut niveau ne sont pas loin d’être en post-trauma. Je pense notamment à ceux qui subissent des blessures graves par exemple, de type rupture des ligaments croisés. Il y a aussi des sports avec un niveau de danger important comme le ski de descente. Lorsque nous avions travaillé avec l’Équipe de France avant les Jeux Olympiques de 2018, certains athlètes craignaient réellement de mourir en raison de la vitesse importante. Certains accidents graves, ou parfois mortels, sont aussi là pour le rappeler. C’est la première fois que je rencontrais des situations dans lesquelles il fallait quasiment considérer les athlètes comme des soldats. 

 

Hormis les sportifs et les militaires, à quels autres publics les TOP s’appliquent-ils ? 

Les TOP s’intègrent aujourd’hui dans le management et c’est ce qui m’a amené à la Fondation du PSG. La crise sanitaire n’était pas prévisible mais le contexte de travail fait qu’il y a des burnout, de la fatigue nerveuse, des tensions relationnelles liées à de la hiérarchie ou du management un peu moins humain. 

Il y a des protocoles personnalisés pour la SNCF, notamment pour les conducteurs de train pour toutes les problématiques liées aux horaires de travail décalés, qui impactent beaucoup le sommeil et le stress. Pendant toute la crise Covid-19, j’ai pu faire du bénévolat auprès de professionnels hospitaliers comme des infirmiers, des médecins qui étaient aussi très impactés. Finalement, le salarié, quel que soit son domaine d’activité, peut avoir besoin d’optimiser son potentiel. 

 

Pourriez-vous nous expliquer quels types d’outils sont utilisés pour des sportifs de haut niveau ?

L’outil le plus simple qui devrait être appris à l’école, c’est la maîtrise des différentes techniques de respiration. Dans certains pays, c’est déjà le cas. C’est à la fois facile et ludique et, en plus, c’est ce qu’il y a de plus discret. Certains types de respirations aident à se relaxer, d’autres à se dynamiser. 

Pour prendre l’exemple du sportif de haut niveau, je ne connais pas un seul sportif de haut niveau qui parvient à passer des nuits complètes les jours qui précèdent la compétition. Il faut savoir qu’il existe des respirations aidant à l’endormissement comme celle que l’on appelle "respiration au maximum de ses capacités pulmonaires", mobilisant ventre-thorax-épaule. On inspire en gonflant le ventre et dans la continuité, on essaie de gonfler la cage thoracique pour finalement aller chercher ce que l’on appelle le haut des poumons (on gonfle en surélevant les épaules). À l’inverse, on expire en relâchant d’abord les épaules, l’air de la cage thoracique et on vient terminer cette respiration en rentrant le ventre (on essaie de rapprocher le nombril le plus possible des lombaires. Si l’on arrive à s’entraîner à faire cette respiration sur un cycle (inspiration-expiration) 6 ou 7 fois par minute, sur au moins 5 minutes, cela apporte beaucoup d’oxygène aux muscles, et nous savons que, physiologiquement, lorsque l’on amène de l’oxygène aux muscles, ils se détendent naturellement. Autre astuce, l’endormissement est favorisé lorsque la température du corps baisse. 

 

Prendre une douche froide avant le coucher permettrait donc de mieux dormir ? 

Oui, prendre une douche légèrement fraîche, pour ne pas dire froide, permet de faire baisser la température du corps d’au moins 0,5 degré. Systématiquement, lorsque la température de votre corps baisse à ce niveau-là, votre corps s’endort. À l’inverse, si vous faites augmenter votre température corporelle grâce à une douche chaude, votre corps va s’éveiller. 

Cela vient un peu à l’encontre des idées reçues qui consistent à vouloir prendre une douche froide pour se tonifier, se donner un coup de fouet, le matin par exemple. Sur l’instant et pendant les premières minutes, c’est le cas, mais il y a toujours un délai de 30 minutes entre la prise de la douche et les effets de la douche. Passé ce délai, la température de votre corps va redescendre et vous enclenchez le processus de somnolence. C’est la même chose avec les cafés. L’effet de la caféine apparait après 30 minutes et jamais dans l’immédiat. 

 

Quel conseil pouvez-vous donner à un manager avant un rendez-vous stressant ?

Si le manager est amené à aller défendre un dossier important devant son président, il y a forcément du stress. Au-delà de la respiration évoquée précédemment, il peut réaliser une préactivation mentale, c’est-à-dire que le cerveau a besoin de points de repère pour se rassurer. On peut donc refaire comme une checklist : "dans quel état j’arrive devant la porte du bureau", "quelle attitude j’ai envie de montrer quand j’arrive", etc. 

En fait, on se passe tout le film du déroulé type en le vivant ou en l’observant, ceci aidant le cerveau. C’est la même sensation que l’on a lorsque l’on vit un moment avec l’impression de l’avoir déjà vécu. Si vous habituez votre cerveau à dérouler le film idéal avant une situation stressante, cela apaise beaucoup l’anxiété et aide à être beaucoup plus lucide. 

 

Ressentez-vous une attente particulière du grand public vis-à-vis de la préparation mentale ?

Lorsque j’ai commencé la préparation mentale en 2006, c’était tabou. On n’osait pas avouer notre intérêt pour la préparation mentale, car la préparation mentale n’était pas forcément bien perçue. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas car il y a eu une réelle évolution au cours des dix dernières années. 

Je note cependant un changement de paradigme depuis plusieurs mois, concernant les attentes de la préparation mentale. La crise a provoqué un basculement. Avant la crise, la préparation mentale pour le grand public était centrée sur le bien-être, l’apprentissage de soi, etc. Depuis la crise, la préparation mentale est vue comme une nécessité pour lutter contre la perte de motivation, l’accumulation de fatigue physique ou nerveuse, etc. Finalement, nous sommes moins sur l’optimisation du potentiel que sur le maintien des capacités initiales.

Laurent Rocco

Cet entretien s'inscrit dans le cadre des échanges menés par le Groupe K2 "préparation mentale pour tous" composé de :

Cristina Piccin est préparatrice mentale et sportive de Haut Niveau; Sylvain Callejon est Responsable de la Communication et du Marketing chez Allyteams ; Fanny Renou avocate et co-fondatrice de Allyteams; Charlotte Lapicque Secrétaire générale du Cercle K2; Reynald Lemaitre Conseiller en gestion de patrimoine chez Capfinances & Ancien footballeur professionnel ; Benjamin Nivet ancien footballeur professionnel ; Marilise Miquel Directrice des Opérations du Cercle K2 ; Christophe Massina  Responsable de l'Equipe de France féminine de Judo ; Edith Perreaut-Pierre Directrice associée de Coévolution ; Michel Verger Enseignant-chercheur et Préparateur mental ; Fabien Siguier Vice-Président Exécutif Ressources Humaines et Transformation au sein du Groupe Adisseo; Ronny Turiaf Ancien joueur professionnel de basket-ball. Champion de NBA avec le Heat de Miami

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17/04/2022

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