SWIFT : l’arme de guerre économique au service des intérêts impérialistes des États-Unis

23/04/2025 - 3 min. de lecture

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Eloïse Benhammou est Cheffe de mission en cabinet d’expertise-comptable et auteure.

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L’empire américain domine les autres nations à travers le monde en raison de sa mainmise sur les centres infrastructurels du pouvoir. Cette irrémédiable prise de contrôle sur l’économie mondiale se déploie à partir des attentats du 11 septembre 2001, lorsque les États-Unis décident de mettre en place un cadre de surveillance globale. Au prétexte de lutter contre le terrorisme international, George W. Bush signe alors l’USA Patriot Act pour permettre à son administration de faire usage des données privées de citoyens du monde entier afin d’assurer la sécurité nationale du pays. Notamment, le président des États-Unis bénéficie de pouvoirs exceptionnels obtenus dans ce contexte d’état d’urgence lui permettant de décréter la surveillance des transactions bancaires. C’est ainsi que s’est mis en place en secret, le « programme SWIFT ».

La messagerie bancaire mondiale, dénommée Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT) joue un rôle essentiel dans ce dispositif. Créée en Belgique, la firme s’est prise dans la toile tendue par l’Amérique. Elle vient alors de faire basculer le fonctionnement de sa messagerie sur Internet. De plus, elle dispose d’un centre à Culpeper, en Virginie, qui fonctionne en miroir avec les centres européens. De fait, SWIFT se trouve placée à la fois sous l’autorité légale de Washington et sous sa dépendance opérationnelle. S’il est envisagé dans un premier temps de surveiller SWIFT grâce aux avantages techniques dont disposent les États-Unis en matière de réseaux, une approche plus officielle est néanmoins privilégiée. Le département du Trésor des États-Unis envoie alors des demandes exécutoires à SWIFT pour obtenir des renseignements sur des transactions suspectées de financer le terrorisme.

En 2004, au sein du département du Trésor, le « programme SWIFT », prend un tournant décisif lorsque le Bureau de la lutte antiterroriste et du renseignement financier est créé. Cette agence d’élite de la communauté du renseignement, moins connue que la CIA et moins sulfureuse que la NSA, joue un rôle stratégique dans cette guerre au service des intérêts impérialistes de Washington. Cette guerre secrète perdure jusqu’à maintenant, menée par les gouvernements successifs des États-Unis.

Au fur et à mesure de l’élaboration des programmes de sanctions mis sur pieds par le Bureau, la liste noire des ennemis de Washington s’allonge. On y trouve de plus en plus de noms de personnes, de sociétés et d’organisations. Ces programmes varient selon la cible et les objectifs à atteindre. Parmi ces cibles, on trouve des États considérés comme « voyous » dont la Corée du Nord et le Vatican, des terroristes internationaux, des chefs d’État devenus parias, la Procureure de la Cour pénale internationale Fatou Bensouda, de faux positifs que le système a identifié à tort, des sociétés qui ne respectent pas les embargos américains ou qui porteraient atteintes aux « intérêts des États-Unis ». Une notion suffisamment élastique pour que tout un chacun puisse être considéré comme un ennemi en devenir par les shérifs de l’empire.

Un point de bascule est atteint lorsque les États-Unis font pression sur SWIFT pour exclure l’Iran du système bancaire et financier international. Nous sommes en 2012 et c’est la première fois de l’histoire qu’un pays entier est coupé du réseau. Le signal envoyé à la communauté internationale et principalement aux pays non alignés est clair : ils seront coupés de SWIFT à leur tour s’ils s’opposent à Washington. L’Union Européenne n’échappe pas à ces pressions, elle n’est pas en mesure de s’y soustraire en l’absence de système bancaire et financier indépendant. Dans ce contexte, la Russie développe un système de messagerie concurrent de SWIFT, nommé System for Transfer of Financial Messages (SPFS). Il est destiné à contourner les sanctions américaines. Mais, la Russie se heurte aux limites de ses capacités technologiques.

L’influence tentaculaire de « Watchington » sur l’économie mondiale au travers de la triade impériale : SWIFT – INTERNET – DOLLAR, s’entrechoque avec les aspirations des BRICS. Les sanctions américaines encouragent des alliances inattendues. Craignant pour leur souveraineté, certains pays non alignés veulent s’émanciper de l’hégémonie américaine en créant une monnaie alternative et des infrastructures bancaires indépendantes. Une nouvelle architecture des réseaux de télécommunication reste donc à concevoir pour redistribuer les cartes du pouvoir. Désormais, s’émanciper du joug de l’esclavage technologique est un défi majeur à relever pour les États non alignés. Mais, leur retard dans le domaine des réseaux de télécommunication freine leurs ambitions. En réaction, on assiste à une escalade sur le plan militaire.

Eloïse Benhammou

23/04/2025

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