Le Cercle K2 n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions émises dans les publications (écrites et vidéos) qui restent propres à leur auteur.
Aux origines du K2… l’alliance
Chers amis,
Les premiers pas d’une nouvelle année portent toujours en eux un élan de promesse et d’espoir. Une énergie spéciale circule dans cet air si particulier où la vie semble comme recommencée. Partout, résonnent les vœux que nous offrons à ceux qui nous entourent, vœux inspirés par ce qu’il y a, en nous, de profondément attaché à notre prochain. Comme si, le temps d’un instant, le monde se rappelait à son humanité. Rien ne nous est plus nécessaire dans ce monde qui accumule les désastres que les liens qui nous unissent à ceux que nous aimons et avec qui nous partageons une histoire commune.
Depuis longtemps déjà, je voulais proposer une série de tribunes portant sur quelques épisodes des origines du Cercle K2 : de cette improbable aventure avec trois explorateurs de très haute montagne, tellement différents de moi, mais en même temps si proches par l’esprit, mes amis Kévin DUMOUX, Jean-Michel ICARD et Krys PAGANI.
Il me fallait trouver le bon moment. Je crois qu’il n’en est pas de meilleur que cette période où chacun se promet souvent d’écrire une nouvelle page à sa vie.
Aux origines du K2… l’alliance
Il est des rencontres qui transforment une trajectoire individuelle en une aventure collective.
J’ai eu cette chance à un âge où la vitalité créatrice tend parfois à s’affaiblir et où une volonté de repos et de confort prend le pas sur nos forces d’action. Nous nous berçons alors avec nos souvenirs, que nous allons gaiement conter à l’entour. Et les anecdotes succèdent aux anecdotes, et le jour passe, et demain nous recommençons. Ainsi de suite. C’est bien sûr un grand bonheur et ces moments sont précieux.
Mais, à force d’enfermer notre regard vers notre passé, insidieusement, notre pensée ne considère plus l’avenir. J’ai posé ma pierre, j’ai contribué. Il est bien temps pour moi de fermer la porte. « Veni, vidi, vixi », comme le chantait Victor Hugo.
L’âge, pourtant, ne nous rend pas moins apte à la vie. Les opportunités certes diminuent, mais lorsque l’envie est là, elles ne disparaissent pas. J’ai vu trop de camarades, arrivés à la retraite, se laisser gagner par une forme de sclérose intellectuelle, favorisée par cette impression tellement trompeuse d’avoir tout vu, tout compris. Ils n’écoutaient plus.
La rencontre que j’ai faite avec trois êtres d’exception m’a permis d’y échapper. Ils ont renforcé ma conviction qu’avec une volonté qui ne renonce pas, tout étaittoujours possible, que la limite au-delà de laquelle le ticket n’était plus valable, pouvait toujours être repoussée. J’ai cultivé à leur contact mon inclination à croire, à avancer, à débattre et surtout à écouter.
Si nos différences étaient réelles, elles n’handicapaient en rien nos complémentarités. Surtout, nous étions tous quatre animés par une même foi, celle de la possibilité d’une œuvre qui soit plus grande que nous.
Cette aspiration à plus grand que soi ne nous estnaturellement pas propre. Elle est cependant assez rarement vécue dans le quotidien de l’action. Ce qui a fait, pour nous, la différence, c’est que nous étions déterminés à ce que nos mots deviennent nos actes. Combien de personnes ai-je rencontrées qui lorsque la pente s’élevait abandonnent… Jean-Michel, Kévin et Krys sont d’une autre trempe. Une fois engagés les uns envers les autres, c’est comme un pacte à la vie, à la mort, qui s’est constitué entre nous. Nous nous sommes reconnus dans ce que nous portions de plus grand en nous : le sens du sacrifice, la persévérance dans l’action, la volonté constante d’apprendre, la dévotion absolue à l’institution. Aussi, une passion pour la liberté, qui a été à l’origine de tout. Le K2 a commencé comme ça.
La première rencontre, a été celle avec Jean-Michel, il y a près de 20 ans. Quelle rencontre ! Pour qui le connaît, Jean-Michel est un personnage, doté d’un sens de la narration assez exceptionnel. Il vous enchante littéralement avec ses multiples anecdotes, qui sortent de son esprit comme autant de tours du chapeau d’un magicien. Un moment partagé avec lui vous laisse toujours avec l’œil amusé et une espèce de légèreté vis-à-vis des choses de la vie. Son tempérament est à l’antipode du mien, moi le militaire formé à la discipline et dévolu à la mission. Une électricité s’est pourtant créée entre nos énergies contraires, polarisée autour d’une envie commune de construire. Très vite, nous avions acquis la conviction que nous allions emprunter un même chemin, sans très bien savoir encore quelle en serait la destination.
Nous avons rencontré ensuite deux jeunes personnalités, différentes de caractère, mais jumeaux par l’amitié qui les unissait depuis l’enfance : se dégageait de cette amitié comme une force indestructible. Je parle bien sûr de Kévin et Krys. Dire d’eux qu’il s’agit de deux intelligences remarquables serait par trop insuffisant. Ils se distinguaient par ce qui manque à tant de personnalités brillantes et prétendument supérieures : une capacité à ne pas se confiner dans une vanité égocentrée ou dans un individualisme borné. De telles personnalités m’ont toujours déçu en ce qu’elles m’apparaissaient gâcher des talents incontestables. Mesurant ce qu’elles pouvaient apporter au service du bien commun, je me suis souvent épuisé, en vain, à essayer de les convaincre qu’agir pour le collectif portait sa propre récompense. Je n’ai malheureusement souvent pu obtenir d’elles que de timides efforts bénévoles : trop éprises d’elles-mêmes, elles ne pouvaient se départir, dans aucune situation, du soin de leur intérêt propre. Une certaine idée de la grandeur leur a toujours manquée : quels que soient la richesse ou le plaisir de vanité que peut offrir une réussite personnelle, rien n’atteindra jamais le sentiment d’élévation morale que peut apporter le dévouement à un idéal tellement plus grand que soi.
Avec Jean-Michel, nous n’avons jamais rencontré cet écueil avec Kévin et Krys. Ils ont, à un âge où tout nous porte à la recherche du succès individuel ou au besoin d’être validé par le système, lié leur destin à la création et au développement d’une institution qui n’avait pas vocation à nous enrichir et devant laquelle nous devions nous effacer. Ils ont toujours prouvé qu’ils ne craignaient pas la prise de risques et ne priorisaient pas la satisfaction de leur intérêt particulier. Ils portaient aussi en eux cette croyance profonde que tout pouvait être défié et surmonté, et que l’on pouvait changer les choses.
Nous nous sommes alors rassemblés, tous les quatre, autour d’une idée simple, mais fondatrice : la création d’un espace où pourrait s’épanouir un dialogue intergénérationnel, interprofessionnel, interdisciplinaire, interculturel, international, dédié à la compréhension du monde. Un lieu où la pensée est libre, équilibrée, décloisonnée afin de retrouver une unité fondatrice du vivre ensemble.
Dix ans se sont passés depuis la création du K2. Nous avons bien sûr connu des doutes, vécu des tensions, subi des critiques, mais notre lien est resté indéfectible : nous formons un noyau qui s’est solidifié avec les épreuves et que rien aujourd’hui ne pourra fissurer. Plus que tout, nous sommes parvenus à bâtir ensemble l’institution dont nous rêvions, celle qui dépasse la somme de nos intérêts individuels.
Cette aventure n’aurait jamais connu la réussite qui a été la sienne sans le concours de toute celles et tous ceux qui se sont retrouvés dans les valeurs portées par le K2 et qui ont contribué à son développement. Je ne pourrais tous les citer, mais je pense en premier lieu à Mélody PELLISSIER, notre Vice-présidente, Marilise MIQUEL, notre Directrice des opérations et à Charlotte LAPICQUE, notre Secrétaire générale.
Puis, de façon presque magique, d’autres personnes s’y sont agrégées, et ce qui a commencé comme une aventure entre quelques individus déterminés, s’est transformé en un mouvement porté par plus de 2500 personnes présentes dans une trentaine de pays.
Si le K2 constitue aujourd’hui une force puissante, riche d’espoir, c’est à ces aventuriers de toutes générations qu’il le doit.
Car le K2 est bel et bien devenu une institution : il ne s’agit plus d’un simple projet, mais d’une véritable entité vivante, qui n’appartient à personne en particulier, et qui s’enrichit de l’apport de chacun de ses membres. C’est un mouvement en constante évolution, qui sait s’adapter aux défis auxquels il fait face. Il est l’image de ce qui nous animait lors de sa création, le symbole que tout est possible lorsque des personnes parviennent à transcender leurs individualités pour servir un projet commun.
Cette incroyable histoire humaine qu’est le K2, empreinte de résilience, de persévérance, de camaraderie, n’est pas achevée mais la clé de voûte a été posée.
Alors, l’aventure continue !
Je vous souhaite à tous une belle et heureuse année ainsi qu’à tous ceux qui vous sont chers.
07/01/2024