Soutenir l’innovation

19/11/2020 - 3 min. de lecture

Soutenir l’innovation  - Cercle K2

Le Cercle K2 n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions émises dans les publications (écrites et vidéos) qui restent propres à leur auteur.

Matthieu Dhenne est Avocat et Président de l’Institut de Boufflers. Cet institut organise des séminaires qui constituent l'occasion de fédérer les acteurs de l’innovation et de la propriété intellectuelle pour faire front uni face à la crise. Trois matinées sont ouvertes au public les 23, 25 et 27 novembre 2020. Inscription gratuite avant le 20 novembre. Inscriptions et informations : https://www.helloasso.com/associations/institut-stanislas-de-boufflers/

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Soutenir l’innovation 

 

L’innovation – avec la création qui la sous-tend – semble constituer la seule source de croissance économique envisageable dans une économie bâtie sur l’accumulation du capital, avec une quantité de bien matériels nécessairement limitée, qui tend ainsi, inéluctablement, à loger la valeur dans des nouveautés immatérielles. Soutenir l’innovation est donc fondamental dans un système capitaliste, plus particulièrement pour des pays, comme le nôtre, où le coût élevé du travail doit être « justifié » par rapport à la concurrence internationale.

Mais comment soutenir l’innovation ? La question parue d’emblée « fragmentée », untel est focalisé sur la valorisation, tandis que tel autre l’est sur la protection, l’un sur des aspects économiques, l’autre sur des aspects juridiques, sociaux, voire philosophiques, sans que la notion d’innovation ne soit jamais comprise comme un tout et via un prisme transdisciplinaire. De cette fragmentation du paysage découlait naquit le constat qu’aucun organisme indépendant, c’est-à-dire dénué de lien avec un lobby quelconque, et donc dans un but d’intérêt général, n’embrassait la totalité du spectre de l’innovation, via une approche pluridisciplinaire, de manière à pouvoir aider les pouvoirs publics dans leurs réformes. Ce manque paraissait d’autant plus dommageable que la tendance normative générale est déjà clairement au morcellement des champs de compétences, d’une part, à l’inflation des textes et l’absence de cohérence qui en sont les conséquences, d’autre part. Par exemple, on pense souvent « protection de l’innovation » en se focalisant sur la nécessité de protection tout en oubliant que ladite protection prend place dans un système visant, plus généralement, à favoriser le développement de l’innovation, ce qui pourrait impliquer, parfois, un régime de protection plus souple.

C’est ainsi que l’idée d’un think tank, transcendant par définition les métiers, les spécialités, et pour tout dire les compétences de chacun, s’est rapidement imposée à nous, tout comme son objet : la valorisation et à la protection de l’innovation. Parler seulement d’innovation aurait été trop vague ; il fallait tailler nettement la forme de notre action. Nous nous devions également de la fonder sur un socle solide fait de valeurs partagées. La devise républicaine nous a ainsi naturellement fourni ces valeurs: Liberté, Égalité, Fraternité. Liberté, parce que notre Institut se veut indépendant et guidé par l’envie d’œuvrer en faveur d’une innovation responsable au service de l’intérêt général. Égalité, parce que chacun devait pouvoir y prétendre, équitablement, à la Parole. Quelque-soit son sexe, ses origines ethniques ou sociales, ou encore son grade. Fraternité, parce que nous souhaitions y encourager la bienveillance la plus élémentaire, en particulier en accompagnant les plus jeunes.

Ainsi, conformément à ces valeurs, nous avons lancé l’Institut de Boufflers début 2018  en l’envisageant comme un lieu destiné à réunir les forces vives de l’innovation et l’ouverture a sans cesse été la clé de notre « maison ». Déjà le premier Conseil d’administration, dans la salle dédiée à la Commission des affaires étrangères du Sénat, réunissait des professionnels divers et variés : universitaires, magistrats, industriels, conseils en propriété industriel, avocats. Cette approche pluridisciplinaire, qui nous est si chère, a perduré tout au long des programmes des conférences organisées à la Cour de Cassation en 2017, à l’Assemblée Nationale en 2018, au Cabinet August & Debouzy en 2018 ou encore au Sénat en 2019 et 2020. Et, à la veille d’une nouvelle Conférence annuelle Brevets de Boufflers, reportée à trois reprises (une fois du fait des grèves et puis deux autres fois à la suite des deux confinements), qui a été transformée en Séminaires de Boufflers en ligne, nous avons à nouveau souhaité donner un  nouveau souffle à cette ouverture pratiquée habituellement. Il nous a en effet semblé que la mutation technique imposée, par laquelle une Conférence qui devait se tenir dans la Salle Médicis du Sénat devint trois matinées de Séminaires en visio-conférence Zoom, serait l’occasion de faire profiter de l’événement au plus grand nombre, en offrant un accès gratuit à toutes et à tous, puis de proposer à tous les organismes le souhaitant de s’associer à l’événement, car face à cette crise sanitaire l’union nous paraissait sans doute de rigueur. C’est ainsi que naquit l’idée de former avec nos partenaires un Front Uni de l’Innovation, qui constitue une première dans le secteur, et dont on espère qu’il ne sera qu’une première expérience avant pleins d’autres. Preuve que cette crise sanitaire, source de nombreuses peurs, peut aussi être source d’espoirs. D’autant plus que cette crise nous aura prouvé que, plus que jamais, il faut soutenir l’innovation, source de la croissance, et donc des emplois de demain.

Matthieu Dhenne

 

 

 

19/11/2020

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