Le Cercle K2 n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions émises dans les publications (écrites et vidéos) qui restent propres à leur auteur.
René Villemure est Éthicien, Président-Fondateur d'Ethikos et Conférencier international.
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Qui le médecin devra-t-il sauver ou sacrifier dans un contexte de ressources limitées ou lorsque les établissements de santé atteindront leur point de saturation?
Cette question, qui semblait théorique ou improbable lorsqu’on me l’a posée pour la première fois le printemps dernier s’impose maintenant de manière bien réelle à mesure que les systèmes de santé de plusieurs pays atteindront bientôt la limite de leurs capacités.
Cette question est probablement la plus angoissante à laquelle un médecin pourrait avoir à répondre au cours de sa carrière. Ce médecin, qui a prêté le serment d’Hippocrate qui lui commande de faire au mieux pour préserver la vie d’un patient, n’a décidemment pas été formé pour laisser mourir des patients parce que la rareté des ressources le lui imposait.
Afin de soutenir le médecin et de l’aider à prendre cette douloureuse décision, plusieurs pays ont mis en place des protocoles dont l’objectif vise à guider le médecin ou l’équipe soignante lorsque viendra le temps de prendre ces décisions cruciales. Le protocole vise également à alléger le fardeau humain qu’imposent ces décisions et qui repose sur les épaules des médecins.
Au même moment, le temps est venu de nous demander – individuellement : que pourrions-nous faire de plus afin que les médecins ne soient pas placés devant ce choix déchirant ?
Je crois que l’heure est venue pour que chacun d’entre nous comprenne réellement que son observance - ou non - des consignes qui interdisent les rassemblements et qui imposent des couvre-feux a un impact direct sur la possibilité de soigner des médecins.
La population doit aussi comprendre que chaque petite entorse, même minime, n’est pas sans effet. Chaque délinquance, chaque relâchement est susceptible d’ajouter un certain nombre de patients dans les établissements de santé qui, ayant une capacité limitée, place en conséquence le médecin devant l’horreur.
Il est temps de comprendre qu’au-delà de nos droits, nous avons des obligations les uns envers les autres, que nous avons un devoir de solidarité et devons faire notre part afin de conscrire la surcharge du système de santé.
La préservation de la vie de plusieurs dépend directement des choix individuels de chacun.
Le moment est venu d’intégrer la maxime qui dit que "l’éthique, c’est un peu moins de soi et un peu plus des autres"[1].René Villemure
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[1] René Villemure, "L’éthique pour tous…même vous !, Éditions de l’homme, 2019
21/01/2021