La nécessité éthique : cessez de communiquer et agissez
06/09/2020 - 2 min. de lecture
Le Cercle K2 n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions émises dans les publications (écrites et vidéos) qui restent propres à leur auteur.
René Villemure est Éthicien, Président-Fondateur d'Ethikos, Conférencier international.
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Sapere, Aude, incipe[1]
- Horace
De toute évidence, personne ne se soucierait d’éthique tout en étant seul sur une île.
De toute évidence, nous avons tous réalisé en mars 2020 que personne n’était seul sur cette grande île appelée la Terre.
De toute évidence, il faut faire le constat que l’éthique d’apparat, l’éthique de vitrine ou seule la communication n’ont pas suffi à nous protéger.
Ceci étant dit, il faut cesser de communiquer et agir mais, surtout, sans oublier de bien réfléchir avant d’agir.
Si on y pense, on ne parle d’éthique que parce que l’on vit côte-à-côte les uns les autres et qu’il vaut mieux vivre en harmonie qu’en désordre ou en discorde.
L’humain est ainsi fait : il préfère vivre en paix tant et pour autant que son intérêt personnel est satisfait. C’est à ce moment que surgit la nécessité éthique, la nécessité de conjuguer son propre intérêt avec celui des autres en recherchant la position qui est juste.
Dans cette recherche, pour des raisons de simplicité et croyant que tous sont égaux sur tous les points, plusieurs préfèrent couper court à la réflexion et remplir des cases sur un formulaire, présumant que ce qui est conforme est forcément juste, oubliant que la conformité est plus administrative que réflexive. Préférer le conforme au juste est l’équivalent de préférer manger plutôt que prendre un repas. Au fond, c’est préférer l’ordinaire au Beau.
Élevons le regard et pensons autrement pour un moment.
Le but de l’architecture n’est pas de se loger, pour ça, il y a les constructeurs;
Le but du peintre ou du sculpteur n’est pas d’occuper l’espace, pour ça, un décorateur ou un home stagers. suffirait…
L’architecte, comme le peintre et le décorateur donnent des formes à la matière; les trois disciplines impliquent un certain sens de l’esthétique, un sens qui est propre à chacune des disciplines.
L’éthique c’est, en quelque sorte, l’esthétique du juste. On préfère le juste au conforme parce le juste implique une plus grande sensibilité au monde et que le monde est plus beau avec cette sensibilité.
La nécessité éthique s’inscrit directement dans la tendance actuelle très forte des entreprises à vouloir agir de manière responsable. Les jeunes s’attendent à de meilleures pratiques commerciales, ils gouvernent leur choix de consommation et d’employeur en privilégiant des valeurs fortes comme le respect, la protection de l’environnement et l’équité.
Les dirigeants d’entreprises devraient se rappeler que c’est par l’éthique qu’ils réussiront la Responsabilité sociale de leur entreprise; que c’est l’éthique qui leur permettra de réellement évaluer la portée de leur impact social.
Cessons de confiner l’éthique et les valeurs à la section d’introduction du rapport annuel et réalisons ce monde meilleur, plus juste et plus beau qui nous permettra de durer, comme entreprise et comme humanité.
Sera révolutionnaire celui qui est capable de se révolutionner lui-même, disait Ludwig Wittgenstein.
Tu es la tâche, disait Paul Audi.
Alors cessons de laisser les autres penser pour nous, construisons nous-même notre vision du monde et énonçons ensemble nos préférences collectives.
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[1] Ose savoir, être sage, commence.
06/09/2020