Il était une fois un rat (des villes)...

26/09/2022 - 3 min. de lecture

Il était une fois un rat (des villes)... - Cercle K2

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Jean-Claude Javillier est Professeur émérite de droit, ancien directeur du département des normes de l’Organisation Internationale du Travail.

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Il était une fois un rat (des villes) qui, après avoir consulté ses collègues, se décida à devenir lanceur d’alertes sociétales et pas seulement pour la commnuauté (il en est pour toutes et tous) des rats des villes, mais aussi des champs, cela va de soi. 

Notre rat, lanceur, avait le sentiment, pour ne pas dire la conviction, qu’au fil des années et mois récents, son langage et ses analyses devenaient comme dépassés, sans pertinence et sans prise sur les réalités. Avant de se lancer dans une pareille aventure, dont les dimensions juridiques et politiques l’inquiétaient fort, il se décida à organiser un Grenelle (selon le vocabulaire fort prisé en un hexagone), ouvert, soyons démocrates, même aux rats des champs, ce qui n’allait guère de soi. Car les rats ruraux n’étaient plus guère en lien singulièrement avec avec les bobos rats, dont le langage, les problématiques et les visions étaient de plus en plus différentes, pour ne pas dire incompréhensibles pour cette communauté-là.

Notre lanceur d’alerte s’inquiétait de la distance grandissante entre un noyau de rats voulant changer le monde, et d’abord le langage, sans doute en raison d’une impuissance à changer le monde dans la pratique. 

Parmi les questions soumis à débats, certaines informations sont communiquées dans un long rapport.

Ainsi en est-il des révolutions conceptuelles que certaines et certains élus municipaux, singulièrement à Strasbourg, puis à Paris, entendent mener en leur Conseils municipaux.

Ainsi, les associations et partis animalistes, du moins celles et ceux qui participent d’une problématique révolutionnaire les plus radicales pour la société humaine, se sont exprimés au nom de notre communauté des rats. Si les humains s’adressaient de façon bienveillante, et pratiquement de meilleure façon éthique à notre égard, alors serions nous incités à une pratique bienveillante et responsable à l’égard des citoyens des villes. Et encore si ces derniers bouchaient les nombreux trous d'accès à leurs logements et institutions, alors nous serions moins présents et menaçants.

Ce que nos Amis, les rats des champs, semblent ignorer, c’est que pour changer le regard des humains, sur notre condition, et favoriser un dialogue responsable entre communautés (des rats et des humains), le changement de notre nom s’imposerait et immédiatement. Ainsi donc, plus de Ratus norvegicus, ni de rats bruns, entre autres. Il suffit de quelques harangues et débats entre humains seulement pour transformer, croit-on, le monde des rats. Sans bien évidemment consulter la communauté des rats, et encore moins donner à ces derniers un droit de vote, non plus que de représentation auxdits conseils, il a été décidé ici (à Strasbourg) que notre nom serait commensaux, et là (à Paris) surmulot.

Ainsi donc, par une délibération administrative, nous voici transformés, positivés, bienvenus et encouragés dans nos meilleures pratiques, espère-t-on.

Pour clore cette présentation au Grenelle des rats, il a été souligné que certaines institutions humaines ont un comportement inamical ou inapproprié. Ainsi en est-il de l’Académie de médecine qui, dans un communiqué fort développé et argumenté, a présenté les graves dangers, les multiples maladies que nous pouvons communiquer aux humains. Pour nombre de bobo rats, voilà qui constitue pensée réactionnaire, pour ne pas dire fasciste.

Le débat eut alors lieu. Et il fut vif. Le rat influenceur en fut tant surpris qu’il perdit le fil indispensable pour son influence. 

Pour être audible, et dans le monde de la "com" des rats, il en est de même que chez celle des humains, tout réside dans les "éléments de langage". Et pour réussir, il faut ne rien dire de complexe, ne prendre aucune position susceptible de gêner quiconque, exiger la perfection de chacune et chacun, et condamner par avance, et sans procès véritable, qui ne pense pas comme soi.

Que n’êtes-vous encore de notre monde, Monsieur de la Fontaine, qui écrivîtes tant sur les rats, et plus encore sur les humains ! Quelques fables seraient si bienvenues en des temps où, sous prétexte des meilleures pratiques, des pensées et des pratiques totalitaires se répandent ici et là. 

La femme et l’homme pourraient ne plus exister du tout, le genre faisant disparaître l’anatomie et la biologie, la victime et l’agresseur, le gendarme, le policier et le criminel n’étant point différents au regard de droits et libertés, et ce dernier plutôt mieux traité en pratique. Enfin, ce qui va de soi, l’ordre public n’ayant aucune raison ni nul vertu à primer l’intérêt le plus individuel et chacune et chacun.

En vous lisant et vous relisant, Monsieur de la Fontaine, nous avons le sentiment que nous devons résister à des concepts fous, des théories destructrices des valeurs humaines, des pratiques totalitaires masquées.  

Plus que jamais, des groupes sont en mouvement qui entendent changer notre vocabulaire, dynamiter notre histoire commune (qui comprend, telle la nature humaine, toujours le pire et le meilleur). Surmulots et Commensaux, mobilisez-vous ! Refusez le changement de nom. Et nous humains, refusons les regressions de l’hygiène et de la santé publique. Ne parlons pas de communautés et d’éthique à tout propos, au risque de mettre en danger les Citoyennes et les Citoyens. Sachons argumenter et dire non à toutes celles et ceux qui menacent nos Libertés et notre République.

Il faut appeler un rat, un rat. Comme un chat, un chat. Et, bien sûr, apprécier nos amis les animaux.

Jean-Claude Javillier

26/09/2022

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