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Emmanuel Bloch est Maître de conférences associé à l’Institut Français de Presse, Université Panthéon-Assas.
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Le 12 décembre 2015, lors de la COP21, les délégations de 195 États, sous l’égide de l’ONU, définissaient un nouvel accord international pour contenir le réchauffement climatique en dessous des 2°C. À la suite de cette initiative mondiale, l’Union européenne lançait son "Pacte Vert pour l’Europe" avec pour objectif une réduction de 55 % des émissions de CO2 d’ici 2030 et l’atteinte de la neutralité carbone en 2050.
Si le monde politique a bien pris en compte cette nécessité de réduire les émissions de CO2 et l’a largement soutenue, en revanche, la méthode pour atteindre ces objectifs n’a jamais été vraiment discutée. Or, c’est là l’essentiel.
En effet, deux visions s’affrontent : la transformation écologique et l’adaptation climatique.
Les tenants de la transformation écologique plaident pour la mise en œuvre d’actions qui, dans leurs résultats, aboutissent à une transformation radicale de la société. Il s’agit de cesser le plus rapidement toute activité susceptible de générer des rejets de CO2 : arrêt de la production de véhicules thermiques, diminution drastique des voyages aériens, restrictions de l’utilisation des outils informatiques, baisse significative de la consommation de viande, intensification de la densité des villes, baisse du chauffage, etc.
Les tenants de l’adaptation écologique, eux, plaident pour la mise en œuvre de moyens pour réduire les émissions de CO2, tout en conservant la même façon de vivre : produire des objets moins consommateurs d’énergie, favoriser le recyclage, développer des véhicules moins polluants, construire des maisons mieux isolées, mais, autant que possible, sans impact significatif ni sur le mode de vie ni sur les finances pour le citoyen / consommateur[1].
L’inconvénient majeur de la transformation écologique telle qu’elle est imaginée – et déjà parfois mise en œuvre – réside dans son énorme coût politique. Une telle approche brutale dans ces changements risque fort d’aboutir à une Europe "brune" bien avant d’avoir une Europe "verte" tant elle déstabilise la société et l’économie. De plus, le risque de mise en œuvre d’une société de contrôle "verte", où chaque geste serait pesé à l’aune de soin impact carbone n’est pas non plus négligeable[2].
L’adaptation écologique probablement plus respectueuse des populations et des libertés individuelles possède néanmoins un inconvénient majeur : elle ne permettra très probablement pas d’atteindre les objectifs de réduction des émissions carbone que s’est fixée l’Europe. Il s’agit donc avant tout de préparer l’adaptation de nos sociétés à un monde plus "chaud" ou plus instable au niveau climatique.
Aujourd’hui, les tensions que l’on perçoit autour du climat procèdent avant tout de la confrontation entre ces deux approches, fondamentalement incompatibles. Or, il serait temps que les dirigeants politiques soient clairs et, surtout, présentent aux citoyens de façon précise les conséquences de leurs choix en faveur de l’une ou l’autre de ces options. État des lieux que l’on peut résumer ainsi : êtes-vous prêt à vivre une récession de votre niveau de vie pour atteindre la neutralité carbone à tout prix ? Ou souhaitez-vous conserver votre niveau de vie, quitte à subir les éventuelles conséquences d’un réchauffement climatique ? Dans ce dernier cas, le rôle des États serait alors d’anticiper l’impact de ce changement climatique (en clair, comment adapter l’agriculture, les villes, les transports, la consommation dans une France à 1°, 2° ou même 5° plus chaud).
Aujourd’hui, le silence profite essentiellement aux idéologues des deux bords. À l’inaction des uns répond un programme intenable des autres. Et cela, pour le plus grand malheur du citoyen… et au final de l’écologie.
[1] À noter à ce propos la récente étude de M6 (Le Temps des Marques Responsables) qui montre que 56 % des Français ne sont pas ou peu mobilisés par les enjeux du changement climatique (https://m6pub.fr/m6-publicite-presente-3eme-edition-etude-referente-le-temps-des-marques-responsables/) .
[2] https://www.socialter.fr/article/carte-carbone-plutot-qu-une-taxe-un-quota-pour-chaque-citoyen-1
09/06/2022