Entretien avec Célimène Daudet pour la sortie de son album "Haïti mon amour"
01/03/2021 - 2 min. de lecture
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Célimène Daudet est une pianiste internationale qui se produit sur de nombreuses scènes prestigieuses en France et à l'étranger dans des salles comme le Carnegie Hall de New York, la Philharmonie de Paris, les Philharmonies de Ninji et de Rostov en Russie. Elle a fondé le Haïti Piano Project et est Franco British Young Leader.
Quelques mots sur ce nouveau disque "Haïti mon amour"
Sortie numérique le 5 mars
Sortie physique le 12 mars
Label : NoMadMusic
Quelle est la genèse de ce nouvel album "Haïti mon amour" ?
Ce disque est probablement le plus personnel de mes projets car il rend hommage au pays de ma mère, mon pays de coeur. En 2017, j'ai lancé un festival international en Haïti pour lequel j'ai fait transporter le premier piano de concert de l'île. J'ai peu à peu appris à mieux connaître la culture haïtienne passionnante et foisonnante, et la créativité merveilleuse qui anime ce pays. J'ai alors découvert, au gré de mes rencontres avec des musiciens haïtiens, qu'il y avait aussi des compositeurs de musique classique en Haïti dont l'histoire était étonnante. À la fin du 19ème siècle, des musiciens haïtiens sont venus étudier au Conservatoire de Paris, puis sont rentrés exercer leur art en Haïti. Ils ont alors composé une musique singulière et d'une poésie sans pareille. Leurs compositions mêlent subtilement des mélodies et danses traditionnelles haïtiennes, des rythmes afro-caribéens et un langage musical classique hérité du romantisme européen. Ce métissage musical donne lieu à des pièces extrêmement touchantes et sensibles que j'ai eu à coeur de faire découvrir bien plus largement. Ces compositeurs injustement oubliés, dont les oeuvres portent aussi le récit de l'intense histoire de la première république noire, méritent d'être entendues et d'entrer dans le répertoire.
Pouvez-vous nous dire quelques mots de Ludovic Lamothe qui est très représenté sur cet album ?
Ludovic Lamothe était surnommé "le Chopin noir" en raison d'une part de son amour pour Frédéric Chopin dont il jouait les oeuvres lors de ses récitals dans les Caraïbes et, d'autre part, de l'influence qu'a eu Chopin dans ses compositions. On y entend très clairement son goût pour le bel canto, qui consiste à écrire des mélodies lyriques et vocales inspirées de l'opéra italien. Chopin était un maître du bel canto au piano et Lamothe a suivi ses traces tout en intégrant dans sa musique des éléments traditionnels haïtiens évidents qui rendent sa musique totalement unique.
Les partitions de Ludovic Lamothe n'ont pas été éditées. J'ai pu en retrouver un certain nombre grâce à des musiciens haïtiens et à la société de recherche et de diffusion de la musique haïtienne qui se trouve à Montréal. Elles sont pour la plupart inachevées ou incomplètes et il a fallu que je fasse tout un travail de reconstitution afin de compléter le texte manquant. C'est un travail passionnant et aussi une grande responsabilité que de tenter d'imaginer ce que Ludovic Lamothe aurait pu écrire. Il faut pour cela étudier de très près le style et le langage du compositeur et chercher ce qui semble le plus cohérent pour compléter le texte déjà écrit.
On retrouve sur votre album plusieurs méringues. Pouvez-vous nous expliquer ce genre musical ?
La méringue traditionnelle haïtienne est à l'origine une danse populaire devenue par la suite une danse de salon. Elle est composée autour d'un rythme à 5 temps qui lui donne un effet sensuel et chaloupé.
De nombreux compositeurs ont écrit au début du 20ème siècle des meringues instrumentales avec pour objectif de revendiquer l'appartenance à cette culture haïtienne. Ceci est arrivé dans un contexte bien particulier lorsqu'en 1915 Haïti a été sous occupation américaine contre laquelle les artistes ont voulu résister. En ce sens, la meringue est devenue un fort marqueur identitaire.
01/03/2021