[Groupe K2] Définitions et historique / typologie - Hybridation du travail
28/11/2023 - 4 min. de lecture
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Caroline Diard est Professeur associé, TBS Business School.
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Du télépendulaire à l'hybridation : un glissement sémantique et une évolution technologique et sociétale.
Au niveau étymologique le dictionnaire de l'académie française indique que le mot est emprunté du latin hybrida, « bâtard ». Utilisé plutôt en biologie pour décrire des plantes ou des animaux qui résultent du croisement de deux lignées parentales génétiquement différentes, le mot est fréquemment employé pour désigner des éléments d'origines différentes.
- Qu'est-ce que l'hybridation au travail ?
- Quelles sont les conséquences sur la relation managériale et l'expérience collaborateur ?
- Quels sont les risques émergents ?
Nous tenterons de répondre à ces questions au fil des contributions qui constituent cette note de synthèse.
Tout d'abord, force est de constater l'existence d'une littérature pléthorique évoquant les nouvelles formes d'organisation du travail (Méda 2016[1], Bouilloud et al. 2019[2], Autissier et al. 2022[3], etc.).
L'entreprise de demain sera hybride ou ne sera pas. Les fonctions y seront réformées grâce aux nouvelles technologies. La digitalisation abolit en effet les distances et favorise de nouveaux modes d'organisation du travail.
Parmi celle-ci l'hybridation du travail des entreprises est largement mobilisée (Autissier 2022, Diard et al. 2022). Mais de quoi parle-t-on vraiment ?
L'hybridation peut correspondre à deux modes d'organisation différents : un mix Salariat-Entrepreneuriat[4], ou un mix travail en présentiel/distanciel, (De Carvalho, 2022). Le travail hybride peut être effectué par un salarié, un indépendant, un prestataire.
Il s'agira donc ici d'étudier uniquement l'hybridation concernant les salariés, dans une relation de collaboration s'exerçant à la fois à domicile et en présentiel (espace de co-working ou locaux de l'entreprise).
Nous choisissons en effet ici d'évoquer l'hybridation comme outil organisationnel de flexibilité du lieu et de l'organisation du travail sans traiter la dichotomie salariat/entrepreneuriat.
Le travail hybride, jolie petite histoire…
Le concept de travail à distance apparaît avec les travaux de Norbert Wiener sur la cybernétique (1950).
Dès 1973, Jack Nilles invente le terme de télécommuting (télépendulaire en français) : un concept qui représente le travail effectué pour partie à distance du bureau habituel. En France, dès 1977, le rapport Nora-Minc, sur l'informatisation de la société, énonce le concept de « télématique », associant informatique et télécommunications.
Les premières expériences françaises de travail à distance remontent à la fin des années 80. Il est présenté en 1981 lors d'une conférence de l'institut du développement des télécommunications et de l'économie et est alors défini comme une activité professionnelle faisant intervenir les moyens de télécommunications.
Le télétravail, dès lors synonyme d'ubiquité, de flexibilité, de disponibilité semble alors apporter des solutions aux problèmes économiques et sociaux. Dans une société où se développent les nouvelles technologies de communication et d'information, le travail quitte les lieux traditionnels pour investir le domicile des travailleurs et l'ensemble des réseaux. La première définition officielle est ensuite donnée par la mission Breton[5] : « Le télétravail est une modalité d'organisation et/ou d'exécution d'un travail exercé à titre habituel par une personne physique dans les conditions cumulatives suivantes : d'une part le travail s'effectue, à distance, c'est à dire hors des abords immédiats de l'endroit où le résultat du travail est attendu, en dehors de toute possibilité physique pour le donneur d'ordre de surveiller l'exécution de la prestation par le télétravailleur ». Cette définition introduit la notion fondamentale de distance entre le donneur d'ordre et le salarié. D. Ettighoffer le définit comme « un concept d'organisation combinant la gestion des ressources humaines et les technologies de la communication dans un espace-temps propice à un nouveau contrat social et économique entre les partenaires et l'entreprise »
Le travail hybride désigne une diversité de pratiques :
Travail alterné à domicile
Il s'agit d'une modalité d'organisation permettant aux collaborateurs de travailler de manière alternée à son domicile et dans l'entreprise.
Travail hybride en bureau satellite, bureau de voisinage, bureau partage, co-working
Il s'agit d'une modalité d'organisation permettant aux collaborateurs de travailler régulièrement à proximité du domicile et/ou à distance dans un local de l'entreprise autre que son local habituel de travail. Ce local peut être partagé par plusieurs personnes de l'entreprise.
Travail à distance occasionnel
Exécution de façon exceptionnelle par le salarié d'une mission à son domicile alors que celle-ci aurait dû être réalisée dans les locaux de l'entreprise. Beaucoup de salariés, dits « nomades », sont concernés (commerciaux, consultants, experts...). La mise en œuvre de cette organisation nécessite des règles écrites valables tant pour le salarié que pour l'entreprise.
Caroline Diard
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Cette Tribune s'inscrit dans le cadre du Groupe K2 "Télétravail et Hybridation du travail : une expérience collaborateur réinventée ?" composé de :
Caroline Diard est Professeur associé, TBS Business School Département droit des affaires et Management des Ressources Humaines et co-pilote du Groupe - Farid El Arji est Membre, Comité de Direction DRH, SNCF TGV-Intercités et co-pilote du Groupe - Karine Babule est Chargée de mission ANACT - Agence Nationale pour l'Amélioration des Conditions de Travail - Pauline de Becdelievre est Maitre de conférences, Institutions et dynamiques historiques de l'économie et de la société, ENS Paris Saclay - Abdel Bencheikh est Chief Risk & Sustainability Officer - Marie Benedetto-Meyer est Maitresse de conférences en Sociologie & Membre associée, Laboratoire Printemps - Marc Bertier est Expert workplace, Kardham - Olivier Bouteille est HR Manager, IKEA - Gaëlle Cachat-Rosset est Professeure adjointe, Faculté des Sciences de l’Administration, Université Laval - Nicolas Cochard est Directeur R&D, Kardham - Nicolas Dufour est DR en gestion, Professeur affilié, Cnam (Laboratoire Lirsa) - Nadr El Hana est Maitre de conférences, IAE Paris Sorbonne Business School - Sébastien Foy est Dirigeant, Cabinet Leonard Conseil - Virginie Hachard est Doyenne Adjointe, EM Normandie - Christelle Havard est Professeur associé, Burgundy School of Business (BSB) - Sana Henda est Enseignant-chercheur, ESC Amiens - Alain Klarsfeld est Professeur en Gestion des Ressources Humaines, TBS Business School - Lina Lim est Co-fondatrice, ECLEVIA, organisme de formation en performance managériale - Audrey Morgand est Enseignant-chercheur, ESC Amiens - Thibault Paternoster est CEO, Woby - Tania Saba est Professeure titulaire, Faculté des arts et des sciences, Université de Montréal - Frédéricke Sauvageot est Directrice de la QVT du Domaine Immobilier et des Espaces de Travail, Orange.
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[1] - Meda, D (Décembre 2016), OIT, Document de recherche de l'OIT n° 18, L'avenir du travail : sens et valeur du travail en Europe
[2] - Bouilloud et al (2019), Formes contemporaines d'organisation et de travail : évolutions, révolutions ? Numéro 27 - Nouvelle revue de psychosociologie
[3] - Autissier et al, (2022), Les nouvelles organisations hybrides, éditions MA éditions
[4] - Bohas et al., 2018 https ://www.openscience.fr/IMG/pdf/iste_techinn18v1n7.pdf;
[5] - Le télétravail en France, situation actuelle, perspectives de développement et aspects juridiques, La documentation française, 1993.
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