Portrait d’une femme d’exception, pionnière de l’aviation sanitaire Marie Félicie Élisabeth Marvingt

24/02/2022 - 5 min. de lecture

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Françoise Vignon est Membre de l'Aéroclub de France et Lieutenant Colonel Réserve citoyenne de l’Armée de l’Air et de l’Espace.

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Portrait d’une femme d’exception, pionnière de l’aviation sanitaire : Marie Félicie Élisabeth Marvingt 

Marie Félicie Élisabeth Marvingt, née le 20 février 1875 à Aurillac (Cantal) et décédée le 14 décembre 1963 à Laxou (banlieue de Nancy, en Meurthe-et-Moselle).

Marie Marvingt, surnommée "La fiancée du danger", est une grande sportive, aéronaute, aviatrice, infirmière et journaliste.

En 1899, elle devient l'une des premières femmes titulaires du certificat de capacité pour conduire des automobiles. Elle obtient également une licence de lettres et s'inscrit dans plusieurs facultés, où elle étudie la médecine, le droit, apprend à parler cinq langues dont l'espéranto, et obtient son diplôme d'infirmière de la Croix-Rouge.

La découverte des sports de l'air est une révélation. Elle effectue son premier vol accompagné en ballon libre en 1901. Elle obtient son brevet de pilote de ballon libre (n° 145) la même année. Son premier vol en solo se fait le 19 juillet 1907. 

Le 26 octobre 1909, elle devient la première femme à piloter un ballon au-dessus de la Mer du Nord et de la Manche vers l'Angleterre. Son ballon, "L'Étoile filante", décolle du Parc de la Pépinière à Nancy. 

En décembre, elle effectue ses premiers essais au sol d'un avion, puis devient l'élève d'Hubert Latham, à Mourmelon. Le 4 septembre, Marie Marvingt pilote seule pour la première fois son aéroplane monoplan "Antoinette". Célèbre pour sa polyvalence et ses nombreux talents, elle reçoit la grande médaille d'or de l'Académie des sports en 1910. 

En octobre, sur son "Antoinette" et sous la direction d'Hubert Latham, Marie Marvingt passe les trois épreuves du Brevet de pilote aviateur à Mourmelon, évoluant à soixante mètres d'altitude avec une grande régularité, effectuant un vol d'un quart d'heure sur la campagne, puis descendant en vol plané. Elle devient officiellement titulaire du Brevet de pilote n° 281 de l'Aéro-Club de France, le 8 novembre 1910. Elle devient, à cette occasion, la troisième femme au monde à obtenir ce brevet, après Élisa Léontine Deroche (n° 36) et Marthe Niel (n° 226). Elle est la seule femme à posséder le Brevet de pilote pour le monoplan "Antoinette" et à avoir piloté seule un avion.

En 1910, elle gagne le premier prix du concours de distance de l'Aéro Club de l'Est avec un vol en aérostat de Nancy à Neufchâteau.

Le 27 novembre, elle établit le premier record féminin de durée de vol avec 53 minutes, établissant la première marque de la coupe Femina. Dans un froid glacial, elle réalise quinze tours d'une boucle de trois kilomètres avant d'être forcée d'atterrir à cause d’un problème moteur. Cette performance lui permet de faire la une du magazine "La Vie au grand air", portée en triomphe par ses amis. Elle multiplie les vols aux commandes d'un avion "Deperdussin" Monocoque. Elle cumule 717 vols de mai à décembre 1912 sans la moindre casse. 

En juin 1912, Marie Marvingt soumet son projet prototype "d'avion-ambulance" à la Direction de l'aéronautique militaire et obtient son approbation. Elle publie et expose donc les plans de ce projet au salon de l'aviation. Elle parcourt la France et fait une tournée de conférences pour promouvoir la création d'avions de secours portant sur leurs ailes l'emblème des ambulances de la Croix-Rouge et recueillir les fonds nécessaires pour mener à bien le projet qu'elle considère comme "son plus cher désir de Française". Le ministre de la Guerre Eugène Étienne s’y intéresse. 

La Première guerre mondiale mettra fin à sa carrière d’aviatrice sportive et à son projet.

Elle devient infirmière et correspondante de guerre. Décidant de rejoindre le front comme poilu, Marie Marvingt y reste 47 jours déguisée en homme avant d'être démasquée. La sportive utilise alors ses talents de skieuse dans les Dolomites sur le Front italien où elle aide à l'évacuation des blessés.

Après la Première guerre mondiale, Marie Marvingt reste journaliste et part vivre au Maroc où elle crée le premier lieu de formation des infirmières pilotes d'avions sanitaires et reçoit la Médaille de la Paix. 

En 1929, elle organise le premier Congrès international de l'aviation sanitaire. Le quotidien "Le Figaro" considère que "l'aviation en général, l'aviation de tourisme et l'aviation sanitaire n'ont pas de meilleure propagandiste que l'aviatrice française Mlle Marie Marvingt". Elle accompagne ses conférences de démonstrations de vol. Au cours de sa vie, elle aurait prononcé plus de 3 000 conférences sur l'aviation sanitaire.

En 1931, elle crée le challenge "Capitaine Echeman" en l'honneur de Paul Echeman, mort le 14 mai 1912 lors d'un atterrissage manqué, récompensant la meilleure transformation d'un avion en avion sanitaire. Le trophée est réalisé par le sculpteur Jules Déchin et représente le dessin d'Émile Friant montrant l'aviatrice donnant ses soins à un blessé en 1914. Le premier prix est attribué au "Potez 42" et au "Breguet 284 T", ex æquo.

Marie Marvingt réalise deux films documentaires : "Les Ailes qui sauvent" (1935) et sera vu par le ministre de l’Air Victor Denain, film acquis en 1969 par Gaumont et Sauvés par la colombe,(1949).

Elle invente un ski métallique qui lui permet de skier sur les dunes du désert saharien. Les forces françaises s'en inspirent pour les atterrissages d'avion sur la neige.

Pendant la Seconde guerre mondiale, Marie Marvingt infirmière de l'air, invente un type de suture chirurgicale qui permet de recoudre les blessures plus rapidement sur le champ de bataille permettant de minimiser les infections. En 1939, elle vit temporairement à Sainte-Alvère en Dordogne où elle fonde un centre de convalescence pour les aviateurs blessés nommé "Le Repos des ailes".

Pour son 80ème anniversaire, le 20 février 1955, le gouvernement américain lui offre un vol au-dessus de Nancy à bord d'un chasseur supersonique, le "McDonnell F-101 Voodoo", depuis la base aérienne 136 Toul-Rosières. 

Malgré son âge avancé, elle continue de se lancer des défis. En 1959, elle passe son Brevet de pilote d'hélicoptère et pilote l'année suivante, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans, le premier hélicoptère à réaction du monde, le "Djinn". En 1961, elle effectue le trajet de Nancy à Paris à vélo, pédalant dix heures par jour.

Marie Marvingt meurt le 14 décembre 1963 dans un hospice à Laxou, dans un relatif anonymat, bien que "Le Monde" et les journaux américains "The New York Times" et "Chicago Tribune" lui consacrent une rubrique nécrologique. Elle est inhumée au cimetière de Préville à Nancy.

 

Distinctions

Avec 34 médailles et décorations, Marie Marvingt est à sa mort la femme la plus décorée de France. Elle reçoit sa première distinction d'importance en novembre 1910 : l'Académie des sports lui octroie sa grande médaille d'or pour tous les sports. 

  • Officier de la Légion d'honneur (7 décembre 1949)
  • Croix de guerre 1914-1918, palme de bronze avec palmes en 1915 pour avoir tiré sur une caserne allemande à Metz
  • Palmes de Premier Tireur (1907)
  • Chevalier de l'ordre des Palmes académiques
  • Médaille de l'Aéronautique
  • Médaille de la paix du Maroc
  • Médaille de la Reconnaissance française, bronze
  • Chevalier de l'ordre de la Santé publique (5 novembre 1937)
  • Médaille de la ville de Nancy (1950)
  • Récipiendaire du prix Deutsch de la Meurthe (29 mars 1954) 
  • Officier de l'ordre du Mérite sportif‎, nommée à l'époque Médaille d'Or de l'Éducation physique (1957) 
  • Médaille d'argent du Service de santé de l'air (1957)
  • En 2004, la Poste française émet un timbre en son honneur.
  • En février 2018, elle est le sujet principal de l'émission numéro 42 de la série "Sous les jupons de l'Histoire".
  • En septembre 1987, elle intègre à titre posthume "l’International Women's Sports Hall of Fame".
  • Le 9 novembre 2020, à l'occasion de l'entrée des cendres de Maurice Genevoix au Panthéon, Emmanuel Macron, Président de la République, lui rend hommage dans son discours solennel au titre de l'inclusivité, affirmant qu'elle s'était déguisée en homme pour pouvoir défendre son pays.

Françoise Vignon

24/02/2022

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