Sécurité publique et Sécurité privée... une alliance pragmatique au service de l’intérêt général !
15/09/2021 - 4 min. de lecture
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Michel Barret est Maire Adjoint de Gif-sur-Yvette, Délégué à la Prévention et à la Sécurité et Président du SIAHVY.
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C’est une évidence de souligner qu’aujourd’hui, les entreprises doivent se protéger davantage par elles-mêmes.
Cela tient essentiellement au développement de notre société de consommation, à sa logique d’économie de marché et à sa banalisation des petits larcins qui font, d’une part, que le traitement des infractions jugées mineures appelle désormais une réponse plus commerciale et transactionnelle que judiciaire et qui conduisent, d’autre part, les forces de Police à orienter plus résolument leur mission de sécurisation vers la protection des personnes plutôt que vers la sauvegarde des biens.
La montée du terrorisme, notamment, comme celle de toutes les formes actuelles de radicalisation justifient par ailleurs cette évolution de la politique publique de prévention et de sécurité développée depuis maintenant quelques décennies par le gouvernement et qu’une majorité de la population appelle de ses vœux.
Cette inflexion de paradigme laisse donc une place grandissante à la Sécurité privée dans le secteur concurrentiel où le pragmatisme économique l’emporte sur la culpabilité juridique.
On en a pour preuve le désengagement assez marqué de l’État dans les espaces publics à forte vocation commerciale, mais aussi dans bien d’autres domaines aujourd’hui, comme les aéroports et autres lignes de métro et d’autocars ou pour l’encadrement des manifestations et festivités où cohabitent désormais des agents de sécurité publique et privée.
Les changements de comportement, qui poussent à abandonner les dépôts de plainte en matière de vol, de tromperie, d’abus de confiance… et qui ont amené, par voie de conséquence, à décriminaliser nombre d’infractions relatives aux biens (les chèques sans provision, par exemple, l’ont été en 1975) ont également contribué à modifier la nature des missions des forces de Sécurité publique.
Dans un autre registre, qui concerne plus directement les communes, on peut également citer les délits d’entrave à la circulation, de destruction de clôtures et d’occupation illégale de terrains, qui sont pour certains groupes de "gens du voyage" des pratiques devenues habituelles sans pour autant susciter beaucoup d’émoi de la part des autorités administratives et judiciaires !
Tout cela a facilité l’émergence des sociétés privées de sécurité, devenues en quelque sorte des "gardiennes du temple", ce qui ne parait pas illogique, si l’on regarde cette évolution comme une véritable mutation du système institutionnel de la sécurité et que l’on considère moins leurs antagonismes avec les organismes officiels que leur fonction de partenariat.
De fait, il ne faut plus considérer la "Sécurité privée" comme une concurrente de la "Sécurité publique", mais la voir désormais comme une véritable auxiliaire des forces régaliennes.
Nous sommes, depuis une bonne trentaine d’années, engagés dans une phase de recomposition du paysage socio-professionnel de la sécurité, dont la singularité de l’activité amène d’ailleurs tout naturellement le secteur privé à embaucher dans le grand vivier du secteur public nombre d’agents en partance à la retraite et dont la culture sécuritaire les rend "prêts à l’emploi".
Cette situation génère une collaboration incontournable entre les deux, qui va dans le sens d’une pacification de leurs rapports et dont l’incidence ne peut être que profitable à l’intérêt général, ce qui est au final, à n’en pas douter, le plus important.
Ainsi, dans tous les espaces où l’économie l’emporte sur le juridique, la Sécurité privée s’y insère et s’y pare d’une fonction de régulation sociale.
Elle en tire sa légitimité des citoyens eux-mêmes mais aussi du pouvoir qui s’emploie désormais à mieux la réglementer et contrôler à travers l’organisme dédié qu’est le Conseil National des Activités Privées de Sécurité (CNAPS).
Elle représente donc, à sa manière, un service utile à la population, dans tous ces lieux où il ne correspond plus tout à fait à la finalité des missions de police.
La sanction y prévaut moins que la préservation des troubles pouvant gêner le client, l’usager ou le profit, de sorte que les solutions y reposent plus largement sur la médiation et l’arrangement.
Il s’agit donc bien là du domaine de prédilection de la Sécurité privée, un domaine qui obéit à ces nouvelles stratégies privilégiant la rationalité et l’efficacité et qui inscrivent son action dans une logique exclusivement préventive et transactionnelle.
Mais, si son terrain d’action va ainsi de la prévention du cambriolage et du gardiennage des sites à la protection du secret industriel, son développement s’étend aussi dans d’autres secteurs, comme celui de la protection des personnes dans ces espaces où la police officielle intervient peu parce que les entreprises ont la capacité de se doter de services de sécurité organisés qui fonctionnent à partir de leur logique commerciale.
Plus près de nous, elle participe au contrôle du "Pass sanitaire" dans tous les lieux culturels et marchands où se presse le public avide de retrouver une vie sociale. Sa contribution y est devenue absolument essentielle pour faire appliquer les mesures décrétées par les autorités gouvernementales face à la pandémie de Covid-19.
Cela est significatif d’une nouvelle répartition des tâches entre les deux formes, publique et privée, de la sécurité.
C’est donc autant à une marchandisation de la sécurité qu’à une sorte de clientélisation de leurs fonctions auxquelles on assiste désormais entre ces deux mondes qu’il serait devenu dommageable aujourd’hui d’opposer, car ils participent conjointement à la sécurisation de notre société.
Gageons que se réalise pleinement entre eux, et de la façon la plus efficace et harmonieuse possible, cette alliance pragmatique qui permettra de répondre au mieux à cet objectif commun.
15/09/2021