[Groupe K2] La préparation mentale pour tous - Note de synthèse et Rapport complet

Marilise Miquel Charlotte Lapicque Fanny Renou Fabien Siguier Benjamin Nivet Reynald Lemaître Cristina Piccin Sylvain Callejon Edith Perreaut-Pierre Michel Verger Christophe Massina Ronny Turiaf

22/03/2022 - 9 min. de lecture

[Groupe K2]  La préparation mentale pour tous - Note de synthèse et Rapport complet - Cercle K2

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Cristina Piccin est préparatrice mentale et sportive de Haut Niveau; Sylvain Callejon est Responsable de la Communication et du Marketing chez Allyteams ; Fanny Renou avocate et co-fondatrice de Allyteams; Charlotte Lapicque Secrétaire générale du Cercle K2; Reynald Lemaitre Conseiller en gestion de patrimoine chez Capfinances & Ancien footballeur professionnel ; Benjamin Nivet ancien footballeur professionnel ; Marilise Miquel Directrice des Opérations du Cercle K2 ; Christophe Massina  Responsable de l'Equipe de France féminine de Judo ; Edith Perreaut-Pierre Directrice associée de Coévolution ; Michel Verger Enseignant-chercheur et Préparateur mental ; Fabien Siguier Vice-Président Exécutif Ressources Humaines et Transformation au sein du Groupe Adisseo; Ronny Turiaf Ancien joueur professionnel de basket-ball. Champion de NBA avec le Heat de Miami

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Origines de la préparation mentale

La préparation mentale étant une discipline relativement récente et spécifique, peu de références historiques ou d’articles scientifiques traitent de ce sujet. Pour en connaître ses origines, il est ainsi nécessaire de s’intéresser à la psychologie du sport, discipline plus ancienne et plus large à laquelle la préparation mentale est rattachée. 

Beaucoup s’accordent sur le fait que les premières études empiriques en psychologie du sport remontent à la fin du XIXème siècle. Norman Triplett publiait, en 1898, ce qui est considéré comme le premier article scientifique sur le sujet[1]. Son étude portait sur des cyclistes et l’influence de la présence de leurs proches, durant une course, sur leur performance individuelle. 

En 1965, la psychologie du sport fut reconnue discipline structurée, autonome et scientifique, permettant l’intervention des premiers psychologues auprès des équipes nationales durant les Jeux olympiques de Mexico en 1968. En France, Michel Bouet fut le premier universitaire à s’intéresser à la psychologie du sport, suivi par Edgar Thill, premier responsable du département de psychologie de l’INSEP. En 1979, "The Journal of Sport Psychology" était créé, ce qui marquera les débuts de la psychologie du sport contemporaine. 

Ainsi, dans le monde du sport, la démocratisation de la discipline s’est faite pendant la fin du XXème siècle et le début du XXIème. La médiatisation et la professionnalisation du sport, ainsi que la recherche d’optimisation de la performance des sportifs de haut niveau sont autant de facteurs ayant contribué à cette croissance.

Après le domaine sportif, la préparation mentale a ensuite fait son apparition dans le domaine militaire, celle-ci ayant été utilisée par l’Armée française à la fin du XXème siècle. Nous verrons dans ce rapport que le Docteur Edith Perreaut-Pierre a créé, sur demande de l’Armée, la méthode de Techniques d’Optimisation du Potentiel® (TOP), afin de gérer le stress opérationnel des militaires.

Ces techniques s’inspirant de la sophrologie, mêlant relaxation, méditation, imagerie mentale et exercices de respiration, se sont démocratisées au point de devenir obligatoires dans certaines formations comme celles d’officier ou de sous-officier, l’objectif étant de rendre les soldats formés "autonomes" afin qu’ils puissent utiliser les bons outils lorsqu’ils en ressentent le besoin.

Malgré le développement de cette discipline dès les années 80, ce n’est qu’en 2003 que le premier diplôme de préparation mentale sera créé à l’Université de Clermont-Ferrand, à l’initiative de Michel Verger, auteur-enseignant à l'Université de Clermont-Ferrand (PhD-UFR STAPS). Depuis, de nombreuses formations spécialisées ont vu le jour. 

 

Définition de la préparation mentale

Jean Fournier, chercheur à l’INSEP, fut l’un des premiers, en 1998, à donner une définition de la préparation mentale. Il la présente comme une "préparation à la compétition par un apprentissage d’habiletés mentales et d’habiletés d’organisation, et dont le but principal est d’optimiser la performance personnelle de l’athlète, tout en promouvant le plaisir de la pratique et en favorisant l’atteinte de l’autonomie".[2]

Il est important de ne pas confondre la préparation mentale avec d’autres pratiques telles que le conseil, la psychologie, la psychothérapie ou encore la psychiatrie, distinction d’ailleurs soulignée par tous les intervenants en préparation mentale ayant contribué à la réalisation de ce rapport.

Le rôle du préparateur mental est de préparer, d’accompagner et d’entraîner une personne. Autrement dit, ses compétences ne s’étendent pas au domaine du soin et du traitement des symptômes, des troubles, des traumatismes, etc. qui sont propres à la psychologie, à la psychothérapie ou à la psychiatrie. La préparation mentale se distingue également de la formation ou du conseil, la discipline impliquant une réelle action d'accompagnement et de coaching, visant à donner à la personne y recourant des outils qu’elle pourra, au fil du temps, utiliser seule. 

À la lecture du rapport, il apparaît par ailleurs que tous les intervenants considèrent que, pour être efficace, le travail de préparation mentale doit être réalisé sur un individu équilibré, c’est-à-dire n’étant pas soumis à des troubles qui nécessiteraient un accompagnement thérapeutique. 

 

Utilité de la préparation mentale

Toute situation nouvelle est porteuse d’incertitudes, représentant ainsi un défi inconnu auquel l’esprit n’est pas préparé et qu’il ne sait comment appréhender, ce qui sera vecteur d’angoisse. Cette angoisse face à l’incertitude est suscitée par nos propres représentations subjectives, ces mêmes représentations qui orientent nos choix, éperonnent ou immobilisent notre action, nourrissent ou paralysent notre réflexion.

Comme le disait Franklin Delano Roosevelt, "la seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même"[3]. L’objectif pour l’individu est alors de réussir à maîtriser ses angoisses afin que celles-ci n’entravent pas sa capacité d’action et de réflexion.

Ainsi, la manière dont nous percevons et gérons les facteurs de stress est essentielle. Il est alors nécessaire pour certains individus d’instaurer des routines sécurisantes et d’apprendre des exercices simples pouvant se révéler très utiles lorsqu’ils prennent conscience de l’emprise de ces facteurs sur leur mental. 

Grâce à la préparation mentale, chaque individu a l’opportunité de se préparer aux différentes répercussions que cette situation va créer sur lui, et ainsi diminuer ses effets néfastes sur son physique et son mental. La préparation mentale est alors un réel atout, d’autant plus qu’elle est à la portée de nombreux individus dès lors qu’il ne s’agit pas d’acquérir de nouvelles aptitudes mais de développer des habiletés mentales déjà présentes (motivation, concentration, confiance en soi, gestion du stress, etc.). 

La préparation mentale passe avant tout par des exercices de respiration et de prise de conscience. À titre d’illustrations, de nombreuses études scientifiques ont prouvé que la relaxation a un effet positif sur diverses populations (malades, jeunes, personnes âgées, athlètes, médecins, populations en lieu de crise, etc.). Elle agit en diminuant l’état de tension psychique par une diminution de la tension musculaire. Une fois la tension psychique descendue, il devient possible de contrôler sa pensée pour éviter les perturbations externes ou internes (images, pensées parasites, focalisation sur les points d’anxiété). La préparation peut se poursuivre par l’imagerie mentale pour se concentrer, se motiver et se focaliser sur les points d’amélioration. Celle-ci facilite la planification d’actions concrètes et la fixation de buts qui permettent d’avancer. 

 

Recours à la préparation mentale dans le sport de haut niveau

Une carrière de sportif de haut niveau est rythmée par des échéances et soumise constamment à des objectifs de performance. Si cette vie d’athlète peut être stimulante, elle est également pleine de stress et d’angoisses. 

Excitation, espoir, joie de la victoire bien sûr, mais aussi frustration et déception liées aux défaites et aux blessures, un sportif de haut niveau est, tel un courant alternatif, agité par ses pôles positif et négatif, incessamment traversé par des émotions opposées. Lorsque ce dernier n’appréhende les épreuves et les rendez-vous sportifs que comme des sources d’anxiété, les conséquences sur son corps et son mental peuvent être considérables. Il n’est alors pas rare qu’elles dégénèrent en véritables traumatismes avec un impact durable sur sa performance et sur sa vie. 

Pour anticiper ce risque, le monde du sport a été l’un des premiers à recourir à la préparation mentale pour les athlètes. Si cette préparation vise initialement à améliorer leur performance, elle s’inscrit aujourd’hui dans une logique plus globale de bien-être et d’équilibre, sans toutefois écarter l’exigence d’efficacité et de résultat. L’un de ses objectifs est d’aider le sportif à accroître son relâchement dans les moments clés. Les plus grands sportifs se reconnaissent d'ailleurs dans leur capacité à atteindre, dans les moments de tension les plus importants, leur meilleur niveau de performance.

 

Développement de la préparation mentale

Si, comme il vient d’être indiqué, le recours à la préparation mentale est très fréquent, voire habituel dans le monde du sport, un public de plus en plus large et varié se tourne vers cette discipline, ce que chacun aura l’occasion de découvrir à la lecture de ce rapport.

Ce développement s’explique notamment par le fait qu’un préparateur mental est en capacité d’agir sur de nombreuses habiletés mentales, grâce à la pluralité des outils à sa disposition (imagerie mentale, hypnose, TOP, sophrologie, PNL, etc.), permettant à l’individu d’apprendre et de s’entraîner à utiliser des techniques scientifiquement standardisées, et choisies selon ses besoins.

À titre d’illustration, il sera expliqué dans ce rapport que l’imagerie mentale, si elle est notamment utilisée dans le sport, est également utilisée en entreprise, ou auprès de personnes victimes de graves accidents nécessitant une importante rééducation. Selon les situations et les habiletés à développer, le préparateur mental proposera des outils à la personne qu’il accompagne, et les adaptera aux besoins de cette dernière.

Enfin, nous pouvons imaginer que les deux dernières années ont fait prendre conscience que notre société allait être confrontée, au cours des prochaines décennies, à des enjeux, obstacles et défis nouveaux, générant nécessairement, pour de nombreux individus, un fort sentiment d’insécurité et de doute. 

En effet, chacun d'entre nous attache aux situations de crise, comme celle que nous traversons actuellement, de nombreuses projections qui génèrent de l’anxiété, voire de la peur. Cette peur n’est bien entendu pas une pure création de l’esprit, elle se développe sur des racines bien réelles. Les circonstances actuelles mettent en danger les besoins premiers de l’Homme : besoins physiologiques, de sécurité, d’appartenance, d’estime et d’accomplissement de soi. À titre d’exemple, la présence d’un danger invisible à l’extérieur et les mesures d’urgence prises par les pouvoirs publics ont provoqué chez de nombreux individus un sentiment d’insécurité et d’incertitude ayant des conséquences sur la santé physique et psychique.

Une étude publiée en 2020[4] par le Department of Psychological Medicine, King’s College de Londres, qui regroupe les résultats de différentes études sur les effets psychologiques du confinement, et plus généralement de la crise sanitaire, a d’ailleurs révélé que les facteurs perturbateurs et les effets à long terme du confinement seraient les suivants : peur de l’infection, ennui et frustration, insuffisance de l’information, difficultés pour obtenir la fourniture de biens et de services, etc. Post crise sanitaire, la dégradation des finances et la stigmatisation seraient les facteurs de stress prédominants.

Dans ce contexte, et face à ces nouveaux facteurs anxiogènes, il est fort probable que le développement de la préparation mentale se poursuive, voire s’accélère, notamment en entreprise, environnement ayant connu au cours de ces dernières années une forte croissance du coaching, avec l’intervention du préparateur mental sur des axes tels que la confiance en soi, le développement du leadership, la cohésion des équipes, le développement du bien-être des collaborateurs, la gestion du stress et des émotions, etc., soulignant au passage l’importance de la psychologie individuelle dans la performance collective.

Cristina Piccin Sylvain Callejon Fanny Renou Charlotte Lapicque Reynald Lemaitre Benjamin Nivet Marilise Miquel Christophe Massina Edith Perreaut-Pierre Michel Verger Fabien Siguier Ronny Turiaf

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[1] Triplett, N. (1897-1898), "The dynamogenic factors in pacemaking and competition. American Journal of Psychology", 9(4), pp. 507–533.

[2] Fournier, J. (1998), "Introduction à l'entraînement mental. Entraînement mental et sport de haute performance", 22, pp. 69-86.

[3] Franklin Delano Roosevelt, Discours d'investiture, 4 mars 1933.

[4] Brooks SK, Webster RK, Smith LE, Woodland L, Wessely S, Greenberg N, et al., "The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence", The Lancet, 14 mars 2020 ; 395(10227):912‑20. 2020 ; (13):260-9. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2020/13/2020_13_1.html

22/03/2022

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