Harcèlement

Patricia Couette est ancienne CPE du lycée Montaigne, Paris.

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Un mot qui a pris son existence, et de l’ampleur finalement assez récemment avec la libération de la parole!

"Une mise en lumière d’une souffrance bien enfouie".

Le harcèlement met en scène un jeu de rôles bien orchestré, celui de victime - bourreau.

Notre réaction première est de s’apitoyer sur la personne harcelée et d’accabler le harceleur. Mais il faut savoir que chacun cache sa propre souffrance et mérite toute notre attention.

Bien évidemment, le harceleur doit être "sanctionné". 

La sanction faisant partie de la réparation, une sanction juste, équilibrée, pédagogique.

Mais ici, la problématique essentielle soulevée est l’enjeu de cet événement douloureux, violent.

Le harcèlement révèle une fêlure chez les deux antagonistes et donne ainsi l’occasion de plonger dans les profondeurs de l’être pour découvrir  son origine.  

Si l’on passe à côté de cette opportunité, il y a de fortes probabilités que la « victime » ou le « bourreau » revive des situations de harcèlement et ce dans différents domaines, professionnel, sentimental… de plus en plus complexes, violentes jusqu’à ce que la blessure émotionnelle soit révélée, prise en compte et sinon guérie, apaisée.  Cela implique tout un cheminement où la personne est amenée à "vivre" ses émotions, ressentir en profondeur dans son corps, décrypter ce ressenti…

Le corps parle, l’écouter est un apprentissage qui nous amène à notre réalité authentique, sincère. Cela exige patience, tolérance et courage. Un chemin vers Soi. 

Le harcèlement pourrait être considéré comme une maladie psychique, un "mal-à-dire" la souffrance ressentie. 

Les révélations sur la scène publique de ce cancer nous font voir que chaque domaine en est atteint, de la plus petite cellule familiale, puis éducative, religieuse, professionnelle, politique… L’individu trouve ainsi d ‘infinies possibilités pour y trouver son persécuteur ou sa victime, et donc, le moyen de débusquer sa faille et de la guérir. 

Il ne s’agit pas de cataloguer ce comportement de manipulation perverse mais plutôt d’admirer la capacité d’intelligence émotionnelle, cette "invisible essence" que l’on est. 

Il n’y a ni victime, ni bourreau mais des êtres en devenir, en quête de libération, de liberté d’être ou de vulnérabilité.

Il n’est pas question de nier la douleur ressentie par la victime, mais plutôt de l’aider à se libérer de cette entrave, voire à la transcender et à transformer cette fragilité en force, devenant un atout !

Aussi fou que cela pourrait paraître, il serait important au final d’inviter la victime à "remercier" son bourreau venu à sa rencontre pour l’aider à se libérer de son dysfonctionnement !

Plus tôt le travail de cette plongée dans les profondeurs est fait, plus vite la personne est libérée. Aussi chaque situation, dès la petite enfance, est l’occasion unique de cette conscientisation et mise en lumière de la blessure originelle.

Patricia Couette