Les As français de la première guerre mondiale. Honneur et respect.

20/04/2022 - 11 min. de lecture

Les As français de la première guerre mondiale. Honneur et respect. - Cercle K2

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Françoise Vignon est Membre de l'Aéroclub de France et Lieutenant Colonel Réserve citoyenne de l’Armée de l’Air et de l’Espace.

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Les As français de la première guerre mondiale. Honneur et respect (1er volet) 

Année 1916

La Revue ICARE nous révèle que, le 1er février 1912, les Frères Michelin ont édité une brochure de propagande qui concluait : "il faut à la France 5000 aéroplanes. Il lui faut 5000 aviateurs militaires, il lui faut 50 millions par an… Au peuple de France d’exiger cela de ses représentants". Des appels comme celui-ci ou comme celui de Maurice Farman la même année ont suscité des vocations d’avionneurs et d’aviateurs et permis aux ailes françaises l’éclosion de ses As.

Sur le front occidental, fin décembre 1916, on a pu recenser 24 As français, c’est-à-dire les pilotes ou mitrailleurs ayant remporté 5 victoires homologuées, individuelles ou partagées.

Pour gagner le statut d’"As", il fallait que le pilote obtienne au moins cinq victoires homologuées, c’est-à-dire confirmées par deux autres observateurs que le pilote, et que l’avion abattu tombe dans les lignes alliées. Ce processus d’homologation français était le plus restrictif de tous, ce qui explique les nombreux débats encore actuels sur l’attribution des victoires homologuées.

Le classement choisi pour les 24 premiers As français est chronologique, dans l’ordre d’obtention de leur 5ème victoire. 

Premier As : Adolphe Pegoud né le 13 juin 1889 à Montferrat (38), tué au combat le 31 août 1915 près de Belfort (90). Breveté le 1er mars 1915 (n° 1243). 6 victoires homologuées, la dernière le 11 juillet 1915. Le 31 août, aux environs de Belfort, le mitrailleur d’un avion de reconnaissance allemand le tue en plein vol d’un balle dans la gorge. Deux jours plus tard le Caporal Kandulski et le Lieutenant Von Bilitz, qui l’avaient descendu lui lancent une couronne à l’endroit où il était tombé.

Deuxième As : Georges Guynemer, né le 24 décembre 1894 à Paris, décédé le 11 septembre 1917 à Poelkapelle (Belgique). Breveté pilote sur Blériot le 1er avril 1915 (n° 1832). Brevet pilote militaire n° 853 le 26 avril 1915. 53 victoires homologuées.  Le 20 août 1917, il obtient sa dernière victoire au-dessus de la Belgique. Nommé capitaine le 3 septembre, il prend l’air le 11 et ce sera pour la dernière fois. Une patrouille allemande rapportera ses papiers d’identité trouvés sur son corps dans les débris de son avion tombé à 700 mètres du cimetière militaire de Poelkapelle. 

Troisième As : Jean Navarre, né le 8 août 1895 à Jouy-sur-Morin (77), décédé le 10 juillet 1919 à Villacoublay (78). Brevet militaire en septembre 1914 à Tours (n° 601). 12 victoires homologuées. Il est, en mai 1916, le premier pilote français à compter 10 victoires homologuées. Ce seront ses derniers combats car, le 17 juin, il est très grièvement blessé lors d’un duel au-dessus de Grandpré (Ardennes). Le 10 juillet 1919, lors d’un vol de démonstration, son appareil en perte de vitesse heurte le mur d’une ferme proche de l’aérodrome. Jean Navarre est tué sur le coup.

Quatrième As : Charles Nungesser, né le 15 mars 1892 à Paris, disparu en mer le 8 mai 1927. Breveté le 2 mars 1915 (n° 1803). 43 victoires homologuées. Engagé volontaire pour la durée de la guerre, il passe à l’aéronautique militaire. Il accumule les victoires. Après la guerre, le Lieutenant Nungesser est affecté au service technique d’aéronautique. En 1926, il fait le projet de traverser l’Atlantique Nord dans le sens France-État-Unis avec comme équipier navigateur le Capitaine François Coli. L’avion est un bi-plan Levasseur baptisé "L’Oiseau Blanc". Le décollage à lieu le 8 mai 1927 du Bourget. Ils disparaitront en mer.

Cinquième As : Jean Chaput, né le 17 septembre 1893 à Paris, décédé le 6 mai 1918 à Montdidier. Breveté pilote le 10 juillet 1914 (n° 1718), Brevet pilote militaire le 21 novembre 1914 (n°638). 16 victoires homologuées. Étudiant brillant et sportif accompli, il demande à être affecté dans une unité d’aviation à la déclaration de guerre. Grièvement blessé au cours d’un combat aérien, le 6 mai 1918, il parvient à regagner les lignes françaises, mais décède de ses blessures après avoir atterri près de Montdidier.

Sixième As : Maxime Lenoir, né le 22 décembre 1888 à Chargé (37), mort au combat le 25 octobre 1916. Breveté pilote le 19 décembre 1913 (n°1564), brevet de pilote militaire (n°641). 11 victoires homologuées. Il vole sur Nieuport qu’il baptise « Trompe la mort ». Il remporte plusieurs victoires, consacré As selon les termes du Communiqué aux Armées le 1er août 1916. Le 25 septembre 1916, il remporte sa dernière victoire sur son Nieuport 17. Le 23 octobre sur son nouveau SPAD VII n°116, il meurt au combat au-dessus d’haraumont (Meuse).

Septième As : André Chainat, né le 7 mars 1892 à La Chapelle-Saint-Laurian (36), décédé le 6 novembre 1961 à Cannes (06). Breveté pilote le 12 novembre 1915 (n° 2511), brevet de pilote militaire (n° 1165). 11 Victoires homologuées. Nommé sergent, le 21 février 1916, il vole sur un Nieuport baptisé "l’Oiseau Bleu", avec lequel il remporte trois victoires. Il est blessé à la tête lors d’un combat aérien mais revient vite à l’escadrille. Il est de nouveau blessé aux commandes d’un SPAD VII, le 7 septembre 1916. Sa dernière victoire sera partagée avec le Lieutenant Georges Guynemer. Fatigué, il s’éloigne des combats jusqu’à la fin de la guerre. Il reprendra du service en 1939-1940.

Huitième As : Noël De Rochefort, né le 25 décembre 1887 à Cerdon (45), décédé le 23 septembre 1916 à Vermand (02). Breveté pilote le 14 août 1915 sur Farman (n° 2239), brevet de pilote militaire (n° 1319). 7 victoires homologuées. Le sergent vole sur Nieuport, bon pilote et bon tireur, il accumule cinq victoires en cinq mois, ce qui lui vaut d’être consacré As par le communiqué aux armées du 17 juillet 1916. Le 15 septembre 1916, grièvement blessé par des tirs de DCA, il est contraint de poser son Nieuport 17, dans les lignes allemandes. Evacué dans un hôpital par les troupes allemandes, il décède de ses blessures le 23 septembre 1916.

Neuvième As : Alfred Heurtaux, né le 25 mai 1893 à Nantes, décédé le 30 décembre 1985 à Cire-les-Mello (60). Breveté pilote le 17 avril 1915 sur Blériot (n° 1924), brevet de pilote militaire (n° 1001). 21 victoires homologuées. Reçu au concours de Saint-Cyr, en 1912. Il entre dans l’aviation, le 6 décembre 1914, comme observateur. Le 5 mai 1917, il est grièvement blessé par deux fois au cours de combats aériens. Il est affecté à la mission franco-américaine, puis au cabinet du sous-secrétariat à l’Aéronautique. Il réintègre l’active en septembre 1939. Résistant, il est arrêté le 3 novembre 1941, transféré à Düsseldorf, puis à la prison de Berlin et déporté à Buchenwald en mars 1945. Il est promu Général de brigade aérienne, le 25 décembre 1945.

Dixième As : René Dorme, né le 30 janvier 1894, décédé le 25 mai 1917 aux alentours de Reims. Breveté pilote le 24 avril 1915 (n° 1933). 23 victoires homologuées. Le 25 mai 1917, après une première sortie le matin et avoir abattu un Albatros C, il redécolle à 18h40 en compagnie du Lieutenant Albert Deullin pour effectuer "une ronde sur les lignes ennemies". Les pilotes français à bord de leurs SPAD VII croisent un groupe de 4 à 6 chasseurs allemands à l’Est de Reims et engagent le combat malgré leur infériorité numérique. Le Lieutenant Albert Deullin rapportera avoir vu le Sous-lieutenant René Dorme descendre en flammes l’un des appareils ennemis, avant de disparaitre. René Dorme ne rentrera pas de cette mission.

Onzième As : Albert Deullin, né le 24 août 1890 à Epernay (51), décédé le 29 mai 1923 à Villacoublay (78).  Breveté pilote sur Farman le 14 juin 1915 (n° 2078), brevet de pilote militaire (n° 988). 20 victoires homologuées. Blessé au combat au cours d’une patrouille, le 28 juillet 1917, il est hospitalisé jusqu’au 1er septembre 1917.  Nommé Capitaine le 14 octobre 1917, il prend le commandement GC 19. Après la guerre, il devient Chef pilote de la compagnie franco-roumaine de navigation aérienne (CFRNA) et inaugure la ligne Paris-Strasbourg, le 20 septembre 1920, qu’il prolonge jusqu’à Prague, le 17 octobre 1920. Il se tue dans un accident aérien aux commandes d’un prototype de chasseur monoplace de Marcay sur le terrain de Villacoublay, le 29 mai 1923.

Douzième As : Mathieu Tenant de la Tour, né le 5 décembre 1883 à Paris, décédé le 17 décembre 1917 à Auchel (62). Breveté pilote le 6 mai 1915. Brevet de pilote militaire (n° 1029). 9 victoires homologuées. Il est affecté à la MS57/N57 où il remporte une victoire contre un Drachen en janvier 1916, puis est muté à la N3 avec sept nouvelles victoires. Il est consacré As après sa cinquième victoire par le communiqué aux armées du 29 août 1916. Promu Commandant de l’Escadrille N26, il vole sur SPAD VII. Au cours d’une présentation acrobatique au-dessus d’un terrain d’aviation anglais à Auchel (62), le 17 décembre 1917, son palonnier se bloque et son SPAD XIII, devenu incontrôlable, s’écrase au sol.

Treizième As : Victor Sayaret, né le 3 décembre 1889 à Annonay (07), décédé le 19 juillet 1980. Breveté pilote sur Blériot, le 1er avril 1915 (n° 1815), brevet de pilote militaire (n° 846). 7 victoires homologuées. Il est affecté à l’escadrille V24, le 16 mai 1915. Dès le 18 juin, il remporte sa première victoire à bord d’un biplan Voisin. Il rejoint l’escadrille de chasse N57 et obtient cinq victoires en quelques mois. Le 16 août 1916, il rejoint l’escadrille N76 et ajoute une septième victoire à son palmarès. Il affecté à l’école du tir aérien de Cazaux, le 23 décembre 1917 jusqu’à la fin de la guerre. Il intégrera Air France à sa création en 1933.

Quatorzième As : Paul Tarascon, né le 8 décembre 1882 à Le Thor (84), décédé le 11 juin 1977 à Levallois-Perret (92). Breveté pilote sur Blériot le 14 décembre 1914 (n° 1741), brevet de pilote militaire (n° 700). 12 victoires homologuées. Il s’initie à l’aviation dès 1911, sur un Blériot XII. Il est victime d’un grave accident, ce qui lui vaut 10 mois d’hôpital et l’amputation de son pied droit. Muté pendant quelques mois à l’École d’aviation de Pau, comme moniteur, il demande son affectation dans une unité combattante. L’Adjudant Paul Tarascon est nommé meilleur pilote de l’escadrille 62 où il remporte ses 12 victoires et y restera jusqu’ à la fin de la guerre. Pendant la seconde guerre mondiale, Paul Tarascon prit une part importante dans la résistance en organisant l’accueil d’agents secrets envoyés par Londres.

Quinzième As : Lucien Jailler, né le 23 novembre 1889 à Le Coteau (44), décédé le 2 juin 1921 à Saint-Léger-sur-Roanne (44). Breveté pilote le 10 novembre 1911 (n° 682), brevet de pilote militaire (n° 349). 12 victoires homologuées. Le 1er avril 1915, il est affecté à l’escadrille MS15/N15 et est nommé sergent. Il obtient sa première victoire avec son petit Nieuport X1, le 8 mars 1916. En juin, après avoir abattu un ballon d’observation allemand, comptant pour sa quatrième victoire, Lucien Jailler est nommé Adjudant. Il enchainera sa série de victoires jusqu’au 12 juin 1917, date à laquelle il abat son douzième avion ennemi. Il est promu au grade de Sous-lieutenant, le 22 août 1917. Le 23 novembre, il devient instructeur et meurt de maladie, le 2 juin 1921.

Seizième As : Marcel Viallet, né le 21 août 1887 à Lyon (69), décédé le 21 septembre 1925 à Briançon (05). Breveté pilote sur Blériot le 12 novembre 1915 (n° 2533). 9 victoires homologuées. À la déclaration de guerre, il demande à devenir pilote et obtient son brevet. Il est affecté à l’escadrille C53 et remporte deux victoires sur Caudron. Il rejoint l’escadrille de chasse N67 en juin 1916 et remporte 7 nouvelles victoires. Descendu 3 fois, il s’en sort indemne à chaque fois. Il est consacré As par communiqué aux armées le 3 octobre 1916, après sa cinquième victoire. Il décède de maladie le 21 septembre 1925.

Dix-septième As : Marcel Bloch, né le 21 juillet 1890 à La Chaux-de-Fonds (Suisse), décédé le 31 mars 1938 à Prague. Pilote civil confirmé aux États-Unis avant la déclaration de guerre. Breveté pilote militaire le 12 octobre 1915. Il se spécialise dans la destruction des ballons d’observation et cumule 7 victoires dont 5 victoires homologuées dans l’escadrille N62. Envoyé sur le front Russe, il est grièvement blessé en mai 1917. Il est attaché au secrétariat de l’aviation, et part en mission française aux États-Unis. Le Sous-lieutenant Marcel Bloch décèdera le 31 mars 1938 lors d’une mission en Tchécoslovaquie.

Dix-huitième As : Paul Sauvage, né le 5 février 1897 à Villefranche-sur-Saône (69), décédé le 7 janvier 1917 à la Maisonnette (80). Breveté pilote sur Caudron G3 le 29 mars 1919 (n° 3234). 8 victoires homologuées. À moins de 19 ans, Paul Sauvage s’engage pour la durée de la guerre. Il vole sur Nieuport et, dès le 9 juillet 1916, obtient sa première victoire. Sa cinquième victoire le consacre As le 2 octobre 1916. C’est le benjamin des As. Nommé sergent le 20 septembre 1916, il passe sur SPAD VII et obtient trois nouvelles victoires avant d’être lui-même abattu par la DCA, le 7 janvier 1917.

Dix-neuvième As : Georges Flachaire, né le 24 octobre 1892 à Grasse (06), décédé le 30 avril 1973 à Caracas (Venezuela). Breveté pilote sur REP le 19 avril 1916 (n° 3366). Incorporé au 2ème groupe d’aviation le 3 août 1914, il rejoint l’escadrille de chasse N67, dans laquelle il totalise sept victoires homologuées. Il est consacré As après sa cinquième victoire le 22 octobre 1916 et est inscrit dans le communiqué officiel du 23 novembre 1916 pour avoir abattu son 6ème avion. Après la guerre, il est l’un des tout premiers pilotes à faire de la publicité aérienne. 

Vingtième As : Edmond Dufaur de Gavardie, né le 20 janvier 1890 à Rouen (76), décédé le 4 octobre 1966 à Villeneuve-les-Avignon (30). Breveté pilote le 25 juin 1915 (n° 2107), brevet de pilote militaire (n° 1169). 6 victoires homologuées. Il est affecté à l’escadrille N12 en février 1916, où il vole sur Nieuport. Grièvement blessé en janvier 1917, il est hospitalisé et, après guérison, est chargé de réceptionner 150 SPAD VII pour le compte de la Société d’études aéronautiques.

Vingt-et-unième As : Robert de Bonnefoy, né le 29 octobre 1894 à Hauterive (01), décédé le 27 septembre 1946. Breveté pilote sur Deperdussin (n° 1204). 6 victoires homologuées. Robert de Bonnefoy est d’abord affecté dans un groupe de bombardement puis passe à l’escadrille de chasse N65 en 1916. Il vole sur Nieuport. Il décède dans l’Ain le 27 septembre 1946 par hydrocution.

Vingt-deuxième As : Léon Vitalis, né le 15 février 1890 à Lodève (34), décédé le 17 août 1941 à Lodève (34). As aux 7 victoires homologuées, Léon Vitalis, réformé mais néanmoins volontaire s’engage pour la durée de la guerre en février 1916. Il rejoint l’escadrille N67 en qualité de mitrailleur et vole sur des Nieuport biplaces, avec différents pilotes. L’adjudant-Chef Léon Vitalis a été consacré As par un communiqué des armées après sa cinquième victoire.

Vingt-troisième As : Jean Loste, né le 4 septembre 1894 à Toulon (83), décédé le 26 juillet 1960 à Bandol (83). Breveté pilote sur Blériot le 7 novembre 1913 (n° 1533), brevet de pilote militaire (n°832). 7 victoires homologuées.  Au début de la guerre, il est incorporé au 27ème régiment d’infanterie, il passe l’année suivante à l’escadrille de reconnaissance et de bombardement C56, puis à la C46 en juillet 1916. Il remporte ses victoires sur son Caudron triplace avec les mitrailleurs Martin ou Vitalis. Abattu deux fois par la DCA allemande, il est sérieusement blessé et subit plusieurs trépanations.

Vingt-quatrième As : Louis Martin, né le 18 octobre 1895 à Paris, décédé le 27 janvier 1920. Enfant de l’assistance publique, il a 20 ans quand il est affecté à l’escadrille de reconnaissance et de bombardement C46. Il vole sur Caudron triplace en qualité de mitrailleur et se couvre de gloire en abattant 6 avions ennemis, avec le même pilote le Lieutenant Jean Loste.

Françoise Vignon

20/04/2022

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