Premier corps de pilotes militaires féminins

27/01/2022 - 6 min. de lecture

Premier corps de pilotes militaires féminins - Cercle K2

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Françoise Vignon est Membre de l'Aéroclub de France et Lieutenant Colonel Réserve citoyenne de l’Armée de l’Air et de l’Espace

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C’est sous l’impulsion de Charles TILLON, nommé ministre de l’Air dans le premier gouvernement de Charles de GAULLE, que se créé le "Premier corps de pilotes militaires féminins", le 9 septembre 1944.  Malheureusement, la mort de Maryse HILSZ le 30 janvier 1946, victime du mauvais temps, qui s'écrase dans la région de Bourg-en-Bresse à bord de son Siebel 204 du GLAM (Groupe de liaisons ministériel) mettra fin à cette expérience dans les premiers mois de 1946. Ce n’est qu’en 1982, que l’Armée de l’Air reprendra le recrutement de femmes pilotes.

Les aviatrices retenues pour ce "Premier corps de pilotes militaires féminins" sont toutes titulaires dans l’entre-deux guerres d’un brevet civil.  Ces aviatrices de renom surnommées les "13 Amazones de l’Air" ou encore les "13 Grâces" sont : Andrée DUPEYRON, Elisabeth LION, Yvonne JOURION, Maryse BASTIE, Maryse HILSZ, Paulette BRAY-BOUQUET, Suzanne MELK, Geneviève LEFEBVRE-SELLIER, Yvette GROLLET-BRIAN, Anne-Marie IMBRECQ, Gisèle GUNEPIN, Françoise MARZELLIER, et Elisabeth BOSELLI. Six autres jeunes femmes les rejoindront l’automne suivant : Janine ELISSETCHE, Paulette DESAMERE, Evelyne BOISNARD, Suzanne MILLET, Colette FAVRET et Denise GAUDINEAU.

 

Premier Portrait - Elisabeth BOSELLI

Née, le 11 mars 1914 à Paris - Décédée, le 25 novembre 2005 à Lyon à l’âge de 91 ans/

Pilote méconnue, Elisabeth BOSELLI, est brevetée au sortir de la seconde guerre mondiale. Elle n’eut de cesse tout au long de sa carrière, de multiplier les exploits, détentrice de huit records du monde.

Le 10 janvier 1938, elle obtient le brevet de pilote de tourisme 1er degré. Elle entre dans l’Armée de l’Air, dans le "Premier corps de pilotes militaires féminins", au grade de sous-lieutenant en 1944. Elle est jugée apte à voler sur le meilleur avion de la campagne de France (Le Dewoitine D520). Elle passe avec succès les épreuves du brevet militaire de pilote de chasse. Elle est brevetée le 12 février 1946.

En 1947, Élisabeth BOSELLI se tourne vers le vol à voile sur un Kranich, un planeur allemand biplace avec lequel elle bat le record du monde féminin en altitude atteignant 4 800 mètres.

En 1948, c’est sur un planeur Meise qu’elle emporte sa seconde victoire à 5 600 mètres.

En 1951, elle obtient son brevet d’hydravion.

En 1952, l’Armée de l’Air lui demande de rejoindre l’escadrille de présentation basée à Etampes, équipée de Stampe. C’est la patrouille acrobatique que l’animateur Jacques NOETINGER nommera "la Patrouille de France".

En 1954, après quelques vols en double commande sur Morane-Saulnier MS-475 Vanneau, elle est lâchée seule sur Republic P-47 Thumberbolt.

Le 17 juin 1954, elle rejoint l’école de chasse de Meknès au Maroc pour être lâchée seule sur De Havilland Vampire et Lockheed T-33 Shooting Star, totalisant 36 heures 30 minutes de vol sur avion à réaction.

Le 26 janvier 1955, Elisabeth BOSELLI remporte le record du monde féminin de vitesse en circuit fermé de 1000 kilomètres sur le trajet Mont-de Marsan / La Ciotat avec 746.2 Km/h. Un mois plus tard, elle enlève le record du monde féminin de distance en circuit fermé Mont-de-Marsan / Oran / Mont-de-Marsan avec 1840 Kilomètres.

Le 1er mars 1955, elle bat le record du monde toutes catégories de distance en ligne droite de Creil à Agadir avec2 331.2 Kilomètres en 3 heures 30.

En 1957, pendant la guerre d’Algérie, elle devient la "factrice" du ciel en acheminant et distribuant le courrier des troupes.

Distinctions : Officier de la Légion d’honneur, Médaille de l’Aéronautique

Élisabeth BOSELLI s’inscrit dans la longue lignée des femmes pilotes militaires.

 

Deuxième Portrait - Andrée DUPEYRON née MAILHO

Née, le 10 décembre 1902 à Ivry sur Seine - Décédée, le 22 juillet 1988 à Mont-de-Marsan.

Andrée MAILHO-DUPEYRON, est la première femme "landaise" à piloter un avion. Elle rencontre à l’âge de 16 ans son mari Gustave DUPEYRON mécanicien qui lui apprend le pilotage d’un avion à hélice. Elle obtient son brevet de pilote de tourisme, puis le brevet de pilote professionnel.

En mai 1938, Andrée DUPERYRON bat le record féminin de distance en ligne droite sans escale. Elle parcourt 4 360 km entre Oran en Algérie et Tel El Aham en Irak. Ce record du monde fait de cette mère de famille de 36 ans une héroïne dans tout le pays et inspire en 1944 (sous l'occupation allemande) le film "Le ciel est à vous" de Jean Grémillon. Onze ans plus tard, en 1949, elle récidive en tentant de relier Mont-de-Marsan en France à Jiwani en Inde, en parcourant seule 5 932 km, après 31h23 min de vol.

Durant l'hiver 1944-1945, elle fait partie du premier groupe de femmes pilotes recrutées pour le "Premier corps de pilotes militaires féminins". Elle est brevetée pilote avec le grade de sous-lieutenant et en 1946, élève pilote du Centre de Vol à voile de la Montagne Noire. Elle est la marraine d'une escadrille qui porte son nom.

Elle meurt le 22 juillet 1988. Andrée DUPEYRON est inhumée au cimetière du Centre de Mont-de-Marsan. Une rue de Lyon porte son nom (Promenade Andrée DUPEYRON).

 

Troisième Portrait - Maryse HILSZ née Marie-Antoinette HILSZ

Née le 7 mars 1901 à Levallois-Perret - Décédée le 30 janvier 1946 au Moulin-des-Ponts (Ain) à l’âge de 44 ans dans un accident d’avion.

En 1924, Maryse HILSZ s’inscrit à un concours de saut en parachute, se lançant ainsi dans le parachutisme d’exhibition (plus de 112 sauts, dont 20 en double) pour le compte d’une société d’aviation, ce qui lui permet de financer l’obtention de son brevet de pilote, décerné le 21 avril 1930.

Maryse HILSZ est détentrice de nombreux records de vitesse et de distance en avion. Le 9 novembre 1931, elle part pour relier Paris à Saïgon seule à bord d'un Morane Moth à moteur Gipsy. Elle atteint l'Indochine le 5 décembre. 

Le 31 janvier 1932, elle se lance sur un Farman 291, accompagnée du mécanicien Dronne sur le trajet Paris-Madagascar qu'elle atteint seulement le 31 mars, après avoir été bloquée plus d'un mois à Birni N'Konni au Niger. 

Le 10 août 1932, après 3 mois d'entraînement, elle bat le record du monde d'altitude féminin à 9 791 m à Villacoublay sur un Morane-Saulnier Jockey. Cette performance lui vaut d'être nommée Chevalier de la Légion d'honneur.

Le 1er avril 1933, Maryse HILSZ relie Paris à Tokyo sur un Farman 291 baptisé "Joé II". Elle y parvient en 15 jours après une escale à Hanoï. à son retour, le Ministère de l'Air lui offre un Breguet 330.

Elle décolle le 26 janvier 1934 pour Tokyo mais, le 31 janvier, son avion est sévèrement endommagé, Maryse HILSZ n'arrive à Tokyo que le 6 mars, soit 39 jours après son départ. Elle s'y voit décerner la Grande Médaille d’or de la Société impériale de l'aviation japonaise. 

Le 11 juin 1935, Maryse HILSZ s’attaque à son propre record d'altitude et atteint 11 265 m sur un Morane-Saulnier 275. En août 1935, sur Breguet 27, elle remporte la première coupe Hélène Boucher sur le Paris-Cannes, en 2h29 à la vitesse moyenne de 277 km/h. 

L'année suivante elle remporte de nouveau la Coupe Hélène Boucher, parcourant le trajet Paris-Cannes en 1h52 à la vitesse moyenne de 366,7 km/h sur Caudron Rafale.

Le 23 juin 1936, sur un Potez 50 de 900 chevaux, nouveau record à 14 310 m. Le 19 novembre 1936, à Istres, alors qu’elle tente de battre le record de vitesse féminin sur base avec un Caudron C.640 Typhon, elle est éjectée de son siège et sauvée par son parachute.

Le 19 décembre 1937, elle décolle d’Istres à bord d'un Caudron C.635 Simoun en direction de Bassorah en vue de récupérer le record de distance en ligne droite, détenu par l'Américaine Amelia Earhart. Un fort vent de face augmente sa consommation de carburant et l’oblige à changer d'objectif, elle décide d'améliorer le record de vitesse sur le trajet Paris-Saïgon détenu depuis décembre 1935 par André Japy. Elle se pose à Saïgon le 23 décembre et ravit le record en effectuant le trajet en 92h31. 

Le 30 décembre 1938, elle bat le record distance sans escale pour un avion de première catégorie, un Caudron Simoun, en réalisant Istres–Port-Étienne (Mauritanie), soit 3 230 km.

En 1939, elle est mobilisée avec trois autres pilotes, Maryse BASTIÉ, Claire ROMAN et Paulette BRAY-BOUQUET pour convoyer des avions vers le front. Avec le décret du 27 mai 1940, qui autorise la création d'un corps féminin de pilotes auxiliaires, elle poursuit les convoyages. Le corps féminin est dissous le 1er septembre de la même année, avec la débâcle de l'armée française.

Durant la guerre, Maryse HILSZ s'engage dans la Résistance en 1941. Lors d'une de ses missions, elle fait un amerrissage forcé du côté d’Arsuz (Turquie).

En tête de liste des femmes pilotes admises dans l’armée de l’air, Maryse HILSZ est nommée sous-lieutenant et affectée au Groupe de liaisons aériennes ministérielles (GLAM). Le 30 janvier 1946, victime du mauvais temps, elle trouve la mort en s'écrasant dans la région de Bourg-en-Bresse à bord de son Siebel 204 du GLAM, avec les sous-lieutenants Martin, Bétou et Rousset. À cause du givrage, ses commandes se sont bloquées et la queue de l’appareil a éclatée. Elle est inhumée au cimetière de Levallois-Perret.

Distinctions : Prix Monique Berlioux de l'Académie des sports en 1936 (meilleure performance sportive féminine de l'année), Officier de la Légion d'honneur en 1937, Médaille de l'Aéronautique à titre posthume, Grande Médaille d’or de la Société impériale de l'aviation japonaise en 1934

Françoise Vignon

27/01/2022

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