Etat et entreprises : les vertus de la coopération

05/07/2023 - 3 min. de lecture

Etat et entreprises : les vertus de la coopération - Cercle K2

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Guillaume Ressot est Associé d’Image 7, membre du Comité de direction & Consultant au Pôle affaires publiques.

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Face à un monde de plus en plus incertain, l’Etat s’impose comme une valeur-refuge. Le regard porté sur la mondialisation a changé face à la montée des risques. Multiplication des cyber-attaques, menaces pandémique ou écologique produisant de plus en plus d’états de catastrophe naturelle, insécurité intérieure, difficultés aussi pour les assureurs à prendre en charge ces nouvelles sinistralités, tous ces nouveaux risques poussent les acteurs à se tourner vers l’Etat. 

BPI[1] en 2012, SGPI[2] en 2017 pour financer les technologies de demain et la réindustrialisation 4.0, SGPE[3] en 2022 pour assurer la planification écologique, l’Etat renforce ou crée de nouveaux instruments de pilotage et de financement. Les nouvelles menaces exigent aussi un besoin d’autonomie stratégique, notamment en matière numérique, d’IA ou d’informatique quantique, autant pour protéger nos données et nos secrets industriels que pour mettre sur les rails la croissance de demain. 

Mais contrairement à l’économie administrée du passé, l’Etat joue un rôle de chef d’orchestre. Quand il fait pression sur les parties prenantes en matière de grande distribution ou pour accélérer la prise en charge des pertes d’exploitation ou lorsqu’il menace d’une nouvelle taxe, il pratique ce que les anglo-saxons appellent le soft power. 

L’exigence démocratique, aussi, s’est renforcée avec la demande collective d’une entreprise toujours plus citoyenne.  Cette nouvelle approche prend en compte son impact externe vers ses parties prenantes worldwide, sur des terrains comme l’écologie ou l’inclusion, mais aussi interne avec une participation plus active des salariés. 

Comment les entreprises doivent-elles se positionner face à cette nouvelle donne ? 

Traditionnellement en France, monde de l’entreprise et sphère publique avaient coutume de s’ignorer. Par méfiance réciproque, par commodité aussi, chacun renvoyant à l’autre la responsabilité des dysfonctionnements. « Pour vivre heureux, vivons cachés » était le mot d’ordre des entreprises. Hormis certains grands groupes ou celles qui vivent de la commande publique, le besoin de parler aux pouvoirs publics n’était pas perçu. L’interface avec la puissance publique relevait plutôt des organisations professionnelles. 

Depuis quelques années, l’Etat a compris qu’il ne peut plus se substituer à l’initiative privée car il sera moins efficace. La puissance publique a désormais besoin des entreprises pour avancer et les entreprises ont besoin de l’Etat en dernier ressort, comme la crise sanitaire l’a montré avec l’aide massive apportée à l’ensemble de l’économie réelle. 

De nouveaux types de coopérations pérennes restent à inventer au-delà des situations d’urgence. Dans ces interactions, l’apport du monde économique devient essentiel. L’expertise des affaires publiques consiste aujourd’hui à rapprocher les mondes et permettre à tous de parler la même langue. L’intermédiaire, spécialiste de l’ingénierie de la décision publique, y contribue en fournissant conseil stratégique, éléments techniques et portes de sortie politiques. 

L’Etat doit certes apprendre à penser comme les entreprises tout en se rendant accessible mais l’entreprise doit aussi maitriser le logiciel « intérêt général ». Elle ne peut donc plus se permettre d’ignorer les grandes tendances du débat public car elle sera jugée sur l'ensemble de ses actes. 

Le risque réputationnel qui touche l’entreprise restée myope et sourde aux enjeux sociaux, sociétaux ou environnementaux est là pour le leur rappeler. L’opinion du consommateur-citoyen peut la mettre à la merci d’une campagne de dénigrement grâce à la viralité des réseaux sociaux. On l’a vu au moment de la guerre en Ukraine… Il faut savoir réagir vite et contre-proposer !

En France, l’idéologie a la vie dure. Les ONG prétendent incarner, seules, l’intérêt général pour mettre à l’amende ou sous coupe réglée les entreprises qui y répondent par une stratégie de retardement ou d’évitement au nom de la compétitivité. 

Il faut sortir du cercle vicieux de la non-coopération et renforcer cette intelligence de la co-construction pour que l’entreprise puisse devenir le partenaire équilibré dont les pouvoirs publics ont besoin. 

Guillaume Ressot 

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[1] Banque Publique d’Investissement

[2] Secrétariat général pour l’Investissement

[3] Secrétariat général pour la planification écologique

05/07/2023

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