Pour quoi meurt-on ?

12/01/2023 - 13 min. de lecture

Pour quoi meurt-on ? - Cercle K2

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Le Général (2s) Jean-Luc Favier est Président de RISKANTICIP Conseil.

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« Ce pour quoi tu acceptes de mourir, c’est cela seul dont tu peux vivre ». Antoine de Saint-Exupery. 

Pour quoi faudrait-il mourir ?

« Drôle » d’époque que celle que nous vivons, comme une impression de fin de cycle, de saut dans l’inconnu, sur fond de déni et d’aveuglement, caractéristiques propres aux civilisations qui meurent ou vont mourir, mais ne le savent pas encore. Pourtant, l’heure de vérité semblant approcher, où nous saurons ce que nous valons vraiment, il est peut-être encore temps de se ressaisir. Nos ancêtres, ceux de Bouvines, de Denain, de Valmy, d’Austerlitz, de Verdun, du 18 juin, des maquis et des pelotons d’exécution, méritent bien ce petit effort. En fait, c’est bien d’un effort dont il s’agit…mais j’exagère juste un peu : il ne peut plus être « petit », car l’entreprise est en réalité titanesque.

La mère de toutes les questions

Le drame central de nos démocraties occidentales, même si elles n’en ont probablement pas (encore) pris conscience, est leur incapacité à proposer à leurs citoyens, en les y faisant adhérer, une réponse claire et simple à une question véritablement existentielle (à tous les sens du terme) : pour quoi faut-il se battre et, si nécessaire, mourir ?

Si vous me permettez ce raccourci un peu trivial : c’est, vraiment, pourtant, « la mère de toutes les questions ».

Plusieurs événements ou informations m’ont convaincu de partager ces modestes réflexions, qui viennent prolonger et compléter ce que j’ai déjà pu écrire sur ce réseau.

Le premier fut ce psychodrame un peu « lunaire », du drapeau européen que des responsables, à mon sens peu inspirés, avaient pris la décision de faire flotter seul sous l’Arc de Triomphe, il y a quelques mois. Certes, tout est politique, objectera-t-on, et la conjonction de la Présidence française du conseil de l’Union européenne, et d’élections nationales, sur fond de guerre en Ukraine, n’est sans doute pas étrangère à ce geste qui, pour certains (j’en suis), fut une faute, mais pour une probable majorité de Français, une conséquence logique et au fond anodine d’un engagement européen, dont la portée et les conséquences ne sont pourtant jamais réellement mesurées pour ce qu’elles sont. Mais quelques mois après, personne ne s’est réellement offusqué de l’indigne danse du ventre de Mme Von der LEYEN, devant M. ALIYEV, dictateur azéri et bourreau des Arméniens, proxy de la politique pan-turque de M.ERDOGAN, tout cela pour l’achat de gaz à Bakou, au nom de « valeurs et principes communs », qui ne valent cependant que lorsqu’il s’agit de clouer au pilori des gouvernements d’Etats-membres jugés déviants. Est-ce donc pour cela qu’il faudrait à présent envisager de pouvoir se battre, et mourir ?

Le deuxième, ce sont les réflexions et débats tout aussi navrants qu’interminables sur la future LPM, du fait de cette incapacité de nos politiques à trancher sur les moyens de nos armées, en entretenant la procrastination comme un mode de fonctionnement devenu habituel, en particulier dès lors qu’il s’agit de sujets importants.  Pourtant, chacun s’accorde à présent sur ce double-constat crucial :  d’une part celui que notre outil de défense ne pourrait conduire à l’heure actuelle, mais aussi dans un futur proche, si rien n’est fait, une guerre de haute intensité (et d’une autre dimension que la guerre d’Ukraine), et celui de l’extrême dangerosité du monde, d’autre part. Le ministre des Armées annonce « des choix difficiles et de profondes transformations » : pour qui sait lire entre les lignes, cela ne convoque pas forcément les meilleurs souvenirs, car l’heure de vérité est, sans aucun doute possible, pour demain.

Le troisième et dernier, beaucoup plus proche dans le temps et « non français » cette fois, et presque risible, est cette information, assez incroyable, portant sur la démarche de près d’un millier de militaires allemands, qui ont exprimé auprès du gouvernement fédéral, leur volonté de ne pas être déployés dans une zone de guerre (!). Incroyable ? Oui, si on pense que, sans rire, l’Allemagne entend à présent se doter de la « première armée d’Europe ». Inédit ? Pas tant que cela. En réalité, et bien avant tout ceci, rappelons-nous que, pendant la première guerre du Golfe, le président Mitterrand avait décidé de ne pas engager les bâtiments du groupe aéronaval français à proximité des zones d’opérations, parce que les équipages de ces bâtiments comportaient des appelés du contingent. Cette décision, d’une certaine façon, avait, peut-être inconsciemment, déjà acté la fin du service militaire. Dans ses effets, elle était au fond assez annonciatrice, outre-Rhin, de la démarche de ces « militaires » allemands, mais elle était (et reste) tout aussi révélatrice de cette absence de sens qui mine nos sociétés occidentales. Le ver était, pour ainsi dire, déjà dans le fruit.

Perte ou absence de sens

En réalité, le mal couve en effet depuis longtemps. Comme j’ai à plusieurs reprises eu déjà l’occasion de l’écrire ici même, quand tout se vaut, plus rien ne vaut. L’idée et le concept mêmes de Nation, de citoyenneté, ont été progressivement vidés de leur sens, comme lentement ingérés puis dissous dans un vague « idéal » européen, lequel a surtout conduit les peuples du continent dans une forme de fuite en avant autant rapide que vertigineuse, vers toujours plus de droits à jouir, et en parallèle toujours moins de devoirs. « La faute à l’Europe » ? Oui et non, et en tout cas un peu facile : l’Union, telle qu’elle est actuellement, est le produit de la volonté des Etats qui la composent…même si, pour ce faire, on a pu assister, avec le traité de Lisbonne, à un tour de passe-passe lourd de conséquences, en ce qu’il a donné aux Français (et aux autres) le sentiment (fondé, je pense), que leur avis n’importait pas ou plus.

Quoi qu’il en soit, et le drame ukrainien nous en apporte tous les jours la preuve, nos sociétés semblent bien fragiles, comme tétanisées et en total décalage par rapport aux enjeux et questionnements du conflit en cours et, au-delà, par rapport aux menaces, d’une bien autre ampleur, qui nous attendent dès demain. A l’inverse, et cela explique sans doute les surprenantes performances de l’armée et du peuple ukrainiens : eux savent pourquoi et pour quoi ils se battent et meurent. En négatif, le même raisonnement peut a contrario s’appliquer pour les militaires russes, même si le conflit est loin d’être terminé et d’avoir livré tous ses enseignements.

Vision en berne et « priorités » à l’avenant

Là où d’autres faisaient le choix de défendre leurs libertés face à un Etat et/ou des souverains potentiellement prédateurs, notre pays s’est, à travers son Histoire, construit autour du principe que, précisément, c’est le souverain et l’Etat qui, de façon parfois brutale, pourvoyaient à son quotidien et assuraient sa survie comme sa grandeur, notamment face à la rapacité des féodaux. La Révolution Française n’a nullement extirpé cela de l’ADN national : elle s’en est au contraire nourrie, pour donner à la France une mission et une dimension « messianiques » et brandir à la face du monde des valeurs devenues ou qu’elle a proclamées universelles. C’est ainsi que la République s’est lancée dans l’aventure coloniale.

La France d’aujourd’hui apparaît cependant en décalage frappant par rapport à un héritage qu’elle ne semble plus en capacité d’assumer et encore moins de porter.

Pire, l’Etat semble s’être désincarné, pour laisser la place à une technostructure et une bureaucratie, autant suffisantes qu’insuffisantes, en totale déconnexion par rapport aux besoins de la société et de citoyens qui, pour beaucoup d’entre eux, finissent par se sentir comme transparents dans leur propre pays.

L’héritage du CNR et le nouveau contrat social, qu’il induisait, sont à présent des vestiges du passé. Comme le naufragé qui pour flotter s’accroche à ce qu’il peut trouver, la France se rassure en contemplant les oripeaux de sa grandeur passée : dissuasion nucléaire indépendante, siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies, francophonie, industrie de défense encore à peu près intacte, grands groupes du CAC 40…

Oui, mais quelques exemples, pas bien compliqués à trouver, viennent hélas gâcher cette belle illusion…

Le système de santé, qui faisait la fierté du pays et garantissait à chacun le droit et l’accès à des soins de qualité? La crise sanitaire a mis en évidence son dénuement, au point que l’on a pu, dans ce sujet pourtant central pour la cohésion nationale, parler de « tiers-mondisation », sur fond de bureaucratisation ahurissante. Un exemple ? Plutôt que de fixer enfin une tarification digne des consultations des généralistes (actuellement l’une des plus basses d’Europe), en valorisant des médecins paupérisés et en optant ainsi pour des soins décents pour les générations actuelles et futures, c’est le choix de la gratuité des préservatifs pour les mineurs qui a été fait…on voit hélas où se situent les priorités : le droit à la jouissance immédiate, et le court terme.

L’école ? Dieu qu’elle est loin, celle qui avait produit Marcel Pagnol, André Gide, Marc Bloch, Albert Camus, mais aussi des fils de l’immigration tels que Max Gallo. Le naufrage auquel nous assistons se traduit par au moins deux générations sacrifiées : les dégâts seront-ils rattrapables ? Rien n’est moins sûr. Pire, on enseigne à notre jeunesse un roman noir, que l’on a irrémédiablement substitué à un roman national, certes enjolivé, mais qui nous a pourtant tous fait rêver. Comment, dans ce cas, convaincre des jeunes Français, issus pour beaucoup de cultures « différentes » et notamment de nos anciennes colonies, que leur pays « vaudrait » que l’on se batte et que l’on meure pour lui, alors qu’il est, presque toujours à charge, présenté comme le bourreau de leurs ancêtres ?

Le droit à la sécurité ? Pour diverses raisons, que j’avais pu précédemment développer, l’échec est patent et est illustré par une évidente différence de traitement, selon les secteurs et les parties du territoire national où on habite : aucun des journalistes qui commente des « faits divers » toujours plus terribles, ne demeure en Seine Saint-Denis ou dans les quartiers Nord de Marseille, alors que ce sont les plus faibles et les plus fragiles qui pâtissent de cette situation. Déjà, comme on avait pu le craindre, on commence ici et là à se faire justice soi-même et on voit des communautés se dresser les unes contre les autres. Pourtant, on continue, avec une obstination qui en d’autres circonstances pourrait presque susciter l’admiration, à ne s’attaquer qu’aux effets, sans jamais vraiment traiter les raisons d’une situation qui, hors de contrôle, pourrait nous conduire à un scénario « à la libanaise ». C’est bien connu, « Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ». Des sommes considérables sont et seront ainsi dépensées, sans réelle stratégie de fond, pour en théorie faire respecter un « ordre républicain » et un Etat de droit dont on ne perçoit plus, pour le premier, l’existence, et pour le second, le sens. Soit, mais de quel droit parle-t-on au juste ? Là est une autre question centrale.

Le chêne de Saint-Louis

Une autre mission fondamentale de l’Etat, la Justice, illustre, de façon emblématique, l’absence de boussole et, pire encore, la perte de confiance du citoyen envers ceux dont la fonction, noble entre toutes, est de protéger les intérêts de la société.

Pourtant, dans leur écrasante majorité, les magistrats méritent respect et reconnaissance pour la façon dont, tant bien que mal, ils assurent leur mission. Le problème est qu’ils appliquent un Droit qu’ils ne font pas, et sur l’interprétation duquel leur marge de manœuvre paraît se réduire d’année en année. C’est que ce Droit est, de plus en plus, défini à Bruxelles et Strasbourg. On le constate tous les jours, par exemple à travers cette incapacité chronique à ordonner, maîtriser et réguler les flux migratoires, malgré toutes les professions de foi, répétées à l’envi la main sur le cœur : l’impuissance est patente et presque assumée, dans une forme de résignation sur fond de rodomontades de façade. Là encore, quand on ne voit plus ni ne sait plus trop où se situe la souveraineté, notamment celle, juridique, qui régit le quotidien des gens, comment penser que les citoyens puissent avoir conscience qu’il existe encore un Etat ? Et, par voie de conséquence, comment imaginer qu’ils puissent et sachent se mobiliser pour « rendre » à l’Etat, par l’impôt du sang, ce qu’ils lui doivent ? Dans ce domaine, je pense, au risque de choquer, qu’il serait temps de « reprendre le pouvoir » et de fixer des limites.

Le dernier Carré

Si l’on ne retient que les propos des trois derniers chefs d’état-major des armées, il serait bien malhonnête de sous-entendre que ceux-ci ont caché la vérité aux chefs de l’Etat qu’ils ont servis. Avec une rigueur intellectuelle et une loyauté autant constantes qu’admirables, ils n’ont cessé de rappeler que nos armées, certes remarquablement animées et commandées, ne sont plus que des « armées de temps de paix » (les mots sont du général LECOINTRE), inadaptées, dans leur volume, leur « épaisseur », à la conduite d’une guerre de haute intensité. Si, sur les questions de souveraineté, la posture et la sincérité de l’actuel chef de l’Etat et de son gouvernement peuvent parfois légitimement interpeler, il est injuste de leur faire reproche de n’avoir pas saisi l’ampleur des lacunes capacitaires. On concèdera même que c’est l’actuel chef de l’Etat qui, le premier depuis des années interminables, a affiché une réelle ambition en matière d’équipements, de modernisation et de remise à plat des contrats opérationnels, son prédécesseur, certes tardivement, ayant pris conscience, avec la tragédie malienne, de la nécessité de mettre enfin un terme à la saignée à blanc de nos armées. Et on se rappellera, triste ironie de l’Histoire, que les présidents dont l’héritage « militaire » est le plus sujet à caution, se disaient et se prétendaient gaullistes. On ne peut en tout cas mesurer les dégâts profonds causés par une RGPP qui, de façon aveugle et absurde, a été imposée à des armées déjà à bout de souffle, par une technostructure et un personnel politique qui, à l’époque, n’avaient que mépris et condescendance pour « les militaires »…lesquels en étaient réduits à compléter leur équipement, sur leurs deniers propres, avant d’aller risquer leur vie en Afghanistan.

Cependant, et en dépit des efforts actuellement consentis, ceux-ci restent bien en-deçà de ce qu’il faudrait faire. Les Français pourront rester fiers de leurs soldats et, à chaque 14 juillet, s’endormir dans l’illusion que rien ne peut nous arriver, car « nous sommes les plus forts ». On sait hélas où peut mener une telle myopie.

La guerre de haute intensité, notre continent la redécouvre et, avec effroi, constate de nouveau, mais sur une échelle bien plus grande que lors du drame yougoslave, que l’horreur, « ça n’arrive plus qu’aux autres ».

 L’Union européenne, sous l’impulsion d’une Allemagne en réalité plus que jamais décidée à rouler pour elle-même et à effacer le « leadership militaire » de la France, revendique à présent un rôle de premier plan sur les questions de défense…en achetant délibérément sur étagères des matériels et équipements américains. Ce faisant, la défense européenne qui, selon l’actuel CEMA, existe déjà, puisque c’est l’OTAN, est et restera durablement un débouché de premier choix pour le complexe militaro-industriel américain. Cela fait-il pour autant une bonne assurance-vie ? Ce qui se déroule actuellement en Ukraine n’est sans doute qu’un apéritif. C’est dans le Pacifique et l’Océan Indien que la « grande explication » interviendra, n’en doutons pas. Mais nos « décideurs » ne semblent même plus convaincus de la nécessité de mettre en chantier un nouveau porte-avions, comme ils ne le sont pas davantage par les doutes que suscite, chez nombre d’experts, le volume presque anecdotique de nos Rafale, de nos frégates et de nos chars lourds.

Le temps perdu, lorsque la guerre frappe aux portes, ne se rattrape presque jamais. Lorsque, à la veille de 1939, les usines d’armement françaises tournaient à plein régime, il était déjà trop tard : ces équipements flambant neufs, qui en sortaient, égaux en nombre et souvent supérieurs, en qualité, à ceux de la Wehrmacht, ne pouvaient arrêter la marche du destin, car ce qui faisait alors défaut, c’était une stratégie cohérente par rapport à nos engagements internationaux. On ne voulait pas mourir pour Danzig et nos plus belles unités sont mortes à Sedan ou à Dunkerque.

Nul ne doute, cependant, que nos militaires sauront, une fois de plus, sauver l’Honneur.

***

Pour conclure ces réflexions, j’ai en tête deux exemples de personnes qui savent pourquoi et pour quoi elles se battent, infligent la mort, et meurent elles-mêmes. Le premier devrait réveiller nos consciences endormies. Il s’agit des militaires et du peuple ukrainiens. Eux ont su, contre toute attente, trouver cette transcendance dont l’absence entretient la léthargie de nos sociétés déboussolées.

Le second, ce sont nos ennemis d’aujourd’hui et, sans doute, ceux de demain. D’une part les jihadistes, dont on connaît l’aveuglement et la détermination fanatiques : ils ont révélé nos fragilités et nos faiblesses, sans pourtant que nous soyons parvenus à trouver les bonnes parades (du reste, existent-elles ?). D’autre part, les militaires et populations d’Etats autoritaires, voire dictatoriaux, endoctrinés et conditionnés pour une guerre qui sonnera, chez eux, comme une revanche et un règlement de comptes lentement préparé, contre un Occident méprisé et honni. Quand nous ne parvenons même pas à nous entendre et surtout à décider sur ce que devraient être les moyens et les contrats opérationnels de nos armées, les habitants de Pékin, Shangaï, mais aussi des campagnes les plus reculées de l’Empire du Milieu, admettent déjà la mort possible de leurs enfants pour la reconquête de Taïwan.

J’ai déjà écrit que le réarmement technique et matériel ne vaut rien, s’il ne s’appuie pas sur un réarmement moral, pierre angulaire des sociétés et civilisations qui ne se résignent jamais…dans ce domaine, tout est à (re)construire.

Je veux malgré tout espérer en me disant que dans son Histoire, notre pays en a « vu d’autres » (et bien pires), et qu’il a toujours su (re)trouver la voie de la grandeur.

Sursum Corda, et bonne année quand même !

Général (2s) Jean-Luc Favier

12/01/2023

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