Comment évoluer positivement dans la vie professionnelle et conserver le plaisir de travailler dans un monde complexe

22/11/2021 - 6 min. de lecture

Comment évoluer positivement dans la vie professionnelle et conserver le plaisir de travailler dans un monde complexe - Cercle K2

Le Cercle K2 n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions émises dans les publications (écrites et vidéos) qui restent propres à leur auteur.

Marc Carre est Consultant indépendant en sécurité d'entreprise et intelligence économique et Professeur à l'École d'ingénieurs EPF.

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Dans l’entreprise, dans la vie professionnelle, nous apprenons, souvent trop tard, les conséquences de nos erreurs. Il nous arrive d’échouer alors qu’une simple précaution aurait pu être salutaire. Certaines maladresses involontaires sont souvent fatales et "la partie ne  peut pas être rejouée".

Que l’on soit dans le monde privé ou le monde étatique, il ressort que les contextes sont similaires, avec quelques différences notoires.

Avant de dérouler nos réflexions, esquissons tout de suite le cadre de l’action en rappelant trois points essentiels inoxydables au fil des années :

  • Dans l’administration publique (ou, par analogie, l'arsenal militaire), on dépense sans se soucier des recettes alors que dans l'entreprise privée, on dépense en fonction des recettes ; les recettes publiques correspondent à une mine financière inépuisable.
  • Dans le domaine public (ou étatique), votre subordonné deviendra très rarement immédiatement votre chef alors que dans le privé ce n'est pas exceptionnel ; ce point est d’autant plus vrai quand on prend en compte les origines, les relations et les rangs des grandes écoles.
  • En cas d'erreur personnelle ou de difficultés de fonctionnement de la structure d’accueil, les licenciements sont fréquents dans l'entreprise alors qu'au sein des instances étatiques, il n’y a souvent que des mutations internes.

Nous allons tenter d’énoncer succinctement quelques conseils relatifs à des situations souvent d’actualité… Ils demeurent indicatifs et méritent d’être customisés.  

 

1. Comment se comporter avec son supérieur hiérarchique ?

  • Un chef reste toujours le big boss car il a été mandaté et, pour lui, tout est presque possible dans la légalité. Mais, souvent, il n’apprécie pas d’être contredit ou contesté.
  • En réponse à une demande, ne jamais lui dire "c'est impossible" mais lui annoncer avec habilité : "oui je ferai le maximum pour réussir". Cette réponse permettra de le rassurer, même si on sait parfaitement que c'est impossible !
  • Un chef ne veut jamais avoir tort ou être mis en défaut, surtout en présence de tiers, alors il faut toujours lui laisser une porte de sortie honnête mais "un peu basse" pour l’obliger à baisser la tête. Cependant, on peut l’aider à ne pas perdre la face dans une situation où il s’est enlisé.
  • Ne pas hésiter à essayer de lui rendre service en faisant preuve d'empathie quand il a un souci personnel en l'écoutant, l’aidant, en lui trouvant une solution. Derrière un chef, un humain se cache avec ses soucis personnels pouvant le fragiliser psychologiquement ou le freiner dans ses réflexions professionnelles.
  • Ne jamais le shunter pour rencontrer un supérieur hiérarchique de votre chef même si c'est un ami, une personne que vous connaissez très bien. En effet, votre chef pourrait vous le faire payer cash en vous reprochant de ne pas avoir respecté la voie hiérarchique et/ou en vous dénigrant sur votre comportement professionnel. Toute rencontre non autorisée ne peut se faire que dans la confidentialité et la discrétion.
  • Rester très vigilant quand un chef se confie à un subordonné et/ou se comporte avec une gentillesse surprenante dans la convivialité car, en principe, cette démarche n’est jamais anodine. Technique de manipulation pour faire parler, "dans la confiance", un collaborateur et, en cas de différend, toute confidence pourrait être reprochée.
  • Comme le chef veut conserver son leadership et la maîtrise, il est rarement heureux d’aller au-delà de ce qu’il nous demande car il pourrait le reprocher. Il faut lui apporter des solutions synthétiques et argumentées mais ne jamais lui exposer des problématiques sans les avoir étudiées auparavant.

 

2. Comment agir avec ses collaborateurs ?

  • Il faut catégoriser ses collaborateurs en 3 familles :
    • ceux qui sont déjà en place depuis un certain temps ; vous ne les avez pas choisis et ils connaissent le fonctionnement de la structure ; vous avez besoin d’eux mais un management souple et une observation attentive seront indispensables afin qu’ils ne soient pas trop envahissants pour dicter leurs idées ou fragilisants par déception de ne pas avoir eu votre poste ;
    • ceux que vous avez choisis et qui sont arrivés avec vous ; ils devraient être vos plus fidèles et les plus solides alliés ;
    • ceux que votre hiérarchie vous a imposés récemment ; pourquoi sont-ils arrivés ? Qui est le parrain/sponsor d'un nouveau venu ?  La méfiance prévaut car votre futur successeur, voulu par votre DG, pourrait avancer "masqué". Ce collaborateur est-il missionné pour vous tester et vous piéger ?
  • Un collaborateur reste un subordonné et il faut le laisser à sa place pour agir dans le cadre de ses fonctions et délégations et ne jamais le mettre dans la confidence.
  • Étant responsable de vos subordonnés, vous devez rester discret sur ce que vous pensez d’eux en présence de personnes extérieures, qui s’intéresseraient de manière trop insistante à un de vos collaborateurs. Toute question, apparemment anodine, sera prise avec circonspection car la réponse pourrait conduire à la fuite d’informations sur la compétence, le comportement et/ou la vie privée.

 

3. Comment s’impliquer dans le business ?

  • Une entreprise ne vit que grâce aux marges et non avec les chiffres d'affaire. Alors toute affaire doit être profitable dès son lancement.
  • La décision de lancer une affaire non profitable est exclusivement du ressort de la DG qui a, sans aucun doute, une stratégie pour gagner des parts de marchés.
  • La gestion des plannings ou roadmaps mérite une grande attention car elle conditionne toujours la réussite d’un projet. La détermination d’une date de fin de phase demeure délicate. Autant que faire se peut, il faut essayer de la retarder ou tenter de l’exprimer de deux manières différentes : par une plage et non avec une date précise ("au deuxième trimestre signifie entre le 1er avril et le 30 juin"), ou affichant la dernière date de la période ("le 30 juin") car toute avance potentielle sera jugée bénéfique.
  • Rares sont les sociétés pouvant s’engager seules sur des projets ! Alors la coopération avec des partenaires sera incontournable selon deux modes : sous-traitance et cotraitance. La clarification, d’une part, du rôle délicat de mandataire qui sous-tend souvent l’efficacité du groupement et, d’autre part, des périmètres de responsabilité des différents acteurs est impérative.

 

4. Comment apparaitre dans son fonctionnement de travail ?

  • Rester positif et ne jamais tomber dans la sinistrose ou le catastrophisme sont des objectifs permanents car toute attitude de tristesse affole et votre N+1 ne veut pas douter sur votre professionnalisme et votre engagement à ses côtés. On n'embauche jamais des losers car cela ne rassure pas !
  • Pour apparaitre comme un individu très sollicité donc important, il faut savoir se montrer très occupé pour que votre N+1 ne pense pas que vous ne travaillez pas. Toute recherche d’un créneau de rendez-vous nécessite, "facialement", une longue recherche sur l’agenda, même s’il est vide.
  • Un bureau reflète souvent le comportement de l’occupant ! Trop de désordre ne rassure pas, trop de vide interpelle, un peu encombré montre le sens de l’organisation.
  • Quand on veut annuler un rendez-vous peu important, il est souvent préférable d’attendre le dernier moment car le correspondant peut annuler en premier et se fragilise.
  • Quand vous organisez une réunion, un positionnement judicieux des participants dans la salle de réunion est indispensable ; pour freiner la virulence de certains adversaires potentiels, une place face à la fenêtre est préférable car la lumière du jour les gênera ou sur le même côté que vous afin qu’ils se penchent pour vous parler.
  • Pour forcer votre auditoire à vous écouter avec attention, vos interventions à voix basse obligeront les participants à tendre l’oreille.
  • Pour toute réunion importante, une préparation rigoureuse est obligatoire. Donc, il est utile de pré-rédiger les conclusions souhaitées et identifier les alliés pour soutenir votre démarche durant la réunion. Des jeux de rôle se révèleront utiles.
  • Ne jamais sous-estimer la portée du comportement, de la voix et de la gestuelle durant les rencontres car la "communication physique" peut nous trahir ou nous aider. Le calme et le sourire constituent des forces insoupçonnables.

 

5. Comment évoluer au sein de ses environnements professionnel et personnel ?

  • Moins on fait de confidence, même à ses meilleurs amis, dans l'entreprise, mieux cela vaut car, en cas de difficulté, chacun jouera sa survie dans l'entreprise.
  • On ne parle jamais à un tiers non autorisé de son travail et de l'agenda, des absences, du mode de travail de ses collaborateurs car c'est confidentiel et toute mauvaise analyse est possible (vie privée en particulier).
  • Notre communication doit être mesurée et modérée car tout se sait et tout peut être interprété, voire déformé.
  • Pour tester la fiabilité de raisonnement d’un individu, poser une question quand on connait la réponse permet de décoder l’honnêteté intellectuelle ou la compétence réelle.
  • La recherche du bien-être passe obligatoirement par la fuite des esprits toxiques et polluants.

En conclusion, on peut se rendre compte que seule l’expérience permettra de ne pas se tromper et, au travers d’une observation continue, on doit s’inspirer des attitudes des autres pour réussir. Les comportements de nos chefs et de nos collaborateurs sont parfois surprenants, peuvent nous déstabiliser jusqu’à provoquer du stress et la peur de venir au travail. De nombreuses maladies pourraient être évitées si on se rassurait dans notre corps et notre tête. Ne jamais oublier que mon meilleur allié est moi-même et que mon pire ennemi reste moi-même.

Marc Carre

22/11/2021

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