Comment le covid-19 a mis en lumière le rôle de soutien psychologique de l’investisseur

09/06/2020 - 2 min. de lecture

Comment le covid-19 a mis en lumière le rôle de soutien psychologique de l’investisseur - Cercle K2

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Karine Lignel est Directrice Générale du Crédit Mutuel Innovation.

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Pour comprendre de quelle manière la crise du Covid-19 a pu, ou non, faire évoluer le rôle de l’actionnaire institutionnel, il faut commencer par expliquer comment nous faisons notre métier.

Nous investissons, chez Crédit Mutuel Innovation, les fonds propres que nous a confiés le groupe Crédit Mutuel Alliance Fédérale, dans des entreprises technologiquement innovantes. Ce sont les fonds propres du groupe et cela nous permet d’avoir une structure juridique de long terme (99 ans !). Ainsi, nous avons la grande chance de pouvoir accompagner les entreprises dans lesquelles nous investissons pendant un temps long (en moyenne entre 7 et 9 ans).

Il est communément imaginé que le premier intérêt de faire entrer un investisseur financier dans son capital est… qu’il apporte de l’argent. L’entreprise (dans notre cas, de jeunes entreprises avec souvent peu de revenus mais en fort développement) peut alors se développer technologiquement et/ou commercialement.

Une fois au capital, les investisseurs, devenus actionnaires, et les fondateurs ont le même objectif : permettre à l’entreprise de se développer au mieux afin qu’elle atteigne un stade assurant sa revente ou son autonomie. Il s’agit donc de construire, ensemble, des bases solides, et de réfléchir, ensemble, à la meilleure stratégie de développement.

Il existe une dimension absolument sous-estimée voire ignorée: l’accompagnement psychologique que les investisseurs apportent aux chefs d’entreprise.

Ceux-ci sont souvent très seuls, et font face à des sujets qu’ils n’ont jamais ou peu rencontrés. Au contraire des investisseurs institutionnels dont l’expérience est justement d’avoir déjà accompagné d’autres entreprises sur des chemins similaires. Il s’agit donc, et c’est fondamental, de créer une relation de confiance et de partage: l’investisseur transmet son expérience, le chef d’entreprise questionne en toute sérénité. Cela induit, si les choses fonctionnent bien, des échanges permanents et un enrichissement (intellectuel et potentiellement financier) de tous.

La crise du Covid-19 a mis en lumière ce rôle de soutien et d’accompagnement même si, face à une situation inédite et chamboulant toutes les certitudes, il n’était plus temps de bâtir la confiance, mais au contraire, de tester la solidité des liens existants.

Les échanges s’effectuant à distance, il a fallu écouter encore plus que de coutume. Déceler, plus que jamais, au téléphone ou en visio-conférence, les inquiétudes, les espoirs, les interrogations. Nous échangions sur des questions techniques (les prêts garantis par l’Etat, sur la mise en place de chômage partiel, sur l’utilisation du télétravail) mais des aspects humains se sont bien sûr entremêlés: comment gérer les équipes à distance, de quelle manière se projeter dans le temps, comment envisager, pour les entreprises en Sciences de la Vie, l’arrêt des essais cliniques, comment maintenir le lien sans être intrusifs, comment envisager les besoins de financement dans le temps… En filigrane, il fallait apaiser des craintes: les investisseurs allaient-ils réduire les coûts au maximum ? Profiter de la crise pour refinancer à bas prix ? Ou même, être aux abonnés absents ?  

Nous n’avons pas été aux abonnés absents. En fonction des situations particulières de chaque entreprise accompagnée et du besoin exprimé par les chefs d’entreprise, nous avons fait face en multipliant les contacts, les échanges. Cette crise sanitaire a, selon moi, remis, ou mis de manière plus visible, l’actionnaire financier à la place qu’il devrait toujours avoir : une place de solidité, de présence, de soutien et de facilitateur pour tous ceux qu’il accompagne. Ce qui implique néanmoins que les chefs d’entreprise s’appuient suffisamment sur les actionnaires financiers pour leur permettre de jouer ce rôle, sans crainte. En toute confiance.

Karine Lignel

09/06/2020

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