De l’exemplarité en temps de crise

13/04/2020 - 2 min. de lecture

De l’exemplarité en temps de crise  - Cercle K2

Le Cercle K2 n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions émises dans les publications (écrites et vidéos) qui restent propres à leur auteur.

Francine Ruellan est Vice-présidente du Cercle d'Ethique des Affaires

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Nous devisions au K2 il y a quelques mois de postmodernité et bien nous y sommes, le Covid-19 aura précipité le changement.

Nous sommes propulsés dans un monde qu’il va falloir inventer avec humilité, courage, agilité, résilience, solidarité et surtout avec exemplarité.

A titre personnel, et comme beaucoup, je suis confinée en ayant pour objectifs de respecter les plus élémentaires consignes de sécurité et de prendre quotidiennement des nouvelles des miens. Je lis et les journées passent vite.

Pour trouver un semblant d’équilibre, j’essaie, je dois l’avouer, de faire abstraction de l'impéritie et des mensonges de nos gouvernants et de leurs administrations, qui multiplient les communications et, face à ce désastre sanitaire, conservent malgré tout une arrogance toute française.

Et pourtant, il n’y a pas de quoi !

Nous n’avons pas de masques, pas assez de respirateurs et les produits anesthésiants peuvent manquer.

Le nombre de morts augmente de façon exponentielle et les inhumations se font à la hâte plongeant les familles dans le désarroi. Dans les EHPAD, nos anciens se murent dans leur solitude et sont exclus des statistiques.

Pendant ce temps, les bobos parisiens font du roller, du jogging, se baladent sans masque ni gants ou se précipitent en villégiature menaçant de leur égoïsme la stabilité sanitaire des territoires.

C’est bien normal, ils ne supportent pas l’autorité…

Et comme toujours, en temps de crise, les complotistes complotent, les agioteurs agiotent, les profiteurs profitent.

N’y aurait-il donc que des sources d’affliction ?

Evidemment non. Ceux que nous appelions les gilets jaunes portent aujourd’hui le pays et nous sauvent : les soignants, agriculteurs, pêcheurs, pompistes, caissières, chauffeurs de bus, livreurs, instituteurs, policiers, militaires. Tout ce petit monde, qui se lève tôt pour servir le pays, continue à nous soigner, nous nourrir, nous approvisionner, nous aider et nous protéger.

Il y a aussi ces entreprises qui, au-delà de leur objet social, au-delà de leur raison d’être, ont décidé d’être exemplaires.

C’est leur honneur et celui de leurs salariés.

Les unes mettent à disposition du pays leurs unités de production pour fournir du gel hydroalcoolique et confectionner des masques (l’industrie du luxe en général), passent commande de respirateurs pour soutenir les hôpitaux (L’Oréal), et font don de véhicules aux soignants (Renault et PSA).

D’autres refusent d’alourdir la pression fiscale des français en ne recourant pas au chômage partiel (LVMH, Hermès, Total…), soutiennent les filières agricoles (Danone) et certains dirigeants acceptent même de diminuer leur rémunération (Michelin).

Cet élan dépasse le CAC 40, nos PME ancrées dans les territoires sont également en première ligne. En Cotentin, l’entreprise familiale « les parapluies de Cherbourg », forte de la qualité de ses toiles, fournit des masques aux soignants. Ces initiatives se multiplient dans toutes les régions, en Haute Loire, en Occitanie, en Bretagne, …

Face à l’urgence sanitaire, la Recherche en biotechnologie s’accélère avec de remarquables initiatives, telle entreprise prête à produire des tests en masse, telle autre tirant partie de ses travaux sur une molécule.

Sans oublier, les actions quotidiennes de solidarité à l’échelle d’un quartier, d’une colonne d’immeuble, sur les réseaux.

Spontanément, les citoyens et les entreprises ont redéfini, en quelques semaines, le rapport à l’objet même du travail et ont cessé d’espérer en un Etat dépassé.

Forts de ces initiatives personnelles et de l’engagement de dirigeants et d’entreprises exemplaires, ces temps douloureux nous confortent dans l’idée qu’il ne peut y avoir d’éthique des affaires sans éthique personnelle. Mais cela va plus loin.

La simple conformité des entreprises n’est plus suffisante (respecter ce qui est obligatoire). La crise impose une éthique des affaires de conviction (faire ce qui est juste). Une éthique de valeur au premier rang desquelles, et ces exemples en sont l’illustration, se place l’exemplarité.

A nous d’affronter cette épreuve et de créer en conscience les conditions de sortie de crise.

Prenez soin de vous !

Francine Ruellan

13/04/2020

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