Entretien - La préparation mentale à l’usage des sportifs… et de ceux qui souhaitent s’en inspirer

Entretien avec Laurent Meseguer, ancien sportif de haut-niveau et préparateur mental, à l'occasion de la sortie de la sortie de son livre "Gagne ! Manuel de préparation mentale à l’usage des sportifs… et de ceux qui souhaitent s’en inspirer ».

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On parle beaucoup de préparation mentale en particulier dans le monde du sport, pouvez-vous nous en dire plus sur cette discipline et sur son essor ?

La préparation mentale a été conçue à l’origine à destination des sportifs dans le but d’exploiter pleinement le potentiel. Son objet est large et englobe tout ce qui touche aux habiletés ou qualités mentales (la fixation d’objectifs, la concentration, la motivation, la maitrise émotionnelle, l’état d’esprit…). Si la discipline emprunte à la psychologie du sport, ou à la PNL, sa singularité réside dans la recherche de performance. Autrefois perçue parfois comme un aveu de faiblesse, elle fait aujourd’hui partie intégrante du modèle de performance des sportifs et de plus en plus de professionnels s’en inspirent. On parle d’une discipline structurée, autour de méthodes, qui s’adresse à tous, quel que soit l’objectif. Qu’il s’agisse de remporter un championnat, de manager efficacement, de perdre du poids, d’augmenter son chiffre d’affaires, de réussir un examen ou même encore de prendre du plaisir dans une discipline donnée, la préparation mentale permet de modéliser et d’ancrer les comportements nécessaires à l’atteinte de ses objectifs.

Vous décrivez dans votre ouvrage sept étapes pour se préparer mentalement à un objectif, la performance est-elle une affaire de méthode ?

La réussite réside selon moi dans une réflexion consciente et structurée vers l’action. Déterminer où l’on va, pourquoi on fait les choses, et comment y parvenir sont des prérequis pour se mettre en mouvement. Peter Drucker, « pape du management » disait déjà que « la raison d’être d’une organisation est de permettre à des gens ordinaires de faire des choses extraordinaires ». Cette idée se confirme pour la préparation mentale, qui regroupe une multitude d’approches et d’outils qu’il est essentiel d’organiser afin de les rendre opérationnels, utiles et efficaces.

Dans mon livre, j’invite les lecteurs à découvrir la méthode que j’ai appliquée auprès d’athlètes, médaillés olympiques ou anonymes, pour tirer des enseignements liés à la performance. Si la performance est affaire de méthode, ce n’est encore qu’une ressource parmi d’autres, chacun y puise et s’en approprie les composantes, sa valeur se construit dans ce que chacun en fait. 

La première étape consiste selon vous à exprimer ses objectifs. Quels conseils donneriez-vous à ceux qui ont du mal à se fixer des objectifs ?  

On aimerait tous se sentir aimanté par un objectif nourrissant nos aspirations profondes. Pourtant il arrive qu’on ère momentanément sans réel but malgré notre volonté de trouver notre voie. Dans de telles situations, je préconise d’insister sur le travail inépuisable de la connaissance de soi. Se nourrir de ses expériences pour faire un état des lieux de sa situation, identifier son système de valeurs, découvrir ses motivations profondes, faire le point sur ses qualités et ses compétences, reconnaitre ses croyances aidantes et limitantes et déterminer ses préférences cognitives vous aidera à déterminer les projets qui ont du sens dans votre vie. De cette exploration découleront des orientations et des objectifs. A chacun alors d’apprécier l’opportunité d’entreprendre ou non un travail pour s’y préparer. 

Concrètement quels sont les outils qui peuvent être utilisés pour se conditionner mentalement ?

Par conditionnement mental, entendons le fait de modéliser et d’automatiser des attitudes intérieures, des comportements dans le but d’atteindre un objectif. Tout ce qui touche aux habiletés mentales est sujet à un travail de préparation mentale et contribue, quand elles sont suffisamment ancrées ou répétées, à conditionner positivement la personne. 

Je peux vous citer par exemple la visualisation mentale qui permet notamment de vivre mentalement le parcours pour atteindre son objectif ainsi que sa réussite. Cet exercice permettra à la personne d’ancrer son propre parcours gagnant et de transformer son objectif en un puissant aimant. Je pense aussi à cet outil issu de la Programmation Neurolinguistique (PNL) qui s’intitule l’ancrage émotionnel, qui permet de se conditionner émotionnellement et de se mettre dans les meilleures dispositions pour agir. Puisque l’on parle d’action, je peux également vous citer la maxime personnelle. Cet outil consiste à créer et ancrer profondément une courte formule désignant l’action que vous devez produire pour atteindre votre objectif. Enfin je pourrais citer les outils pour renforcer sa concentration, grâce au travail sur les champs attentionnels, bien connus des sportifs et utiles à tous. 

Quel que soit l’outil pratiqué, le plus important est la répétition. De même qu’on se prépare physiquement en répétant un mouvement, il est essentiel d’entraîner son cerveau à acquérir des automatismes.

Vous évoquez la pratique de la préparation mentale, le métier de préparateur mental se démocratise d’ailleurs dans de nombreuses sphères. Pourquoi était-il important pour vous d’écrire un livre sur la thématique ?  

Se préparer mentalement à tout type d’objectif doit être accessible à tous, quel que soit son domaine, ou son niveau de pratique. Tout le monde n’a pas les moyens ni l’ambition d’être accompagné par un préparateur mental. Mettre la préparation mentale à disposition du plus grand nombre, de manière concrète et illustrée, contribue à la démocratisation de la discipline ainsi qu’à sa pratique autonome. Par ailleurs, je crois beaucoup au pouvoir des mots. En préparation mentale, on parle d’un dialogue interne permanent. Être acteur de son évolution est un travail personnel, intime, que la lecture et l’écriture contribuent à nourrir. Le style d’écriture et les exercices pratiques proposés dans ce manuel encouragent le lecteur à s’explorer et à s’engager. A titre personnel, j’avais également à cœur de rendre hommage aux athlètes accompagnés dont les chemins de vie peuvent inspirer tout profil.

Le titre de votre ouvrage : Gagne ! apparaît comme une injonction à la victoire ! Quel regard portez-vous sur la performance à l’heure où le bien-être est de plus en plus plébiscité dans notre société.

La performance n’est rien d’autre qu’un résultat à atteindre. Mon métier est d’accompagner les sportifs et professionnels à exprimer des objectifs ambitieux et réalistes. Mais il n’y a pas de jugement dans ce résultat, il peut s’agir de la recherche du plaisir ou du bien-être. Chacun interprétera le mot « Gagne » à sa manière. Ma démarche ne vise pas la compétition à tout prix mais l’exigence ; celle de déterminer sa singularité, de nourrir sa motivation, et d’agir pour réaliser une ambition. Dans tous les cas, la performance n’est pas un gros mot, sa quête est la force motrice de l’engagement.