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Interview de Cheyenne Carron, cinéaste indépendante, à l'occasion de la sortie de son film "Le soleil reviendra" et en perspective de son prochain film, consacré aux blessés de guerre.
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Cheyenne, pour commencer par le début, quel est votre parcours personnel ?
C’est un parcours à part depuis ma naissance. J’ai été pupille de l’État entre trois mois et dix-neuf ans, puis fait une douzaine de films en continuant à marcher en me tenant sur le bas-côté. C’est un parcours singulier d’artiste, mais dans lequel je me sens bien, car je n’en connais pas d’autre.
Entre 2008 et 2020, vous avez réalisé une dizaine de films. Cela commence à constituer une œuvre singulière. Quels sont vos thèmes de prédilection et quel est le fil rouge de vos réalisations ?
Je n’ai pas, à ce stade, la vision d’ensemble d’une carrière qui n’en est pas une. J’apercevrai probablement mon "fil rouge" lorsque j’abandonnerai le cinéma. Pour le moment, je suis à fond dans mes projets : deux films, l’un sur les soldats blessés, et l’autre sur l’idéal et la vocation du jeune officier. Comme je gère tout, de A à Z, mes films m’occupent pleinement.
Vous n’hésitez pas à afficher vos valeurs, votre patriotisme et votre sympathie pour les militaires et leurs familles. Vous avez même mis en scène les soldats perdus que sont les terroristes. D’où vous vient ce tropisme ?
Lorsque j’avais 16 ans, je voulais rejoindre la Légion. Je me suis présentée au Régiment de Spahis de Valence et leur ai demandé comment y entrer. Ils ont bien ri, m’ont expliqué que j’étais trop jeune et que la Légion n’acceptait pas les femmes. Alors j’ai attendu deux ans pour atteindre l’âge de la majorité et suis montée à Paris essayer de vivre de ma passion, faire des films. J’ai dû faire preuve d’une grande discipline et sacrément me battre pour accomplir ce que j’ai fait. À chaque chute, j’ai dû me relever. Le cinéma, finalement, c’est "ma Légion à moi".
Après "Le soleil reviendra", un film récent sur les conjointes de soldats, votre prochain film portera sur les blessés de guerre. Pourquoi ce sujet et que voulez-vous raconter ?
Je veux parler des blessés, incarnés, notamment, par un soldat qui s’en sort. J’ai choisi ce thème car je crois qu’être blessé vous amène au cœur des préoccupations humaines. Les failles de l’âme, les blessures psychologiques, ces fêlures qu’on dit "invisibles", sont complexes à aborder et ont été longtemps ignorées. Faire un film sur ce mal qui tenaille et que l’on ne voit pas, c’est un défi pour moi. Mais je veux aussi que ce film soit aussi teinté de beaucoup d’espérance, de tendresse et même de joie.
Même si vous n’appartenez pas au cinéma conformiste, quel rôle lui voyez-vous jouer dans cette profusion de productions audiovisuelles et numériques ayant l’écran comme support ?
Je ne regarde pas la télévision et vais très rarement au cinéma. Je n’ai pas une bonne vision de ce que le monde du cinéma propose aujourd’hui car je m’y intéresse peu. Je travaille dur à réaliser des films qui apportent un autre regard. Une société doit offrir plusieurs regards sur elle-même. C’est au spectateur ensuite de choisir ce qui le touche.
Vous qui les connaissez bien, comment voyez-vous la place des militaires dans la Nation et la société ?
C’est une place centrale. Le militaire est probablement l’un des derniers héros authentiques de nos sociétés. Il vit et meurt pour nous et risque sa peau pour nous protéger. C’est un héros au sens le plus ancien du mot. Je crois que la figure du soldat peut susciter l’admiration de toute une jeunesse, j’en suis même convaincue. Mais je ne suis pas certaine que l’Armée sache assez communiquer sur ce trésor.
Qu’attendez-vous comme soutien à l’occasion du lancement d’une campagne de financement ?
Je serais très reconnaissante à toutes celles et tous ceux qui accepteraient d’apporter une contribution, même modeste, au financement de mon prochain film "La beauté du monde", soit directement, sous couvert de leur entreprise, soit en mode participatif. Et aussi, de diffuser, dans leurs réseaux, le lien vers la plateforme. En effet, même si je vais bénéficier de quelques soutiens associatifs et d’un site de tournage fourni par l’Armée de Terre, je fais mes films avec un budget très contraint, grâce à l’engagement généreux de mes équipes et d’acteurs professionnels et bénévoles. J’ai impérativement besoin de financer les frais de location du matériel, payer les repas et les hébergements. J’adresse un grand merci d’avance à ces personnes de m’accorder leur aide et leur confiance.
Lien du financement participatif (prévente DVD) : https://fr.ulule.com/film-la-beaute-du-monde/
Site - contact : www.cheyennecarron.com
17/12/2020