Entretien avec Ga Nui Park

04/04/2022 - 4 min. de lecture

Entretien avec Ga Nui Park - Cercle K2

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Discussion entre Ga Nui Park, Fondatrice de Creer-societe-dubai.fr & Juriste spécialisée en création d’entreprises aux Émirats Arabes Unis, et Kamel Adrouche.

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Kamel Adrouche : Bonjour Ga Nui. Tu es actuellement basée à Dubaï comme de plus en plus de français. Tu as lancé ton entreprise qui propose d’accompagner les entrepreneurs dans la création de leur entreprise aux Emirats arabes unis. Comment expliques-tu ce chemin assez atypique pour une juriste de formation, tout particulièrement en droit social ?

 

GN-P : De moins en moins atypique je pense. Mais il est vrai qu’à la suite de mon Master 2 DPRT à Assas, la voie classique aurait été de poursuivre en tant que juriste, avocate ou responsable des ressources humaines… Ce que j’ai fait d’ailleurs. Mais après quelques années en tant que juriste et consultante, j’ai eu le sentiment que la voie du salariat n’était pas faite pour moi. Je ne voulais pas faire les choses sur un coup de tête. Me revenait régulièrement une phrase prononcée par l’un des intervenants de mon Master 2 : « Si vous voulez quitter un territoire dans les meilleures conditions, il est préférable d’être déjà parvenu à un certain niveau d’excellence. Car vous aurez compris l’exigence pour y parvenir et vous pourrez ensuite vous déployer sur n’importe quel territoire ». Et puis, dans un monde où le modèle n’est plus au salarié fidèle à son entreprise du début de sa carrière à la retraite et n’occupant qu’un poste / une fonction amenée à évoluer, les parcours n’ont plus vocation à être linéaires et mon expérience en témoigne.

 

KA. : N’as-tu pas eu tout de même des craintes ?

GN-P : Oui et non. J’avais conscience que le pendant de la liberté entrepreneuriale est le risque, le risque de ne pas être suffisamment réactif, pas suffisamment polyvalent, pas suffisamment compétitif. Mais il n’existe plus de métiers où les connaissances et compétences requises pour exercer ne sont pas amenées à évoluer rapidement.  

 

K.A : L’expatriation reste une grande aventure qui peut parfois faire peur. Pourquoi avoir fait ce choix (si tôt) ?

GN-P : Il s’agit d’une chance exceptionnelle d’aller au-delà d’un unique système de formation, d’une culture unique et d’un savoir-faire. Que ce soit l’aspect financier, géopolitique, écologique, culturel… le monde est interdépendant. Un expatrié est une personne qui décide volontairement, pour des raisons professionnelles, personnelles ou de formation, de quitter son pays d’origine pour intégrer une nouvelle culture.

 

K.A. Comment s’est passé ton intégration ? 

GN-P : S’immerger dans une autre culture c’est avant tout découvrir des singularités il est vrai, mais surtout se rendre compte que l’étranger est un voisin. Comme j’aime à le dire, "aux Émirats Arabes Unis – pays où une personne sur 10 est un national – tout le monde est chez soi et personne ne l’est à la fois".  Chaque expatrié se voit représenter dans un même pays et y apporte sa touche personnelle. Pour que cela fonctionne, le respect des libertés de chacun est garanti par le système judiciaire.

J’ai ainsi découvert une nouvelle culture, une nouvelle histoire, de nouvelles normes. Il est étonnant de voir à quel point un pays, qui peut paraître si loin d’un point de vue culturel et historique, est finalement si proche du point de vue du fonctionnement, de l’administration et du droit. Saviez-vous par exemple que le Code civil des Émirats Arabes Unis était en partie inspiré du Code Napoléon ? 

 

K.A. Peux-tu nous dire quelques mots sur le système juridique aux Emirats ? 

G-NP : La loi trouve ses origines dans le droit civil issu de l'ancien Code napoléonien tel qu'adapté en Égypte pour tenir compte des traditions arabes. La loi est codifiée sans système de "binding precedent", bien que les décisions des juridictions supérieures aient un effet persuasif significatif par rapport aux décisions des juridictions inférieures. Cet attrait du monde arabe pour Napoléon Bonaparte remonte à feu Fahed Aslan Agha Al Barazi, issu de l'illustre lignée de Mohammad Agha Al Barazi, le commandant des forces ottomanes qui a passé 12 ans à étudier la vie du leader politique et militaire qu’était Napoléon Bonaparte.

 

K.A. Quels sont les aspects de Dubaï qui t’ont plu ?

GN-P : Il y a beaucoup de clichés sur les Emirats Arabes Unis, j’ai aimé découvrir un nouveau monde culturel, historique, juridique loin des on-dit. Dubaï souffre encore beaucoup de préjugés divers et variés, et je crois que le meilleur moyen de se faire son propre avis est de venir sur place. J’ai plaisir désormais à faire découvrir le vrai Dubaï à travers mes vidéos Youtube et à montrer cette réalité qui n’est pas montrée dans les médias.

A titre personnel j’apprécie ici le cadre de vie, le dynamisme de la communauté entrepreneuriale et la pluri culturalité.  Il est malheureux que Dubaï soit si connue comme destination de vacances et moins pour son histoire et ses ambitions futures ainsi que  la bienveillance et l'hospitalité des locaux émirati souvent la cible de clichés.

 

K.A. Comment sont perçus les Français à Dubai ? 

GN-P : Les français ont généralement une bonne image aux Emirats. Il y a plusieurs types d’expatriés français aux Emirats : il y a ceux qui y vivent en famille, ceux qui viennent chercher du travail et ceux qui montent leur entreprise et la développent. Si je devais donner une force commune à ces différents profils, je dirais que nous sommes reconnus pour la qualité de notre travail et de notre formation initiale, malheureusement nous avons une faiblesse majeure dans le monde du travail actuel : le manque de maîtrise d’une langue étrangère et notamment de l’anglais. L’autre faiblesse que nous pourrions avoir, c’est le fait de croire que l’on nous attend à l’extérieur : les français, comme tous les autres nationaux, doivent faire leurs preuves et travailler dur pour réussir.

 

Ga Nui Park et Kamel Adrouche

04/04/2022

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