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Jérôme Ferrier est Président d’honneur de l’Union internationale du gaz.
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Après avoir craint une pénurie de gaz cet hiver, l’UE prend acte d’une situation plutôt rassurante pour passer les prochains mois. La réduction drastique des approvisionnements russes qui couvraient 35% des importations européennes avant février 2022 pour tomber à 15% depuis, avait fait craindre un risque de déficit dans la perspective d’un hiver froid.
Les stockages souterrains de gaz ont pu néanmoins être remplis au-delà même des prévisions grâce à une importation massive de gaz naturel liquéfié (GNL), et permettent d’aborder l’hiver 2022/2023 en situation confortable d’autant que le début de l’automne se révèle particulièrement doux. La situation est d’autant plus inattendue qu’il y a aujourd’hui un excès d’offre momentané sur le marché avec de nombreux méthaniers en attente de déchargement de GNL dans certains terminaux européens, faute d’un appel suffisant sur les réseaux.
Les prix qui s’étaient envolés jusqu’à 335€/MWh mi-mars sont revenus à des niveaux plus raisonnables de 130€/MWh, mais ils restent néanmoins très élevés si l’on se souvient qu’ils étaient de 27€/MWh à l’été 2021.
Ces prix durablement élevés sur les marchés du pétrole et du gaz finissent par peser sur la demande mais l’offre actuelle est contingentée par les disponibilités qui restent limitées pour faire face aux réductions russes.
Les pays de l’UE ont réagi avec rapidité et solidarité. L’Allemagne a lancé la construction de 5 terminaux méthaniers dont 3 flottants qui seront opérationnels entre 2023 et 2025. La France envoie du gaz en Allemagne en contrepartie d’électricité qui lui sera fournie durant les pics de consommation. L’Espagne a augmenté ses importations de GNL ce qui permettra d’envoyer vers l’Europe du nord des quantités complémentaires à travers les deux connexions existantes entre la France et l’Espagne. Les stockages ayant pu être remplis cet été, l’UE devrait passer l’hiver 2022/2023 sans coupures si les conditions hivernales ne sont pas trop sévères.
La question se reposera pour le remplissage des stockages durant l’été 2023 afin de préparer l’hiver 2023/2024.
Quelles sont les incertitudes qui pèsent sur les approvisionnements européens futurs ?
La Russie continuera t’elle d’approvisionner en partie l’Europe ? Ces fournitures se poursuivent aujourd’hui à hauteur de 25% des quantités antérieures à la crise et continuent de transiter par les gazoducs ukrainiens mais également sous forme de GNL importés dans les terminaux d’Europe du Nord. Si elles étaient totalement interrompues il faudrait augmenter d’environ 35 Gm3/an les importations européennes.
Les espoirs assis sur des augmentations d’offre seront-ils au rendez-vous ? Certains fournisseurs actuels ont rassuré les acheteurs sur leur capacité à mettre davantage de gaz sur les marchés ; c’est le cas des USA et du Qatar. Mais dans quels délais les infrastructures complémentaires nécessaires seront-elles prêtes ?
Il y a des raisons d’espérer pour le moyen terme que de nouvelles sources viendront approvisionner les marchés européens notamment sous forme de GNL en provenance de Méditerranée orientale, du Sénégal ou du Mozambique. Ces nouvelles productions devraient être disponibles à partir de 2024/2025. Reste à savoir comment couvrir les besoins des deux prochaines années.
Les économies d’énergie et la sobriété dans certains usages sont plus que jamais d’actualité.
13/11/2022