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Francine Ruellan, ancienne avocate, est Vice-présidente du Cercle d’Éthique des Affaires et Membre du Comité d'Éthique du Cercle K2. Jean-Michel Icard est avocat pénaliste au sein du Cabinet Alkyne Avocats et co-créateur du Cercle K2.
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La plaidoirie, c’est la présentation orale de faits, prétentions et arguments d’une partie à un procès. Il s’agit d’un Droit. C’est le principe fondamental de l’oralité des débats rappelé à l’article 6 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, communément appelée « Convention européenne des droits de l’homme » (CEDH) selon lequel : « toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue ». « Entendue » signifie nécessairement être écouté. Il s’agit, non seulement de se faire entendre, mais également de se faire comprendre, car la justice doit comprendre ce qu’il s’est passé afin de pouvoir prononcer une décision. Conformément à l’article précité, être entendu, c’est aussi l’être « équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable par un tribunal indépendant et impartial ».
Qu’est-ce qu’une bonne plaidoirie ?
C’est, en vérité, une question complexe, car la plaidoirie est tout à la fois une technique et un art.
Une technique, parce qu’une plaidoirie se travaille. C’est un long apprentissage.
Sur le fond, il convient, par nature de maitriser le droit à travers la loi, la doctrine, la jurisprudence et la procédure. La connaissance parfaite, presque intime, du dossier est une exigence.
Sur la forme, il faut travailler sa voix, sa respiration, apprendre à capter l’attention, gérer son stress et imposer son rythme.
C’est à force de répétition, d’entraînement, de travail que l’on arrive à bien plaider.
Un art, oui indéniablement. L’éloquence, c’est l’art de convaincre, de persuader par le verbe et l’émotion, de toucher les cœurs et les esprits. L’art oratoire est un art vivant. La grande majorité des sens interagit.Certains ont pour modèles de grands « ténors » comme Berryer, Moro-Giafferi, Naud, Badinter et tant d’autres. Nombreux écoutent avec admiration leurs maîtres de stage, rêvant de ce jour où ils feront de même.
Et, finalement et simplement, la bonne plaidoirie ne serait-elle pas celle que l’on gagne ? Eh bien, non. Pour preuve, les plaidoiries de Sèze et Chauveau-Lagarde pour tenter de sauver les monarques Louis XVI et Marie Antoinette. Ce sont des monuments d’humanité. Il y a donc des plaidoiries impossibles, des combats perdus qui restent dans l’histoire.
La bonne plaidoirie doit répondre à l’universelle nécessité de justice.
Quelle serait la qualité à développer ? Une erreur à éviter ?
Il n’y a pas qu’une seule qualité. Parmi les plus importantes : faire preuve d’humilité, de courtoisie, de mesure, être précis, coller le plus possible aux faits, à la réalité.
Quant aux erreurs à éviter : partir battu, refuser le combat et à l’inverse, par-dessus tout, sous-estimer l’adversaire.
Jean-Michel Icard et Francine Ruellan
06/11/2020