Une crise qui pousse à la modernisation du sport en France

15/06/2020 - 3 min. de lecture

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Vice-champion olympique par équipe au fleuret aux Jeux Olympiques de Rio en 2016, Jean-Paul Tony-Helissey est diplômé de l'ESCP et Analyst Corporate Finance Sport Advisory chez KPMG France.

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Le sport est une passion qui nous unit qu’on la vive dans un stade, derrière un écran ou en le pratiquant. Il génère des émotions fortes, crée des vocations et constitue un véritable vecteur d’insertion. Ainsi, au cours du XXème siècle et de ce début du XXIème, le sport s’est développé pour devenir une industrie globale qui atteint plus de 489 milliards de dollars aujourd’hui. Les géants du marché ont appuyé leur développement sur la massification de la pratique et la tendance actuelle de « l’athleisure » faisant des articles de sport des produits du quotidien. Aussi, ce développement s’est appuyé sur la mondialisation des ligues professionnelles majeures de la NBA à la Premier league faisant des athlètes de véritables stars planétaires. Ce modèle de développement s’est appuyé sur un triptyque « droits TV, sponsoring et revenus des jours de matchs » qui enregistre une forte croissance ces dernières années.

La crise sanitaire mondiale sans précédent que nous vivons met à mal ce modèle économique entraînant l’annulation d’évènements majeurs tels que les Jeux Olympiques de Tokyo, l’Euro de Football, Wimbledon au tennis et une grande incertitude sur le calendrier sportif des prochains mois. Ce cygne noir oblige l’ensemble des parties prenantes à trouver des solutions innovantes pour se préparer à une période d’austérité.

 

Le Football catalyseur des passions

Comme souvent, « le sport roi » attise les passions sur et en dehors du terrain. C’est ainsi qu’en France, au pic de la crise sanitaire, la Ligue de football professionnel a décrété la fin des championnats professionnels au 30 avril dernier mettant un terme à la saison 2019/2020. Cette décision a fait couler beaucoup d’encre et, pour cause, les quatre autres championnats de football majeurs (Angleterre, Espagne, Allemagne, Italie) qui font avec la France le Big 5 ont soit repris soit sont en voie de le faire. Cette décision entraîne un manque à gagner majeur pour les clubs français, aggravé par la suspension du paiement des droits média par les principaux diffuseurs du championnat de France. Bien que la ligue ait souscrit un emprunt de 224,5 millions d’euros pour soutenir les clubs, la situation actuelle plonge les finances des clubs dans le rouge avec une possible décroissance des montants des transferts des joueurs qui permettait au club français d’équilibrer leur balance jusqu’alors. Cette réalité économique nous pousse à la réflexion sur le modèle opérationnel du football français. En effet, le football est un bien produit par 40 usines différentes. À l’inverse d’autres industries, la faiblesse ou la défaillance de l'une d’entre affaiblit l’ensemble du marché. Ainsi, le besoin d’une ligue forte et unifiée à l’image de la NBA où l’ensemble des clubs s’accordent sur les questions majeures du jeu apparaît comme essentiel à court terme. Par exemple, des assises du football entre les associations des joueurs, la ligue, la fédération et les clubs devraient être organisées afin de définir un cadre stratégique sur la répartition de la valeur créée. Aussi, une réflexion sur la maîtrise des coûts de la masse salariale et de mutation des joueurs ne saurait être omise. Enfin, une attention particulière devrait être portée sur l’amélioration de l’expérience fan sur et en dehors du stade grâce à une personnalisation des contenus s’ancrant dans une logique plus globale de maîtrise des canaux de distribution.

 

Le monde associatif, la colonne vertébrale du sport français

Le sport constitue un bien public dont la corrélation positive avec la santé est indiscutable. Avec plus de 360 000 associations sportives et 115 000 emplois, les clubs sportifs constituent le cœur du sport en France. Du fait de ce rôle essentiel dans le développement des athlètes de demain et l’éducation de notre jeunesse, les clubs bénéficient d’un financement massif de la part des collectivités territoriales en matière d’équipement et de fonctionnement. Cependant, depuis quelques années, une vraie distorsion est apparue entre la pratique du sport des Français et l’offre des clubs. Ainsi on comptait 10,3 millions de licenciés contre 32,5 millions de pratiquants de sport en France.

Les nouveaux modes de consommation du sport qui font la part belle à la pratique libre et l’arrivée de salles de sport en libre-service ont profondément modifié le rapport des Français avec les clubs traditionnels. C’est pourquoi cette crise, qui prend une forme d’injonction pour les associations sportives, devra marquer un tournant dans leur mode d’exploitation.

Cette période de confinement a montré l’importance du sport dans l’amélioration de la condition physique et psychique de la population, une véritable opportunité pour les associations qui doivent sortir de leur fonctionnement traditionnel et se digitaliser. En effet, la vision traditionnelle, qui fait de l’association un centre de coûts, doit muter vers une vision plus holistique mêlant approche commerciale, mission d’utilité publique et formation. De par leurs expériences, nos associations doivent devenir de véritables centres de ressources territoriaux dématérialisés.

Jean-Paul Tony-Helissey

15/06/2020

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