La loi de Boyle-Mariotte

29/10/2020 - 3 min. de lecture

La loi de Boyle-Mariotte - Cercle K2

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Jean Bacot est Professeur des Universités, Ancien Diplomate culturel & Conseil en Intelligence culturelle et diplomatique.

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Les propos du Général Soubelet (voir la Tribune K2) ne peuvent qu’inciter à poursuivre sa réflexion. 

La loi due aux deux physiciens du Siècle des Lumières indique que la pression et le volume d’un gaz sont inversement proportionnels à température constante. En osant utiliser ce principe à des notions non physiques, peut-on affirmer que les excès et les droits acquis à différents titres individuels sont indéfiniment compatibles avec toutes les formes de croissance ? Il est fortement probable que la réponse soit "non". On voit par-là que la croissance n’engendre pas forcément un résultat proportionnel en termes de droit individuel.

À l’heure où s’ouvre le procès des attentats de janvier 2015, peut-on affirmer que le "produit du blasphème par l’humour" est une constante ? Force est de constater que l’humour a de la difficulté à survivre dans un monde réputé libre.

Lorsque l’on interroge une personne aujourd’hui centenaire sur ce qu’elle a vécu comme changements sociétaux et technologiques, il est aisé de constater que jamais il n’y a eu autant de bouleversements sur terre depuis un siècle. À commencer par la population mondiale qui a plus que triplé depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Quant au Siècle des Lumières trop vite éteint bien que la découverte de l’électricité lui soit postérieure, il a généré celui de l’industrialisation massive avec tout ce que l’on sait. La colonisation a accompagné le développement des États et des empires se sont formés. Depuis, les quelques décennies qui ont suivi celles que l’on a mal nommées les "Trente Glorieuses", la mondialisation a eu pour ambition de faire de la terre un vaste village où tout aurait été facile. Hélas, les hommes ne sont pas raisonnables dès qu’ils sont plus de quatre, comme l’a chanté Georges Brassens. La philosophie donne à chacun les moyens de réfléchir et de se comporter dans la société en respectant autrui. Plus que jamais, elle semble nécessaire pour contrer les effets de la domination de la finance sous toutes ses formes. Nous vivons dans une société où la devise de la République "Liberté, Egalité, Fraternité" est apposée sur tous les frontons des écoles, enfin de celles qui sont d’un certain âge. Mais est-on certain que les trois affirmations vont de pair ?

Les dégâts provoqués par le confinement imposé par l’État sous contrôle policier ont certes une part de mérite du point de vue sanitaire, mais toutes les conséquences à venir sont invisibles, comme le virus.

Notre société devient de plus en plus complexe, ce qui la rend inexorablement de plus en plus fragile. 

Aucune discipline n’échappe à ce constat et bien malin sera celui ou celle qui pourra simplifier l’ensemble des procédures de toutes sortes qui ne sont édictées que pour protéger ceux qui les conçoivent.

La prise de conscience par les jeunes générations des enjeux en cause pour que survive la planète et que tous les progrès  - les vrais, ceux qui sont essentiels -  soient partagés par et pour une population mondiale qui puisse en profiter est réelle et il faut non pas espérer mais œuvrer pour les soutenir tant leur avenir se trouve devant eux alors que les responsables de la situation actuelle ont le leur derrière eux s’ils osent se retourner, mais n’osent pas le regarder "droit dans les yeux".

Les conflits religieux sous-tendent d’autres conflits à venir. Les progrès d’une religion au détriment d’une autre sont-ils le signe d’une prise de conscience politique individuelle plus affirmée et militante ? Il est probable que les effets de la première vague de la Covid et peut-être de la seconde vague auront suffisamment marqué les esprits pour réorganiser une société plurielle où chaque groupe cultivera ses traditions et donc son avenir en tenant compte des autres. À titre d’exemple, comme l’a souligné il y a quelques années un bel esprit récemment disparu, Mgr Hippolyte Simon, qui aimait à répéter : "ce n’est pas en France que seront résolues les questions liées à l’islam, mais là où il est majoritaire. Et ce n’est pas au gouvernement français de créer un islam à la française".

Il est urgent de ne plus développer sans cesse et sans vision ce qui existe, mais de faire ce qui est le fondement de la pensée de Gaston Berger de la prospective. 

Par quel facteur faut-il multiplier le "bon sens" pour qu’il empêche la soumission des populations à des puissances explosives ? 

À trop vouloir ménager le sabre et le goupillon, ne risque-t-on pas la rupture fatale ?

Professeur Jean Bacot

29/10/2020

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