La Patrouille de France

21/11/2022 - 5 min. de lecture

La Patrouille de France - Cercle K2

Le Cercle K2 n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions émises dans les publications (écrites et vidéos) qui restent propres à leur auteur.

Françoise Vignon est Membre de l'Aéroclub de France & Lieutenant Colonel Réserve citoyenne de l’Armée de l’Air et de l’Espace.

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C’est en 1931 que la première démonstration aérienne en patrouille a lieu sur le terrain d'Étampes-Mondésir, effectuée par des moniteurs de l'École de perfectionnement au pilotage sur Morane-Saulnier MS.230. Cette formation est composée de 3 appareils et reçoit un vif succès. Sous le commandement du Capitaine Pierre Fleurquin, la "patrouille d'Étampes" est choisie pour représenter la France lors de meetings internationaux. Les avions volent attachés entre eux avec des cordes.

En 1935, la "patrouille d'Étampes" est convertie sur Morane Saulnier MS.225 et se développe pour passer à cinq appareils. En 1937, elle rejoint Salon-de-Provence, prenant l'appellation de "Patrouille de l'École de l'air". La Seconde guerre mondiale interrompt ces différentes activités.

En 1947, le Ministère de l’Air, André Maroselli, crée une Escadrille de présentation de l'Armée de l'air. Elle est dirigée par le capitaine Roger Perrier, ancien pilote de la Patrouille d'Étampes d’avant-guerre. Douze Stampe SV-4 la constituent. En 1952, le Commandant Pierre Delachenal, pilote de la 3ème Escadre de chasse stationnée sur la base aérienne 112 Reims-Champagne, forme une escadrille de quatre Republic F-84 G. C’est le 17 mai 1953, lors du meeting aérien de Maison-Blanche en Algérie, que le commentateur du show de l'escadrille, le pilote et journaliste Jacques Nœtinger, emballé par le spectacle, la baptise "Patrouille de France". L'État-major de l'Armée de l'air entérine cette appellation le 14 septembre 1953.

Durant les dix années suivantes, quatre escadres de l'Armée de l'air, la 12ème Escadre de la base aérienne 103 "Cambrai-Épinoy", la 4ème Escadre de la base aérienne 136 "Bremgarten", la 2ème Escadre de la base aérienne 102 "Dijon-Longvic" et la 4ème Escadre de la base aérienne 133 "Nancy-Ochey" perpétuent tour à tour les traditions de la "Patrouille de France" et contribuent à son succès international. En 1964, suite aux restrictions budgétaires, la patrouille de Mystère IV est dissoute. Pour ne pas voir disparaître le nom de Patrouille de France, le Ministère des Armées décide de conserver la Patrouille de l'École de l'Air. Les six Fouga Magister de la base de Salon-de-Provence vont devenir le flambeau de la voltige aérienne française pendant seize ans. La dernière représentation des Fouga Magister se tient à Salon-de-Provence le 16 septembre 1980. L'Alphajet les remplacent en 1981 avec 7 appareils et huit à partir de 1982. En 1986, sous les ordres du Commandant Pascal Féraud, elle donne une série de représentations aux États-Unis, dans le cadre du centenaire de la Statue de la Liberté. Elle fut, le 4 juillet de cette année-là, la seule formation étrangère à évoluer dans le ciel new yorkais, devant environ 3 millions de spectateurs.

Le 29 août 2009, la Patrouille de France, emmenée par le Commandant Benjamin Souberbielle, retrouve le continent américain pour commémorer le centenaire de l’aviation canadienne et le 150ème anniversaire du Consulat Général de France à Québec, puis poursuit son périple en Amérique du Sud, notamment au Brésil, où elle donne une représentation à l’occasion d’une visite officielle du Président Sarkozy à Brasilia.

Le 25 novembre 2009,  pour la première fois au monde, une patrouille acrobatique est commandée par une femme, le Commandant Virginie Guyot qui devient leader de la Patrouille de France.

Du 17 mars au 6 mai 2017, la Patrouille de France effectue une tournée nord-américaine pour la commémoration de l'entrée en guerre des États-Unis aux côtés de la France en 1917. Elle survole plusieurs grandes villes tant sur la Côte Est (New-York, Norfolk, etc.) que sur la Côte Ouest (San Francisco, Sacramento, etc.) et participe à différents meetings. La tournée permet également à la patrouille de voler en formation avec les Blue Angels à Pensacola et les Thunderbirds à Nellis.

Trois pilotes intègrent chaque année la Patrouille de France. Les nouveaux entrants sont choisis parmi les pilotes de chasse de l'Armée de l'Air et de l'Espace qui font acte de volontariat. Ils doivent détenir la qualification de Chef de patrouille et totaliser au moins 1500 heures de vol sur avion à réaction pour pouvoir postuler. Sur le principe de la cooptation, ce sont les pilotes en place qui choisissent les trois futurs pilotes de la patrouille.

 

L'indicatif radio de la patrouille est Athos

  • Le leader : Athos 1 reste à son poste sur une période d'un an. Il est le seul à ne pouvoir être remplacé. Chef d'orchestre de la patrouille, il détermine avec son équipe les figures et formations que la patrouille utilisera.
  • Les intérieurs : respectivement Athos 2 et Athos 3. Ils sont en première année à la patrouille et évoluent au plus près du leader lors des vols en formation.
  • Le charognard : Athos 4. Il tire son surnom de sa position : placé derrière le leader, il en avale littéralement les fumées. Il est aussi destiné à hériter de la place de leader l'année suivante.
  • Les solos : Athos 5 (leader solo) et Athos 6 (second solo) effectuent des croisements et des percussions lors de la "synchronisation", seconde partie du programme.
  • Les extérieurs : Athos 7 et Athos 8 font partie des équipiers les plus éloignés du leader. Leurs places respectives au sein de la formation leur demandent beaucoup d'anticipation et de concentration pour bien tenir les formations.
  • Le remplaçant : Athos 9 est le pilote le plus ancien à la Patrouille, puisqu'il a occupé les postes d'intérieur, de second solo et de leader solo les années précédentes. Il doit être capable de remplacer n'importe quel équipier.

 

Les mécaniciens : la Patrouille de France 

Ce sont une trentaine de mécaniciens qui mettent en œuvre, entretiennent et réparent les Alphajet affectés à l'unité. Placés sous les ordres du directeur technique, les mécaniciens sont également choisis par cooptation parmi les mécaniciens déjà présents dans l'unité. Ils sont tous volontaires et travaillent parfois tard la nuit pour assurer la mission du lendemain.

Ils sont répartis en deux équipes :

  • L'équipe dépannage : chargée des dépannages nécessitant une immobilisation de l'avion ou l'utilisation d'outils spécifiques, l'équipe dépannage assure également les opérations d'entretien programmées. Cette équipe reste à Salon-de-Provence durant la saison estivale et assure le soutien en base arrière ou quand la patrouille rentre de meeting.
  • L'équipe "piste" : selon la tradition, le mécanicien de piste choisit son pilote. Il l'accompagne alors durant la saison estivale sur tous les meetings et vole en place arrière pour les vols de transit. En combinaison "bleu pétrole", il assure la mise en œuvre à chaque départ et retour de vol. La confiance entre le mécanicien et son pilote est totale. Les "pistars" passent une à deux années en piste, selon leur spécialité, avant de rejoindre l'équipe dépannage.

Les mécaniciens sont répartis en plusieurs spécialités qui couvrent l'ensemble de l'avion : vecteurs, avionique, armement et servitude. Les fumigènes, particularité de la patrouille, sont mis en œuvre par les spécialistes "armement".

 

L'avion de transport d'accompagnement

Un avion de transport, le plus souvent un CASA CN-235, accompagne la Patrouille de France à chacun de ses déplacements. Son équipage a pour mission d'assurer le soutien logistique, en transportant une dizaine de tonnes de matériel, ainsi que le personnel nécessaire à la mission. Il peut être amené à faire des rotations jusqu'à Salon-de-Provence à partir d'un lieu de meeting si la situation l'exige.

Le CASA et l'équipage qui participent à la mission de la patrouille proviennent des escadrons de transport d'Orléans ou d'Évreux.

Françoise Vignon

21/11/2022

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