Portons plus haut le principe de souveraineté !

20/09/2022 - 3 min. de lecture

Portons plus haut le principe de souveraineté ! - Cercle K2

Le Cercle K2 n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions émises dans les publications (écrites et vidéos) qui restent propres à leur auteur.

Thibault Lanxade est Président Directeur Général du Groupe Jouve.

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En quelques mois, nous sommes passés d’une sortie de crise sanitaire avec une économie fleurissante, un net recul du chômage, des perspectives de croissance, à une économie de guerre. Le contexte économique actuel, aussi subsidiaire que cela puisse paraitre au regard de la situation dramatique de l’Ukraine, nous met face à une nouvelle réalité. Inflation galopante, problèmes d’approvisionnements, pénurie d’énergie… La question du pouvoir d’achat des français est de plus en plus en préoccupante, mais aussi celle de l’avenir de nos entreprises.

Plus que jamais le principe de souveraineté s’impose. Nous devons construire une France et une Europe fortes, et aider les entreprises Françaises, je dis bien toutes les entreprises Françaises à être fortes, solides et à se développer. Nous devons, de manière urgente, repenser et remodeler notre politique économique, industrielle et technologique à l’aune de ce principe de souveraineté. Toutes les parties prenantes, publiques et privées, doivent s’entendre pour atteindre cet objectif.

 

Protégeons nos fleurons nationaux…

La France a des atouts indéniables économiquement et technologiquement. Certes, il n’est pas de bon ton de soutenir nos fleurons industriels, vilipendés pour leurs « superprofits » ou accusés d’avoir des activités non responsables voir même coupables. Mais eux seuls vont être capables de nous accompagner et de nous soutenir pendant cette période. Il sera temps de réaliser à la fin de cet hiver, où nous serons fort probablement moins touchés que nos voisins européens par les pénuries d’énergie, de la chance que nous avons d’avoir ces écosystèmes de production et de recherche puissants. Au moment ou plus que jamais le principe de souveraineté s’impose, aidons nos fleurons économiques mais n’oublions pas nos TPE, nos PME et nos ETI.

 

Facilitons l’accès à la commande publique pour les TPE, PME et ETI !

Nos TPE et PME représentent 99,8% de notre tissu économique, elles portent 45,7% de l’emploi salarié et 40,3% de la valeur ajoutée tricolore… Mais, ne répondent qu’à 57,8% des marchés publics formalisés en volume et à 29,6% des marchés publics formalisés en montant ! Des progrès importants ont été réalisés ces dernières années, mais nous continuons en Europe, à mettre nos TPE et PME en marge de ces commandes, au nom du strict respect de la concurrence. On est très loin du Small Business Act Américain, tant critiqué, qui dans une logique de souveraineté protège ses plus petites entreprises de la concurrence en leur garantissant un accès privilégié à une partie de la commande publique. 

 

Il faut simplifier, fluidifier et favoriser l’accès à la commande publique !

Pour fluidifier l’accès à la commande publique, mettons en place un moratoire sur les procédures pour les TPE-PME. Les acheteurs publics seraient dispensés du recours aux procédures de marchés publics en cas de contractualisation avec une TPE-PME. Ce moratoire devra être appliqué sur une période de deux ans et être évalué en continu. Un seuil de 500 000€ HT par besoin d’achat déterminé, permettra à l’exécutif d’en faire bénéficier le plus grand nombre.

Pour favoriser l’accès à la commande publique, créons une nouvelle catégorie de marchés publics, les marchés de souveraineté. Ils pourraient recouvrir tous types de domaines : industriels (militaire, transport …), santé, alimentaire, numérique (cybersécurité, hébergement de données, médias et communication entre autres), finance et banque. Au-delà des TPE et des PME, ce dispositif doit englober les ETI tricolores qui contribuent elles-aussi grandement au rayonnement de la France et qui restent très éloignées des gros appels d’offre publics.

Mais cela ne pourra se faire sans un véritable choc de simplification. La simplification est complexe et demande de bousculer de manière systémique un fonctionnement et des habitudes profondément ancrés autour de l’inflation législative et normative qui est à la base de cette complexité administrative. Nous devons adopter un profond changement de culture administrative, basée non plus sur des mille-feuilles de normes et une hiérarchie rigide mais sur du bon sens, de l’adaptabilité et de la flexibilité. L’accélération de ces transformations et de cette simplification seront nécessaires si nous voulons que les entreprises jouent pleinement leur rôle. Ce sera la condition sine qua non pour aller plus loin ! Mais les entreprises, ainsi réaffirmées dans la reconnaissance de leur rôle pour la Nation, doivent, elles aussi, évoluer, se transformer, devenir plus durables et plus agiles, mieux partager la valeur créée.

Plus que jamais le sujet de la souveraineté est une réalité. La prise de conscience politique est là, le Président de la République en le plaçant sous la responsabilité du numéro deux du gouvernement, Bruno le Maire, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, envoie un signal fort. Mais il est urgent d’accélérer, de simplifier, de fluidifier pour que ce concept devienne rapidement une réalité. Toutes nos entreprises Françaises doivent devenir plus puissantes, plus innovantes, plus exportatrices et plus créatrices d’emplois. 

Thibault Lanxade

20/09/2022

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