Pourquoi les entreprises ne peuvent plus s’accrocher au business as usual
22/04/2021 - 3 min. de lecture
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Eric Fromant est Conseil en redéploiement stratégique & Expert en économie de fonctionnalité.
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La crise de 2008, qui devait marquer la fin du cycle entamé en 1973, n’a jamais été traitée. Le seul objectif de certains décideurs a été de faire durer ce cycle aussi longtemps que possible. Le résultat de cette politique a été l’élévation du montant de la facture.
Que nous disait la crise de 2008 ? Elle nous disait que la mondialisation avait été fondée sur l’économie de l’obsolescence et la financiarisation qui permettaient de maximiser les profits à court terme[1]. Elle nous disait qu’après-demain finit toujours par être aujourd’hui et qu’il était temps d’acter une situation qui ne pouvait plus attendre :
- Telle qu’elle a été pratiquée, la mondialisation a généré un énorme transfert de richesse de l’Occident aux pays émergents.
- Ce transfert aurait dû entraîner une baisse du niveau de vie en Occident,
- baisse qui n’a pas eu lieu parce que ce niveau de vie a été maintenu artificiellement par la dette.
- Cette dette doit maintenant être traitée, c’est-à-dire que le niveau de vie des Occidentaux doit être replacé où il devrait être.
- Nous n’avons pas d’autre choix que d’assumer les erreurs commises…
- … puis de pratiquer une politique de croissance en accord avec le cahier des charges du nouveau cycle de 30 ans commencé, avec un point de basculement au second semestre 2019.
L’inflation que nous voyons poindre à l’horizon par la hausse très forte des matières premières ne pourra pas être transférée aux consommateurs parce que ceux-ci n’en ont pas les moyens. C’est une crise des gilets jaunes puissance 10 qui surviendrait alors !
Le trilemme de Rodrik(1) ayant été acté par de nombreux dirigeants qui n’ont pas du tout été élus sur ce programme, l’État-Nation revient en force, répondant à l’appel des peuples d’une protection perçue comme le premier devoir régalien et comme la contrepartie de la mauvaise gestion de la mondialisation. Pour assumer ses fonctions retrouvées, lesté de charges sociales très lourdes, l’État devra élever la pression fiscale sur les entreprises qui ont bénéficié de tarifs privilégiés pendant longtemps par rapport aux contribuables consommateurs. Il est significatif que Boris Johnson ait accru sensiblement cette pression fiscale sur les entreprises alors qu’il est proche des milieux d’affaires. Il est en avance quant à l’adaptation aux exigences du nouveau cycle par rapport à l’UE. Il l’est depuis sa dernière campagne électorale lui ayant assuré la majorité qui lui a permis de négocier la sortie définitive de l’UE, campagne pendant laquelle il a promis aux classes moyennes de recréer des emplois, donc de réindustrialiser, lui qui avait pris le pouvoir avec le soutien de la City.
Beaucoup d’entreprises ne survivraient pas à la hausse des taux à cause de leur niveau d’endettement (rachats d’actions et manque d’investissements tant l’économie de l’obsolescence fondée sur une main d’œuvre à bas prix, un dumping social, fiscal et environnemental, permettait la maximisation des profits à court terme par un surcroît de revenu aux actionnaires sans contrepartie dans l’économie réelle de l’entreprise). Bloomberg a calculé qu’un point de hausse des taux engendrerait une perte de 3.000 milliards de dollars pour les entreprises américaines alors qu’elles sont déjà fortement endettées.
Face à l’inflation qui va les mettre en difficulté, la hausse de la pression fiscale et la dévaluation des monnaies par "monétisation de la dette", c’est-à-dire déversement de torrents de liquidités pour contenir les taux dans les valeurs basses, les entreprises vont devoir toutes vivre la Renaulution, révolution interne au Groupe Renault qui tourne la page Carlos Ghosn (expression des deux directions de Renault et Nissan), soit l’abandon de la recherche des volumes rendant dépendant des matières premières et passage aux modèles modernes produisant beaucoup de valeur ajoutée pour une faible consommation de ressources matérielles.
L’Occident est riche d’intelligence et peut passer le cap de la remise des pendules à l’heure s’il revient au bon sens qui veut que l’économie réelle soit basé sur l’innovation, l’investissement, un parfait équilibre entre court, moyen et long termes.
L’économie circulaire n’est pas une option de politique partisane ; elle est un impératif universel d’adaptation au nouveau cycle de 30 ans dans lequel nous sommes entrés. Avec la gestion des données, l’économie collaborative, la robotisation, la fabrication additive (3 et 4D), les outils du redressement sont déjà présents, disponibles et maîtrisés. La volonté de ce grand projet sera-t-elle au rendez-vous ?
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[1] Tribune K2 "Pourquoi la mondialisation a échoué".
22/04/2021