Les Banques Alimentaires en première ligne pour lutter contre la précarité alimentaire depuis le début de la crise sanitaire

14/09/2020 - 4 min. de lecture

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Claude Pierre Baland est élu le 24 juin 2020 Président bénévole du réseau des Banques Alimentaires. Il revient sur l’engagement des Banques Alimentaires lors du confinement et sur leur mobilisation pour faire face à l’augmentation de la demande, dans un contexte de crise sanitaire sans précédent.

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Créées en 1984, les Banques Alimentaires luttent depuis 35 ans contre la précarité et le gaspillage alimentaire.

Premier réseau national d’aide alimentaire avec 108 implantations, les Banques Alimentaires collectent chaque année sur tout le territoire près de 115 000 tonnes de denrées alimentaires auprès de la grande distribution, de l’industrie agroalimentaire, des agriculteurs et du grand public, avec également l’aide de l’Union européenne et de l’État, pour les distribuer à un réseau de 5400 associations et CCAS partenaires (Centre Communaux d’Action Sociale) et grâce à̀ l’engagement quotidien de près de 7000 bénévoles et 527 salariés répartis sur tout le territoire. Près de 2 millions de personnes par an sont ainsi soutenues par les Banques Alimentaires.

 

En première ligne pendant le confinement

Depuis le 17 mars 2020, le réseau des Banques Alimentaires, sur nos territoires métropolitains et ultramarins, s’est mobilisé et a vu son fonctionnement profondément modifié avec la mise en place de plans de continuité d’activité pour continuer à assurer la distribution de l’aide alimentaire. Pour les plus fragiles, l’épreuve est d’autant plus grande : isolement, précarité, manque de repères. L’étude CSA, réalisée en 2018 pour le compte des Banques Alimentaires, est sans appel :  35 % des personnes ont recours à l’aide alimentaire suite à la perte d’un emploi.

Chacune des 79 Banques Alimentaires s’est adaptée au contexte local depuis le début de la crise : effectifs bénévoles et salariés, fonctionnement de l’approvisionnement en denrées, mode de distribution des produits, soutien aux associations partenaires et accueil des nouveaux partenaires associatifs. Elles se sont adaptées pour assurer un respect des gestes barrières : distanciation physique, planning réorganisé, équipes tournantes. Grâce à la solidarité d’entreprises mécènes, les Gilets Orange ont pu être équipés correctement pour protéger et se protéger.

Pendant le confinement, les Banques Alimentaires ont également multiplié les appels à bénévolat : plus de 60 % de notre effectif est âgé de plus de 70 ans. Près de 1500 bénévoles ponctuels et volontaires sont venus renforcer nos rangs, grâce à la plateforme jeveuxaider.gouv.fr, la réserve civique ou encore avec des candidatures spontanées.

Le réseau des Banques Alimentaires a donc ainsi pu aider les personnes en difficulté, y compris des personnes qui n’avaient pas recours à l’aide alimentaire jusque-là : des étudiants, des familles dont les enfants n’avaient plus accès à la cantine, des personnes dont l’activité économique s’est arrêtée soudainement, etc. La demande a augmenté de 20 % pendant le confinement et cette trajectoire se confirme.

 

Faire face à la crise sociale

En effet, le réseau des Banques Alimentaires anticipe une hausse de la demande d’aide alimentaire dès aujourd’hui et dans les mois à venir : les prévisions actuelles indiquent que près de 8 millions de personnes vont avoir recours à l’aide alimentaire contre 5,5 millions actuellement. Il faut rappeler qu’en 2008, les conséquences de la crise économique ont entraîné une augmentation de la demande d’aide alimentaire : en 2008, il y avait 2,8 millions de bénéficiaires, 3,5 millions en 2010, pour atteindre 5,5 millions en 2019.

Les Banques Alimentaires et leurs associations et CCAS partenaires se mobilisent pour faire face à cette crise sociale.

Sur le plan des ressources humaines, il est indispensable de pérenniser les relations avec les nouveaux bénévoles venus pendant le confinement car nos bénévoles les plus fragilisés doivent continuer à se protéger. De nombreuses compétences sont recherchées, particulièrement autour de la prospection, de la logistique et des fonctions administratives. Les Banques Alimentaires doivent pouvoir s’appuyer aussi sur le dispositif des contrats aidés. Suite à la réforme du dispositif en 2017, le nombre de personnes en contrat aidé a diminué de 28 % dans le réseau. Or, ces ressources salariées sont précieuses car elles permettent d’assurer une permanence dans les associations mais aussi de former ces personnes pour favoriser leur réinsertion sociale.

La période de confinement a également eu un impact sur les stocks des produits disponibles dans les Banques Alimentaires. Après les dons de produits frais de la restauration au début de la crise, la situation inédite a conduit les Banques Alimentaires à puiser dans leurs stocks de produits secs. Ce sont des denrées stables et plus aisées à conditionner en colis et sacs préparés pour les associations et CCAS partenaires. La plupart des Banques Alimentaires n’ont pas pu organiser leur collecte de printemps, essentielle pour ajuster leurs stocks jusqu’à la Collecte Nationale fin novembre. Certaines entreprises ont fait preuve d’une grande solidarité en allant plus loin : mobilisation de leur usine pour une journée de production au profit des Banques Alimentaires, dons exceptionnels de produits demandés par le réseau (pâtes, conserves, jus, yaourts, fromages, fruits frais, etc.). Les Banques Alimentaires ont également pu reconstituer une partie des stocks de produits secs grâce au soutien de l’État et des collectivités.

Prochain rendez-vous crucial : la Collecte Nationale des Banques Alimentaires dans les supermarchés les 27,28 et 29 novembre prochain où nos associations font appel à la générosité de nos concitoyens et qui devra permettre de reconstituer nos stocks de produits secs.

 

Soutenir le réseau des Banques Alimentaires

Notre réseau se doit d’être prêt pour les mois à venir. Pour cela, les Banques Alimentaires ont besoin de soutien. L’État a débloqué des crédits pour financer l’achat de produits alimentaires et de matériels de protection, les entreprises ont financé des projets ou mis à disposition des salariés (mécénat de compétences, etc.), les particuliers ont fait des dons financiers, les acteurs de la chaîne alimentaire ont continué à faire des dons en nature pour lutter contre le gaspillage. Dans les prochains mois, les Banques Alimentaires continueront d’avoir besoin du soutien de l’état, des collectivités, des entreprises et des particuliers pour accompagner les personnes les plus précaires.

Le détail du plan de relance n’est pas connu aujourd’hui et les montants des crédits issus du plan de relance européen dont pourra bénéficier la France ne sont pas encore connus non plus. Le soutien aux associations de solidarité et aux personnes en situation de précarité devra être important pour permettre de répondre à l’augmentation des besoins.

Je remercie tous les collègues et amis du Cercle K2 de contribuer également à cette nécessaire mobilisation solidaire.

Claude Pierre Baland

14/09/2020

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