Restaurer la confiance
16/04/2020 - 2 min. de lecture
Le Cercle K2 n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions émises dans les publications (écrites et vidéos) qui restent propres à leur auteur.
Le général Yves de Kermabon est général de corps d'armée (2S) et Directeur des Relations Internationales de MARS Analogies. Le général (2S) Marc Delaunay est Président de MARS Analogies et cofondateur d’AME-France (association des militaires entrepreneurs).
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Dans un parcours militaire balisé de tant de moments forts : rencontres, crises, opérations, entraînement, coopération internationale, formation, aguerrissement, le secret de la réussite réside dans la confiance : confiance reçue, confiance donnée, confiance partagée, à tous les niveaux, à tous les moments d’apprentissage, d’organisation, de drill, de préparation de mission et dans toutes les circonstances exceptionnelles où la vie et la mort se côtoient.
Carburant de l’engagement, de la cohésion et, à l’occasion, du « succès des armes de la France », la confiance ne se décrète pas ; elle se mérite avec patience et résolution, se construit et même s’entretient. On pourrait presque juger la valeur opérationnelle d’une unité - et de toute organisation – à son niveau de confiance, confiance en elle même, confiance vis à vis des chefs et des subordonnés. Avant, pendant et après la crise, elle est un moment de vérité pour la gouvernance, l’emploi des ressources et les forces morales.
C’est cette culture de la confiance que les entreprises recherchent dans l’expérience opérationnelle militaire, chez les soldats de tous grades et de toutes provenances, candidats à la reconversion. C’est elle qui nourrit beaucoup de nos principes et de nos recettes de leadership et de commandement. En effet, il est devenu difficile, sans cette boussole, d’y voir clair dans le magma de l’interdépendance des acteurs et de la complexité des contextes et des données.
Dans la crise du COVID-19 qui sévit depuis plusieurs semaines sans horizon visible, il n’y a pas eu que la vérité comme victime ; son bras armé, la confiance, a beaucoup souffert, des étages élevés de la mondialisation aux contingences triviales du quotidien des populations.
La confiance absente ou déçue a manqué la plupart de ses rendez-vous à ce moment historique de rupture. Absente des scénarios, oubliée des esprits mal préparés, elle est pourtant inhérente à la maîtrise des catastrophes et la conduite de l’urgence. Paradoxalement, elle renait à la base, chez des citoyens oubliés, des métiers méconnus et au sein de communautés d’initiatives qui ont émergé par surprise. Beaucoup d'initiatives en effet offrent des remèdes à l’impréparation, à l’incohérence de la communication, à la torpeur de la prise de décision, à la pesanteur des effets à un stade où la concurrence entre nations redevient un enjeu de survie.
Dans le « vaste programme », de la relance à la refondation, qui nous attend à brève échéance, l’individu autant que le collectif aura sa part du regain de confiance « quoiqu’il en coûte ». Comme levier de l’action et « état final recherché » des esprits et des cœurs, restaurer la confiance n’est plus une obligation mais un devoir. La confiance seule permettra de tirer les leçons d’une crise pandémique, confinée dans les livres, qui a surpris les pays occidentaux jusqu’ici préservés et met notre écosystème commun fragile en péril.
Les plans de relance financiers les plus astronomiques ne vaudront rien s’ils oublient cette vertu tutélaire ineffable qui permet aux hommes de guérir et de s’unir pour croire en l’avenir.
Général de corps d'armée (2S) et Directeur des Relations Internationales de MARS Analogies
Général (2S) et Président de MARS Analogies
16/04/2020